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#1 15 Sep, 2011 09:08:01

lysgris

l'histoire est plus ou moins basée sur des canons de l'heroic-fantasy, nous sommes dans un monde magico-médiéval nommé Amotia, où la société humaine s'est organisé autour de clans représenté par des animaux (super original , s'pas?) Il y aura en tout (j'espère si je trouve la foi et le temps) 4 Cycle chacun décrivant l'histoire d'un personnage (référence au mythe japonais du byakko_seiryu,suzaku_gembu mais à ma sauce) plus un cinquième cycle que j'escompte faire surprenant et décalé par rapport à la trame originale où les 4 personnages se rencontreront.  J'aimerais vraiment avoir l'aide d'un dessinateur, ne serait-ce pour qu'il me donne un point de vue sur l'organisation d'un hypothétique story-board (je peux le faire moi avec des bonhomme alumettes, mais bon...) et , si le coeur lui en dit, faire quelques chara-design voire se lancer dans un projet. Je poste le premier chapitre aujourd'hui. Bien a vous.


Cycle du loup : Le gardien du sang sacré

CHAPITRE  1 : L’ENFANT

Ces petits yeux larmoyants virent la lumière à nouveau, tandis qu’on dégageait les décombres qui l’avait emprisonné dans l’immense tombeau qui était autrefois la demeure de son clan :
« C’est lui ?
-peu importe, de toute façon il n’y a plus que lui…je le sens…la mort et la traîtrise…elle rôde encore …foutons le camp d’ici avec le môme !
-Et qui s’en occupera ?
-Le grand flamboyant a dit qu’il serait élever comme l’un des nôtres au sein de notre communauté , pour ce qui est de qui en aura la charge…ma foi, il ne sera qu’un orphelin de guerre de plus…quittons cet endroit , j’entend les âmes pleurer et  crier vengeance…et elle s’adresse a lui. »

