Vous n'êtes pas identifié(e).
Pitch : En 1521, Jean-Chilles de Garoffa tente de retrouver un vieil expert en arts-martiaux, Maître Wang Gump pour apprendre le kung-fu et se venger des habitants de son village qui ne supporte pas sa beauté et le fait qu’il s’en vante toute la journée. Là, le maître acceptera de l’entraîner s’il parvient à toucher sa fille, Rackel, jeune femme aux formes parfaites, ayant la possibilité de pouvoir se téléporter n’importe où.
De nos jours, Angie et Rikkrer deux policiers de Choles-Naze-la-Vallée, sont chargés de retrouver le chat de Madame Pichon et Antoine Libert, dit Antonio, un aliéné échappé de l’asile qui se prend pour un parrain de la mafia italienne.
Alternant passé et présent, Only Two nous entraîne dans un récit où se côtoie le pathétique et l’épique, la bêtise et la réflexion, des questions insolubles et des réponses faussement simplistes.
Critique : Pour mon dernier coup de cœur de l’année, je finis en fanfare avec le big love ^^ : Only Two est une œuvre atypique, une expérience unique aux confins des productions habituelles, où la bêtise humaine a une place prépondérante. Et si l’histoire nous fait passer par des pics d’angoisse, des phases de suspense, des instants d’amour et des moments gore, elle n’en reste pas moins encore une farce délirante où le pire côtoie souvent le pire.
Nous suivons donc deux binômes entre passé et présent, Rackel et Jean-Chilles d’un côté, Rikkrer et Angie de l’autre, Rackel faisant le lien entre les deux époques, puisqu’on la retrouve à la fois en 1521 aux côtés de Jean-Chilles et de nos jours, enquêtant aux côtés de Rikkrer et Angie.
Chaque binôme est entouré de personnages totalement loufoques : le Commissaire Djust (usant d’expressions qu’ils massacrent toujours en partie), Antoine Libert, un psychotique se prenant pour le parrain, Mistadelader, chef d’une armée de pantins à sa botte, qui derrière ses bouffonneries permanentes semblent dissimuler de lourds secrets. Mais il y a aussi des psychopathes patauds et patentés, comme Dinkelmann, Jonathan et N’Golo.
Cette bêtise permanente des différents protagonistes, les rend particulièrement attachants. Ainsi comment ne pas partager l’indignation d’Angie, flic jusqu’au bout des ongles obligée de deviser avec des imbéciles qui se fichent de leur métier, de s’attacher à Rikkrer, pistonné s’il en est par son grand père, pensant que la vie est à son service, Joséphine, la secrétaire amoureuse, ressemblant furieusement à Ugly Betty en plus moche (c’est dire ^^).
Only Two, c’est surtout du mystère, une narration très maîtrisé qui nous dévoile peu à peu des enjeux plus importants dissimulés derrière un enrobage qui semble privilégier la légèreté, légèreté qui fuit au fil des pages et qui impose des thèmes plus graves, des personnalités plus troubles et des enjeux plus dramatiques. S’il y avait deux mots pour résumer OT, maîtrise et originalité : maîtrise de la narration, maîtrise du trait, maîtrise des couleurs (regarder la pulpe pulser d’une orange fraîchement découpée, les couleurs tantôt chaudes du passé, tantôt froides du présent), maîtrise du scénario, originalité des enjeux, des personnages, des intentions… On ne serait user de trop de superlatifs pour qualifier la qualité du projet qui gagne au fil des pages en qualité graphique comme si, le scénario s’affirmant, le trait en fait de même.
Pour éviter de sombrer dans le dithyrambique, je laisse la parole à Jérôme Morel, mais sachez que si vous décidez quand même de passer à côté d’Only Two, vous passez également à côté d’un des meilleurs projets de webcomics que la toile ait su nous proposer jusqu’à présent. À lire de toute urgence donc.
Interview de Jérôme Morel, scénariste dessinateur et coloriste d’Only Two :
Scebha : Bonjour Jérôme. Tu as déjà l'air d'avoir une sacrée expérience derrière toi. Peux-tu nous raconter un peu ton parcours et comment tu en es arrivé à Only Two ?
Jérôme Morel : J'ai 30 ans, mais je vais essayer de faire court ! J'ai fait mes études aux Beaux Arts de Tournai (après avoir obtenu un bac électronique, donc rien à voir), section BD. Diplôme (obsolète) en main, et sorti de l'école, j'ai pu intégrer le service communication de la mairie de ma ville durant 2 ans après mes études. Je pouvais avoir un CDI mais j'ai refusé (bêtement de l’avis de certains) car je ne voulais pas me lever à 40 ans et me dire que je n'avais pas tenté quoi que ce soit pour réussir dans la BD ou les jeux vidéo. J'étais déjà directeur artistique d'une association bénévole de JV (Mitalwar) quand un programmeur du jeu m’a fait connaître une boîte dans le même domaine dans laquelle il bossait. J'ai postulé et j'ai été pris comme graphiste. Ca n'a duré que 6 mois hélas car l’entreprise était petite et avait du mal à subsister. Retour case départ, autrement dit : chômage ! Youpi, je pouvais reprendre mes projets BD. Heureusement, dans la boîte de JV, j'avais bossé sur des personnages et des décors qui étaient dans le domaine de la danse classique et quand j'ai envoyé un premier dossier BD Only Two à Casterman, ils m'ont contacté, non pas pour OT, mais pour me proposer de bosser sur une BD à licence sur la danse classique. J'ai sauté sur l'occasion, et j'en suis actuellement au tome 3. C'est beaucoup de contraintes et ce projet ne me représente pas vraiment, mais au moins, je vis de ma passion et je peux continuer Only Two à côté dès que je peux. Entre deux tomes, j'ai pu aussi intégrer le service presse d'Ankama (boîte de JV), ce qui a été une super expérience ! Bref, je ne regrette pas d’avoir quitté la mairie, et j'espère ne jamais devoir y retourner.
Pour Only Two, c'est une toute autre histoire. Je fais des films amateurs depuis mes 15 ans. J'ai écrit une histoire il y a 6 ans qui avait pour titre Only Two. Je me suis inspiré des gens qui m'entouraient mais surtout de mon vécu. Comme l'équipe a beaucoup aimé ce film malgré ses nombreux défauts techniques et scénaristiques à l'époque, on en a fait une suite. Un an après, ça a commencé à me manquer et j'ai eu envie de développer certaines facettes des personnages. J'ai donc poursuivi avec un troisième volet où je racontais le passé des personnages. Je jonglais déjà entre présent et passé dans ce film, que j’ai appelé Only Two 0 ! Et puis, comme j'avais envie de retrouver mes personnages et de développer leur psychologie, j'ai voulu faire un 3, (enfin un 4ème opus si tout le monde suit). J'ai souhaité faire un 5 mais je me sentais de plus en plus limité côté budget. J'étais bloqué sur certaines choses, et puis mon équipe commençait doucement à avoir sa petite vie perso, donc moins de disponibilité. Bref, frustré, je me suis dit que faisant de la BD, je pouvais essayer de refaire tout ça sous cette forme. J'ai alors commencé deux versions que j'ai vite abandonnées car les projets étaient refusés par les éditeurs et puis avec le recul, j’ai trouvé que le scénario des films était parfois trop cliché. Bref, j'ai tout retravaillé et suis parti sur la méthode narration d'Only Two 0 qui jonglait entre passé et présent car c'était là notre meilleur film. Et puis comme j'ai adoré la série « Lost » (que j'ai connue après), cette méthode s'est imposée. Mais découragé par les nombreux refus des éditeurs, je me suis dit que je ferais avant tout cette BD pour moi, et non pour les autres, que je la ferais avec mes tripes. Et j'ai envie de dire, qui m'aime me suive, et tant pis si je n'en vis pas. J'ai envie de faire ce qui me plaît, et pas qu'on me dise ce que j'ai à faire (comme dirait John dans Lost : « Ne me dites pas ce que je ne peux pas faire ! »).
S. : D'où t'est venue l'idée d'Only Two ? Les différents personnages ? Quel a été ton processus créatif ? Pourquoi un tel univers où se côtoient conneries pathétiques et enjeux épiques ?
J.M. : Je crois que c'est lors d'un voyage à Carcassonne où j'ai acheté un chapeau blanc qui me faisait penser au look parrain de mafia, que m’est venue l’idée. Je me suis fait mon petit film en imaginant un "Antonio". Je crois que c'est parti de là. Par la suite, quand Only Two est devenu une BD, j'ai voulu me séparer de l'univers bidon des films pour écrire quelque chose de plus personnel, qui me ressemble plus et soit plus construit. Les différents personnages de la BD sont presque tous, plus ou moins, une partie de moi. Et pour ceux qui n'en sont pas, c'est un très bon terrain pour étudier la psychologie de ces personnages et de tenter de comprendre pourquoi un individu agit comme il le fait. On a tous en soit différentes émotions, envies, et puis parfois, la vie nous confronte à des choses horribles que beaucoup de gens souhaitent ignorer. Mais Only Two traitera avant tout et surtout de l'amour. L'histoire s'efforcera de mettre en scène différentes relations amoureuses avec ses moments de gloire ou ses moments tragiques. J'ai eu un parcours assez chaotique dans ma jeunesse, pas mal d'incompréhensions. Travailler là-dessus m'aide à y voir plus clair, à comprendre les gens et leurs choix. Tout a une explication. Je cherche à connaître la mienne, et comme font souvent les psys, ils orientent souvent leur analyse vers les parents, qui jouent un rôle essentiel dans la construction d'un enfant.