« Petit ! Approche ! »
Docilement, l’enfant se dirigea vers le son de la voix, silencieux et discret comme une ombre. Arriver au pied du grand gaillard roux qui l’appelait, il mit un genou en terre.
« Relève la tête ! Cela fait maintenant 15 ans que nous t’avons ramené de ce champ de bataille, tu es à présent un homme ! Regarde-moi ! »
L’enfant leva les yeux , des yeux dans lesquels on pouvait voir une volonté farouche qui tournoie en pure perte , de l’intelligence subtile , luisants d’un jaune pâle comme le reflet de la lune sur l’eau , et une tristesse indéterminée , bien trop grande pour être comprise , ou partagée….de taille moyenne , il avait le visage fin mais un peu plus carré et volontaire que la majorité des habitants du village dans lequel il avait grandi , des traits francs et droit qui allait avec la détermination qu’on pouvait lire dans son regard. Elancé, plutôt fin mais solidement construit, il se portait avec une dignité affectée et ses longs cheveux noirs et drus tombaient devant son visage, lui donnant tout le temps l’air de fuir les yeux de crainte qu’on ne lise son âme…
« Il est temps, maintenant, comme le veux la coutume de notre village, que tu partes en voyage pour te trouver un nom à ramener ici, pour que tu puisses te définir aux yeux de tous ! Es tu prêt a courir le monde ? 
L’enfant acquiesça.
-Bien ! Passe donc voir Grand Flamboyant pour lui présenter tes respects, il te donnera sa bénédiction et ensuite on s’occupera de te fournir l’équipement nécessaire à ta quête ! Va ! »
Il se retourna et pris la direction de la tente du Grand Flamboyant.
Le village du clan du renard était composé d’une centaine  de tente de tissus, organisé en un vaste cercle au milieu duquel trônait la tente du Grand flamboyant, chef du clan. Les renards sont un peuple nomade, ils sont donc habitués à parcourir de longue distance, a se fondre dans les environnements, a se mêler aux diverses peuplades qui parsèment le monde d’Amotia, gouverné par les trois lunes et le soleil unique. Le clan du renard est souvent utiliser par les nations pour ses remarquables services d’espionnage et de renseignements, la fiabilité  la loyauté et l’intégrité des membres du clan qui mettent un point d’honneur à mener a bien leur mission sans compromettre les intérêts de leur peuple. Chose plus remarquable encore lorsque l’on pense qu’ils sont aisément reconnaissable par le trait distinctif  qui les caractérise tous : Le roux de leurs cheveux. Mais teintures, maquillages et autres artifices leur permettent de contourner ce léger désagrément. Avec ses longs cheveux noirs pommelé de gris, notre jeune héros se doutait bien qu’il n’était pas membre du clan, peut être un bâtard, mais de toute façon, les dieux ne lui avait pas fait don de parole, donc il ne poserait jamais la question, n’aurait jamais la réponse. Il n’était pas trop mal traiter, mais n’avait pas beaucoup d’amis, à vrai dire aucun. Dans le clan, les liens se forment entre les familles et la position hiérarchique qu’elles occupent, et lui n’était qu’un « orphelin de guerre », autrement dit un individu de bas rang, et avec ses cheveux noirs, aucun autre enfant n’avait voulu s’acoquiner avec lui de peur de compromettre sa famille ou son futur statut social. Il n’était pas rejeter, et si il avait pu parler, il aurait pu exprimer son opinion et être écouter comme n’importe quel membre du clan, mais il sentait bien que sa place n’était parmi eux, jamais il ne pourrait trouver femme et se construire un avenir ici. A son âge, il s’en souciait peu. Il s’était déjà résigner a une vie terne le jour où il avait réalisé que son apparence et son mutisme l’excluait du cercle social. Il n’en voulait à personne. Même pas au destin. Il supportait son sort, soit dit en passant relativement correct avec fierté et stoïcisme. Seulement certaines nuits il sentait quelque chose poindre en lui , le tirailler de l’intérieur , et il se remplissait de pulsions de morts envers tout et tout le monde , depuis les femmes qui le traitait avec gentillesse jusqu’au enfant qui jouaient sans lui , en passant par les hommes qui revenaient glorieux de la chasse , il voulait tuer …des « crises » qu’il gérait en s’enfonçant dans son lit , parfois en allant quérir des herbes chez le marchand et en se faisant une tisane aux vertus apaisantes. Rien de bien grave mais il n’avait jamais mis ses projets déments a exécutions, et le matin venu, c’était envolé ; il mettait ça sur le compte d’une folie passagère, rien de bien grave, il se tenait.
Il souleva le lourd rabat de tissus et pénétra dans la tente, où plusieurs jeunes attendaient comme lui de recevoir la bénédiction du grand flamboyant dans l’antichambre attenante à la pièce principale. Il perdit un instant son regard dans la contemplation des riches effets de la tente du chef, soieries et autres bijoux qui semblaient déborder…Nul membre du clan n’aurait songé a le voler, ils savaient tous très bien que cette « fortune » servirait a tous, nul possession inutile dans le mode de vie des renards, donc pas de luxe ni d’épargne. Tout serait dépensé en armes, outils, matériaux ou serait échangé avec d’autres clans pour des questions politiques. Ainsi était le fier peuple errant des renards, toujours partout et nulle part a la fois, aussi riche que  les rois et pauvre comme le berger.
Lorsque le dernier rouquin devant lui fut dirigé vers la salle d’armes, il entra dans l’antichambre avec déférence et devant l’homme d’âge mûr et la barbe de feu qui le toisait dans la semi-pénombre, s’agenouilla solennellement.
« Oh ! Regardez qui voilà…c’est également le jour de ton adoubement. Et bien, j’imagine que je dois te bénir comme les autres…qu’en penses-tu Chorak ? Ne fera t-il pas un renard honorable ?