J'ai souhaité un univers jonglant entre conneries pathétiques et enjeux épiques pour caser tous les éléments d'une vie, la mienne en particulier. Je viens de l'époque du Club Dorothée donc j'ai été beaucoup influencé par les univers manga à la base, et travailler dessus est un réel plaisir. Je fais néanmoins attention à ne pas trop me laisser influencer afin de créer un univers qui m'est propre et prendre certains aspects de ma vie qui parfois ont été pathétiques, et cela m'aide beaucoup. Je prends du recul et j'en ris. J'ai toujours souhaité transformer les larmes en rires en m'enfermant dans ma petite bulle quand quelque chose me touche trop. J'ai souhaité faire de mes défauts une force en riant de moi avant que les autres ne le fassent. C'est pathétique, non ? "Hahaha riez !!"
S. : Vu le nombre de bonus qui côtoient l'univers d'Only Two, aurais-tu quelques anecdotes sur le projet, notamment au niveau des tournages des petits films ?
J.M. : Oh y'en a plein, surtout si on prend en compte les films. Si on reste sur la BD, je travaille seul donc pas trop d'anecdotes. Jean-Chilles alias Rémi dans la "real life" et Angie alias Emilie, suivent régulièrement mon travail au quotidien. Il y en a aussi d'autres mais à distance. Je prends plaisir à retrouver l'ambiance d'avant, en refaisant des petits bonus filmés pour la BD OT. Ça m'aide à garder un côté authentique pour la BD. C'est très important pour moi que le lecteur croit à ce qu'il lit car ce que je tente d'écrire n'est pas seulement une fiction mais une étude sur le comportement des gens que j'essaie de rendre le plus crédible possible. La connerie est partout ! De la meilleure à la plus mauvaise... Quand on regarde le monde, on en prend pleinement conscience.
S. : Est-ce que tu t'inspires de différentes œuvres pour Only Two ? Est-ce que Rackel est inspirée d'une personne réelle ? Pourquoi l'avoir faite aussi bien proportionnée et désirable ?
J.M. : J'évite de m'inspirer d'œuvres pour tenter de faire quelque chose qui m'est propre mais tout a déjà plus ou moins été fait et bon nombre de gens pourront y retrouver leurs propres inspirations. Je crois qu'inconsciemment, j'ai dû opter pour la force de Super Sayan (Dragon Ball Z) que j'ai placé dans Mégatonne, l'épée de Wang, le déplacement instantané pour Rackel (Dragon Ball Z), et puis d'autres pouvoirs mais je ne peux pas en dire plus, la BD n'est pas encore assez avancée sur Amilova.
Rackel n'existe pas ! Enfin peut-être physiquement mais je ne la connais pas en vrai. C'est dans un premier temps, je pense, un des fantasmes de la plupart des français de mon âge qui ont une culture asiatique lol. Je voulais mettre en scène un personnage de fantasme et m'en amuser. On parlera par la suite de son importante poitrine dans l'histoire. Je ne peux hélas pas en dire plus au risque de spoiler, mais je voulais mettre en place un idéal féminin presque inaccessible pour la plupart des hommes (sa faculté de "bondir" est aussi développée dans cette approche). C'est sûrement à cause de cette fascination pour l'inaccessible, le fantasme, ses proportions follement désirables qu'elle doit intriguer. Et puis l'amour qui est souvent à sens unique doit renforcer cette idée. Ça ne me plaît pas trop également de me justifier en expliquant aux gens que ce n'est pas parce que j'aime les grosses poitrines que j'ai dessiné Rackel ainsi, car c'est faux. Je n'aime pas spécialement ça mais je dois souvent en arriver à ces explications pour que les gens essaient de me croire. Ce qui n'est pas toujours évident, car forcément, on ne me croit pas ! Bon il y a tout ça, et puis aussi, parce que j'aime la provoc' également et surprendre les gens ! Et plus tu fais des trucs hallucinants ou qui ont rapport avec le sexe, plus ça réagit. Une preuve toute bête, le plus grand nombre de réactions sur la BD, c'est sur des planches de sexe ou sur la poitrine de Rackel...
S. : Le mystère Mistadelader semble l'enjeu de la première partie de ton œuvre ? Beaucoup de supputations planent autour de sa véritable identité ? Aura-t-on des réponses ?
J.M. : Ahaha ! Riez ! Oui c'est la première partie en effet ! Vous aurez TOUTES les réponses. Mais avant que son identité ne soit révélée dans l'histoire, il faut expliquer certaines choses avant. Je m'efforcerai toujours de garder la trame scénaristique inspirée de la série "Lost", de toujours faire en sorte de se poser encore plus de questions malgré les réponses. C'est une série qui m'a beaucoup captivé ! Vous saurez qui est Mistadelader dans la saison 1. Pour le comprendre encore plus, il y aura les 2 autres saisons à venir. Mais, sans vouloir en dire trop, Mistadelader est loin d'être le personnage le plus intriguant de l'histoire !...
S. : Tu as longuement hésité avant de te lancer sur Amilova mais tu es très vite monté dans le top fans dès ton arrivée. Qu'est-ce qui t'a finalement poussé à t'inscrire ? Es-tu heureux de la diffusion d'Only Two sur le site et des retours nombreux que tu reçois ? Cela te motive-t-il ?
J.M. : J'ai rencontré les fondateurs d'Amilova à la Japan expo 2011. J'ai entendu parler du concours mais je n'aime pas trop les concours, la compétition... Tout le monde a un avis différent, et je sais qu'Only Two n'est pas du tout commercial donc n'intéressera qu'un petit public assez ciblé. Donc aucune chance de gagner. Je ne voyais pas trop l'intérêt du coup car j'aime avant tout faire un concours dans l'espoir de le gagner. C'est le but premier d'un concours, bien que l'important soit de participer je le conçois, mais je trouve ça secondaire. Et puis Amilova m'a écrit après avoir lu mon dossier Only Two que je leur avais remis à la Japan et aurait souhaité que je participe. Je n'étais pas trop chaud mais au final, la curiosité l'a emporté. Et puis je me suis dit que ça me ferait un public supplémentaire. Je suis très satisfait des retours sur le site Amilova. Only Two est sur d'autres plate-formes mais je n'ai pas eu autant de commentaires ! Je prends un grand plaisir à parler autour de ce projet. J'ai même créé les facebooks de certains personnages de la BD pour pousser la communication et le délire encore plus loin ! Ça me motive toujours plus pour avancer, mais je ne m'arrêterai pas pour autant de bosser dessus si je n'avais personne pour me motiver. Mon moteur, c'est la détermination. Je le fais avant tout pour moi. Le fait de savoir que je ne suis pas seul à apprécier ce projet, me donne l'illusion que je ne fais pas tout ça pour rien. C'est à la fois plaisant et faussement rassurant.
S. : Au niveau graphique et scénaristique, quelles sont tes influences ?
J.M. : Point de vue scénario, vous l'aurez compris, je m'inspire beaucoup de la méthode de narration de Lost, bien que je ne connaissais pas la série avant d'écrire ce projet. Côté graphique c'est un peu compliqué, car au départ, je souhaitais faire ça pour moi donc avec le peu de temps que j'ai et comme je voulais faire croire à une histoire légère dès le début afin de tromper le lecteur, je me suis dit que j'allais m'amuser à dessiner à l'arrache et faire évoluer le dessin par la suite en même temps que le scénario. Du coup, quand on arrivera au chapitre 10, on se sera éloigné de la maladresse du trait et d'une histoire qu'on pourrait penser trop loufoque. Mais quel plaisir de se laisser aller parfois sans se soucier des proportions ou de ne pas essayer de faire le "beau" que notre société tient tant à voir partout ! Sinon, je lis autant de mangas que de comics, que de BD européennes, donc je m'inspire un peu partout. Mais mes premières amours étant japonaises, mon trait s'axe avant tout là-dessus.
S. : Comment travailles-tu chacun de tes chapitres ? Ton processus de création ? As-tu déjà une idée de la fin d'Only Two ? De sa globalité ?
J.M. : Je travaille chapitre par chapitre. J'ai écrit le fil conducteur de ma saison 1, mais je rajoute toujours des trucs entre temps car je souhaite développer certaines choses. Par exemple, je ressens parfois à un moment de l'histoire de comprendre et d'expliquer au lecteur pourquoi un personnage a agi ainsi. Une fois écrit le chapitre en entier, je commence les planches.