L’homme qui se tenait à la droite du Grand flamboyant, son frère et son conseiller, esquissa le début d’un sourire et répondit laconiquement :
-je n’ai pas la prétention de pouvoir vous conseiller en la matière, Seigneur.
-Et bien, ma foi, le mieux serait encore de s’adresser à la personne concernée…Qu’en dis –tu petit ? Penses-tu pouvoir me servir loyalement et efficacement ?
Après un instant de silence, le garçon remua la tête a l’affirmative.
-Ah ! J’oubliais que tu as donné ta langue aux chats…et bien, vois-tu, je ne suis pas convaincu !
Stupeur. Bien sûr, il aurait dû le savoir. Maintenant qu’il était un homme, il n’allait pas l’autoriser à vivre avec eux. Peu importe où il ira et ce qu’il fera, il ne pouvait demeurer chez les renards. Il n’était pas l’un d’entre eux, manifestement.
- regarde-moi, gamin !
Il leva les yeux vers le monarque, qui l’observait avec un sourire narquois devant ses yeux bleus pétillants ;
-Je ne pense pas que tu veuille vraiment devenir un renard, je me trompe ? Oui…je peux le voir dans tes yeux…tu le sais déjà  j’imagine, mais tu es différend…tu as cette solitude en toi, comme si tu n’avais jamais connu le terrier de tes parents…et certaines nuits, ne te sens tu pas… étrange ? Comme un monstre ?
Les yeux du garçon s’écarquillèrent de surprise, il ne l’avait jamais dit à personne, comment aurait-il pu ! Et il n’avait jamais provoqué d’incident, comment cela a-t-il pu se remarquer ?
-Ah ! Surpris ? Non je ne t’ai pas espionné, c’est inutile…je vais te dire une chose mon garçon…Tu ne sais pas qui tu es, ni d’où tu viens, mais moi, je le sais ! Je ne pense pas que tu ais besoin de ma bénédiction…Ta quête a toi, celle vers laquelle je t’envoie aujourd’hui, ne consiste pas a te trouver un nom, mais a te  le rappeler ! Va, et lorsque tu reviendras nous voir si tu reviens, nous verrons si tu souhaite toujours devenir un renard…Jusque là... bonne route ! »
Eberlué, l’enfant était resté a genou et buvait les paroles de son interlocuteur, tellement absorbé qu’il ne réagit pas tout de suite a l’injonction, il se leva prestement, fit une révérence pour saluer son Chef, et sortit par l’ouverture découpée dans le tissu.


Une fois dehors, il fut rattrapé par Chorak :
« Hé ! Pas si vite, où crois-tu aller ? Ce n’est pas parce que tu n’es pas l’un des nôtres que nous allons te laisser partir nu sur les routes ! Suis-moi !
Il l’emmena dans une petite tente que notre héros reconnut comme la réserve d’armes, là, il lui procura un solide manteau à capuche de laine, une paire de chausses en cuir de qualité, une dague, une bourse ventrue et  un sac rempli de denrées. Puis, il prit les mains du garçon et lui dit :
- Laisse-moi te dire quelque chose : C’est moi qui t’ai ramené ici, il y a 15 ans. Laisse moi aussi t’avertir que la quête que tu entreprend est bien plus ardu que celles de la majorité de nos jeunes qui iront s’enivrer dans les tavernes a côté et qu’on appellera « truffe humide » a leur retour.. .Surveille toi. Une dernière chose, débute tes recherches en allant vers le nord, traverse la forêt de Timpal et rend toi a Scoppa. Tu y apprendras surement quelque chose d’utile. »
Sur ces bonnes paroles, il le salua selon la coutume des renards en frottant ses oreilles contre les siennes, marque d’affection et qui plus est réserver aux guerriers confirmé, puis il lui ébouriffa les cheveux et prit le chemin de la tente du Grand flamboyant.
Le garçon resta un moment figé par cette marque d’intérêt et d’affection soudaine, puis reprenant ses esprits, il serra son paquetage contre lui et prit la route qui menait hors du village.
Dans la tente du Chef, Chorak vint reprendre sa place près de son frère :
« Que les dieux lui viennent en aide, murmura t-il…
-Il en aura besoin, les oracles m’ont prédit que son futur implique beaucoup plus que la destinée de feu son clan... espérons qu’il ne mourra pas à la première embuscade…
-Le maître d’armes m’a dit qu’il faisait preuve d’une vigueur et d’une endurance hors du commun.
-Rien de bien surprenant quand on sait d’où il vient…