Je connais déjà la case de fin de la fin d'Only Two et qui sera le personnage qui conclura cette histoire et le dialogue à lui donner. Je sais où je vais (contrairement à Lost pour le coup !) et je sais, à quelques éléments près, à quoi ma BD va ressembler. Je pense perdre des lecteurs entre temps, mais bon, c'est un projet atypique, donc j'assume. Je pense que j'en perdrai car les personnes qui ne s'attendent qu'à du comique tout au long de l’histoire seront déçus. Même si ça restera toujours sur un ton humoristique grâce à tous les cons de l'histoire, l'histoire va s’assombrir au fur et à mesure. On ira même dans du très glauque. Tout ça crescendo, afin de prévenir le lecteur petit à petit. C'est aussi un espoir de ne pas perdre ce public de suite et d'essayer de l'habituer à rester dans cet univers. Mais j'aime jongler entre tout ça ! Même dans le glauque, on rira ! La série Kaamelott, que j'adore, serait une bonne comparaison dans le sens où pendant les trois premières saisons on rit, et ensuite le ton devient plus dramatique. C'est à peu de chose près la route que je vais prendre. En fait, si on regarde le fond de mon histoire, elle est plutôt sérieuse. Ce sont les cons de cet univers qui la rendent drôle. Mais tous les personnages, comme Rackel par exemple, ne sont pas cons. Donc ne vous attendez pas à du comique si elle n'est pas entourée de ce genre de personnes.
Il y a encore certaines parties dont j'ignore encore un peu l'issue, mais je sais à peu près l'essentiel et où je vais mener mes personnages. Je ne peux vous dire qu'une chose, vous serez grandement surpris par la suite et la finalité du projet ! Dans le bon sens je l'espère ! En tout cas, je m'efforce de vous faire découvrir des choses qu'on ne voit pas partout. Et c'est aussi pour ça que ce projet n'est pas commercial et pas vendeur. J'en ai marre de voir toujours les mêmes choses à la télé, dans les BDs, etc... Les lecteurs qui aimeront Only Two dans sa globalité, voire sa totalité, feront partie de cette catégorie de gens qui aiment sortir de l'ordinaire, tout comme moi.
S. : Pourquoi avoir fait poser Rackel nue en couverture ?
J.M. : Pour vendre, mortecouille ! Nous sommes dans une société de consommation où seul le sexe fait vendre. Alors j'en joue. Ça m'énerve aussi toutes ces couvertures dans le commerce qui sont mensongères. On ouvre la BD et, merde, le dessin c'est pas pareil que la couverture ! Et on referme la plupart du temps. Bref, c'est pour piéger le lecteur ! Mais au final, il n'est pas si piégé que ça, car il y aura du sexe dans la BD en fin de compte, ce qui n'était pas prévu à la base ! Mais parler d'amour sans parler de sexe me paraissait trop platonique et aurait perdu en crédibilité. Toutes les couvertures des tomes d'OT iront dans ce sens ! Je pense à un duo Rackel/Angie pour un tome 2 mais rien n'est écrit encore ! Mais je penserai aussi aux hommes qui aiment les hommes ! Il y en aura pour tous les goûts. Je ne peux hélas pas en dire plus pour le moment !
S. : Combien de pages / volumes sont prévu(e)s pour Only Two car si j'ai bien compris, l'introduction comprendra déjà 12 chapitres ?
J.M. : Négatif ! Le "prologue" durera moins de 20 chapitres. Il devait en faire 12 en fait mais j'ai voulu intégrer le passé de Rackel avant qu'il se passe quelque chose dans l'histoire qui va radicalement la faire basculer et conclure "l'intro". Je veux tenter de faire comprendre aux lecteurs pourquoi Rackel deviendra ce qu'elle est dans le présent (enfin on ne découvrira qu'une première partie dans la saison 1 et une seconde dans la 2ème), bien que dans les premiers chapitres, on ne connaisse pas vraiment sa vie privée. Du coup, comme j'écris chapitre par chapitre, je ne sais pas très bien combien il y en aura avant la fin de l'introduction, mais je pense à 16 ou 18 ! Du coup, je pense qu'on pourrait faire deux tomes de 8 chapitres ! Ca me paraît « short » de caser 400 pages couleurs en un seul tome, bien que ce serait l'idéal ! Mais pour ça, il faudrait qu'OT sorte au format papier. Sinon je vois bien aussi des petits formats de 24 pages, comme des comics, chapitre par chapitre. C'est pensé pour être adapté de ces deux façons. Lorsque vous verrez le découpage devenir soudainement beaucoup plus dynamique, vous pourrez enfin vous dire, "ça y est, ça commence pour de bon !".
S. : Quel est l'origine du titre ? Je ne vois pas encore le rapport avec l'histoire à moins que tu veuilles appuyer sur les binômes Rackel/Jean-Chilles, Angie/Rikkrer ?
J.M. : Je le ferai bien comprendre vers la fin du second tome. L'important dans la vie, c'est d'être avec quelqu'un qui partage notre vie. C'est le principal pour moi. Parfois, on vit sans se rendre compte qu'on est heureux et un jour tout change, et au final on s'aperçoit de la vie qu'on avait. C'est un peu le ressenti que je veux aussi créer avec cette histoire. Qu'au départ on ne sente pas trop le rapport et au final, plus l'histoire passe, plus on s'aperçoit de la multitude de petites histoires d'amour que je mets en place et qui agissent profondément sur les gens, qui va jusqu'a changer leur vie. Only Two c'est surtout un univers où je vais mettre en place les différentes approches de l'amour. De la plus pure à la plus malsaine, à travers plusieurs protagonistes différents.
Pour l'origine du titre, j'ai voulu un titre à l'américaine pour la déconne et garder ce ton humoristique. La France m'amuse beaucoup à vouloir essayer de faire de l'Américain, dans les films par exemple. Je suis français et je m'amuse de ça, d'où le nom de la production "Les studios Ptibudget". Mais quoiqu'on en dise également, un titre américain est toujours plus vendeur ! Donc voilà, un titre doit savoir accrocher autant qu'une couverture !
S. : Peux-tu nous faire quelques révélations sur la suite à venir ?
J.M. : Pfoah ! Que me demandes-tu là jeune gueux ! Je vais éviter de spoiler... Disons que toutes les réponses à vos questions viendront. L'origine des épées, qui a tué qui, pourquoi, comment, où, et, donc, or, ni, car. Tout ! Only Two est une BD qu'il vous faudra lire deux fois, vous pouvez me croire. Une première lecture pour découvrir, et une deuxième pour comprendre.
S. : Peux-tu nous parler de tes autres projets ? Que fais-tu dans la vie ?
J.M. : Je travaille actuellement pour Casterman sur une BD à licence. C'est tout. Le reste de mon temps je le consacre à OT, à la femme qui partage ma vie, à ma famille, aux jeux vidéo... J'essaie de prendre le plaisir comme il vient, pas toujours évident, surtout cette année où j'ai perdu mon père et mon grand-père... Hum... Bon... Ça fout un froid peut-être ?... Hum... HAHAHA Rieeeez !!! Riieeeez !!
S. : Ton manga préféré ?
J.M. : La série Dragon Ball/ Dragon Ball Z par nostalgie (pas les GT !!).
S. : Ton comic book préféré ?
J.M. : Mmm... "Battle Chasers" ou "Danger Girl"... Quoique j'ai beaucoup aimé "Girls"... Ou la série "Street Fighter" aussi !... J'aurais du mal à me décider.
S. : Ta BD préférée ?
J.M. : Les « lapinots » de Trondheim, mais j'ai adoré aussi « UW1 » dans un tout autre genre. La série « Aldebaran » est pas mal également. J'ai connu très tardivement Moebius, je le regrette. Mais je n'étais pas prêt pour ça. J'essaie de rattraper mon retard, j'adore ce qu'il a fait !
S. : Ton film préféré ?
J.M. : Y'en a pas mal, quelques-uns : Die Hard 3, Fatal, Fight Club, La cité de la peur, Last Action Hero,...
S. : Ta série préférée ?
J.M. : Lost.
S. : Ton livre préféré ?
J.M. : Vous allez rire, mais je ne lis pas de livres sans images. Je suis tête en l'air et j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur une lecture (je me dénonce à travers Rikkrer dans le chapitre 4 quand il parle du rapport de Rackel). À l'époque des Beaux Arts, j'avais du lire par obligation la trilogie d'Agota Kristof "Le grand cahier". J'ai beaucoup aimé le sujet sur la schizophrénie ! J'aurais adoré pouvoir lire du Stephen King, mon père les a tous. J'ai essayé « Brume » qui commençait à me plaire, mais je n'y suis pas arrivé. Au final, j'ai dû regarder le film !
S. : Ton personnage fictif préféré ?
J.M. : Peut-être Végéta de Dragon Ball Z. Il se bat toujours pour se dépasser sans jamais réussir à son but premier : dépasser Gokû. Il y a du pathétique là-dedans car il n'arrive jamais à son but et gâche sa vie de famille pour y parvenir, mais j'aime sa détermination, je la respecte. J'ai un profond respect pour les gens qui se battent pour s'en sortir. J'essaie d'aller dans ce sens.
S. : As-tu une collection personnelle ?
J.M. : Oui, mes BDs, mangas, comics. Deux bonnes étagères ! Je collectionne aussi beaucoup d'images sur des disques durs : photos, dessins... J'ai une bonne bibliothèque numérique !
S. : Penses-tu gagner le concours Amilova ? Que penses-tu de ton classement actuel ?
J.M. : Non. Je ne pense pas gagner car OT est trop atypique et pas assez commercial. Ça n'intéressera pas le grand public et en plus, la BD est censurée aux moins de 16 ans donc ça limite les votes. Je suis néanmoins agréablement surpris d'être dans les 20 premiers depuis le début ! J'aimerais beaucoup être surpris en gagnant mais je pense être lucide sur l'aboutissement du concours. Je suis curieux du verdict final et de connaître ma place une fois que tous les chapitres souhaités seront en ligne ! C'est vraiment pour la curiosité que je participe et puis, comme je l'ai dit, faire connaître ce projet à d'autres personnes.
S. : Quelles sont tes passions en dehors du dessin ?
J.M. : Les jeux vidéo sur console. J'ai une PS3 et une X-Box 360. J'ai aussi comme passion la photographie de portrait, reportage, et montage photos. Je fais aussi de la guitare et du chant, mais que ça reste entre nous ! Je suis mauvais, mais ça me défoule bien !... Je ferme portes et fenêtres quand je chante ! Hahaha ! Rieeez !!!
Merci Jérôme.
Dernière modification par Kinkgirl (02 Dec, 2011 15:33:28)
¤¤ Lisez et votez parfaitement Imperfect sur Amilova ! ¤¤
Genre : sexy, adultes, action, super-héros, thriller.
ah c'est chouette ! Je me rappelle avoir commencé cette bd dans manolosanctis !
Très intéressant cette idée de retour dans le passé et présent ^^
Et depuis que je suis sur amilova, j'ai jamais été attirée par la couverture ^^; Je vais peut-être enfin donner ma vraie date de naissance et la lire du coup ^^
Ma bd : Leaves (tranche de vie et romance)
Très bonne interview, j'ai une image qui s'affiche pas par contre, juste avant :
S. : Le mystère Mistadelader semble l'enjeu de la première partie de ton œuvre ? Beaucoup de supputations planent autour de sa véritable identité ? Aura-t-on des réponses ?
Sinon kink tu m'avais pas dit que tu ferais Waldo Papaye aussi avant de stopper ?
Très bonne interview, j'ai une image qui s'affiche pas par contre, juste avant :
S. : Le mystère Mistadelader semble l'enjeu de la première partie de ton œuvre ? Beaucoup de supputations planent autour de sa véritable identité ? Aura-t-on des réponses ?
Sinon kink tu m'avais pas dit que tu ferais Waldo Papaye aussi avant de stopper ?
Moi l'image s'affiche. C'est dommage pour toi ch3w, c'est la meilleure image de l'interview (Tu comprendras en la voyant). Essaye de rafraîchir ou essaye un autre navigateur. Est-ce que d'autres ont ce problème ?
Sinon, plus de CDC jusqu'en mars, pour éviter toute polémique.
EDIT : Le problème de l'image est réparé normalement.
Dernière modification par Kinkgirl (02 Dec, 2011 09:28:32)
¤¤ Lisez et votez parfaitement Imperfect sur Amilova ! ¤¤
Genre : sexy, adultes, action, super-héros, thriller.
(long mais passionnant).
Personnellement, OT et Jérôme sont parmi mes gros coup de coeurs de ces derniers mois (ça + Sasori et Ruleslemanga). OT a tout de suite su m'intriguer et dès que je quittais la BD, j'avais ce besoin incalculable d'y retourner ! Plus ça allait et plus j'avais besoin d'aller relire et attendre la suite ! D'ailleurs, je faisais pars de mes réactions sur mes commentaires et c'est en toute logique que je me suis obligé à enlever une BD de mon top 10 pour mettre Only Two (surement dans mon top 5 aussi d'ailleurs).
Toujours personnellement, je pense que je continuer à suivre OT jusqu'au bout. Bien que j'adore l'humour et le côté aussi décalé que leur auteur de chaque personnage, mon passage préféré du manga est celui entre Jean-Chilles et Rackel lorsque jean-chilles pense à abandonner. C'est dans ce passage que l'ambiance et le relationnel entre les personnages sont le plus intense !
Bref, rien que le fait de savoir comment tu vas faire ta dernière case, avec quel personnage et quel texte, ça me fait rentrer en transe et je suis en train de la fantasmer, je sens le genre de dernière case qui m'arrachera la larmichette comme la nostalgie que je ressens quand je finis une de mes séries :')
PS : d'ailleurs j'ai un onglet ouvert sur la dernière vidéo de jérome depuis hier, attendant avec hâte d'avoir le temps de la voir ^^
Modérateur en chef du forum amilova.com, disponible par mp et via le forum. Interdiction de me vouvoyer~~♥
On ne flood (hs, troll, hating, kikoolol, ..) pas et on aime son prochain ! ♥
Suis mon profil -> ICI ♥ - et tu auras tout compris ☻
C'est une lecture fascinante et intéressante, autant la critique que l'interview. Elle révèle énormément de réflexion, de philosophie et de problématiques qui m'intéressent beaucoup et que je partage pour certaines.
Du coup cela me donne envie de lire cette oeuvre que je n'avais pas jusqu'ici privilégiée, pensant (il semblerait à tort après avoir tout lu ici), d'après la couverture, qu'elle était ciblée "public masculin" / hentai.
--- Vous aimez le mystère ? Vous apprécierez peut-être la BD Traces. ---
°°° Ou les contes "à la Fontaine" ? Essayez celui de La Grenouille. °°°
Du coup cela me donne envie de lire cette oeuvre que je n'avais pas jusqu'ici privilégiée, pensant (il semblerait à tort après avoir tout lu ici), d'après la couverture, qu'elle était ciblée "public masculin" / hentai.
Les coups de coeur permettent aussi de dépasser les premières impressions .
¤¤ Lisez et votez parfaitement Imperfect sur Amilova ! ¤¤
Genre : sexy, adultes, action, super-héros, thriller.
Les coups de coeur permettent aussi de dépasser les premières impressions .
oui, très bonne initiative, merci d'ailleurs en y regardant de plus près, elle est réfléchie cette couv, je vois un bandeau de police "not crossing" cachant une partie de sa poitrine et ça rajoute un peu d'humour (teasing) et de respect (genre "pas touche") et en plus cela situe déjà le background flic de certains persos. Bin je l'ai mise sur ma liste de bd à lire, j'évolue pas forcément vite dedans, mais j'arriverai à les faire toutes ! ^.^
--- Vous aimez le mystère ? Vous apprécierez peut-être la BD Traces. ---
°°° Ou les contes "à la Fontaine" ? Essayez celui de La Grenouille. °°°
> Sool : J'espère que ça te plaira ^^
> Little Endian : Ah toi aussi tu viens t'exiler ici J'espère que cet interview t'aura donné envie de continuer à suivre la BD. Sinon tant pis, on ne peut pas plaire à tout le monde non plus !
> Bybabya : Merci pour cette longue critique ! Et content que ça continue de te captiver autant ! Je bosse beaucoup mes découpages pour parvenir à cet effet de "on en veut toujours plus", ça fait plaisir de voir que ça fonctionne toujours autant
> Esteryn : Ha bah content que cette interview t'ait donné envie d'en savoir un peu plus sur le projet ! La couv est un piège à double tranchant Cela dit, si la BD est dans la rubrique "sexy", c'est pour éviter que des jeunes de moins de 18ans assistent à des scènes X avant tout. Il n'y en a pas assez pour qualifier cette BD d'hentaï, mais on est obligé de la caser là dedans sur ce site. Enfin personnellement, vu la société actuelle, ça choquerait pas je pense ! (j'ai encore vu un film avant hier qui passait à la télé avec une scène très torride où on voyait quasi tout, interdit au moins de 12 ans !)
>Kinkgirl : Grand merci encore pour cette interview ! C'était très sympa à faire, j'aime beaucoup parler du projet dans tous les sens, et en plus, ça va peut être me ramener plus de gens qui suivront le projet What else !
Et puis pour ceux qui souhaitent savoir comment je bosse, les coulisses, toussa toussa, c'est par ici : http://www.amilova.com/fr/forum/viewtop … 316#p32526
Sur le forum