Last edited by lysgris (15 Sep, 2011 10:16:24)

#2 15 Sep, 2011 09:46:31

vincentlenga

J'ai lu un peu le début, il y a beaucoup de fautes. Par ailleurs l'ellipse de 15 ans n'est pas assez marquée : un saut de ligne n'est pas suffisant.

Le monde de la création sur Internet est impitoyable : si le lecteur n'est pas accroché dès le début, il n'ira pas plus loin. Alors s'il y a de gros défauts dès les premières lignes, les chances seront encore plus minces.

Essaie aussi de placer le résumé de ton histoire en tête de ce sujet, en le retravaillant de manière à donner envie (un peu comme une bande annonce en fait).

#3 15 Sep, 2011 10:15:47

debyoyo

Je pense un peu comme vincentlenga, sans connaitre l'introduction peu de personne continueront de lire ton histoire mais elle a du potentielle, je lirais la suite des chapitres avec plaisir


Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)

L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)

#4 15 Sep, 2011 10:25:31

abby19

Ah! Un autre écrivain! smile

Je suis moi-même 'écrivante' (oui, parce que je n'ai encore rien produit qui ne me satisfasse totalement)

Alors, si je puis me permettre, j'ai quelques petits conseils à te donner... (Oui, je sais normalement, j'ai rien à dire.. Mais, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de donner des conseils!)
Euh.. Par où commencer? Je vais prendre le texte dans l'ordre et te dire ce qui me choque

    - Les phrases
Oui, je sais que tout écrivain est tenté de faire du Marcel Proust en écrivant des phrases de trois pages de long. Et bien, il ne faut pas!
Ta première phrase ne fait pas moins que 29 mots! C'est trop pour un cerveau humain normalement constitué!
  Le nombre moyen de mot par phrase (pour que ta phrase soit compréhensible par le plus grand nombre) doit être compris entre 12 et 17. Les phrases avec plus de 17 mots (entre 17 et 22 mots) sont destiné aux publications spécialisées de type encyclopédies scientifiques....

   - Les règles de typographie
Alors, je sais, l'école primaire, c'est vachement loin pour certains d'entre nous, mais nous y avons tout de même appris des choses très (très) utiles : les règles typographiques.
Alors, juste un petit rappel :
  Une majuscule après un point
  Pour les virgules c'est : [mot], [espace][mot]
  Pour les dialogues, là, il y a deux écoles :
    * L'école française : Ouvrir les guillemets et les fermer lorsqu'il n'y a plus de dialogue ou lorsqu'il y a une phrase d'action entre deux paroles. Si les paroles s'enchaine, on utilise les tirets.
    * L'école anglo-saxonne : On met des tirets à chaque fois qu'un personnage parle (ce qui est beaucoup moins contraignant!).
  Les trois petits points (ou points de suspension) : n en use et on en abuse sur les forum (moi la première!), mais dans un texte, il ne faut pas. Cela rend la lecture difficile et laborieuse!

   - Orthographe & Conjugaison
Mouahaha! Même si tout le monde à envie d'assassiner les 'kikoolol' à coup de Bescherelle, rien ne nous empêche de faire des fautes! (la preuve en est que mon texte doit être bourré de fautes d'orthographes)
Là, je ne peux que te conseiller de faire relire ton texte par quelqu'un d'autre ou de retourner à l'école primaire! smile
[Je dis ça, mais, je devrais certainement y refaire un petit tour un de ces quatre!]
Juste fait attention aux accords et à la concordance des temps!

  -Les autres trucs inclassables
Je dirais que là dedans, on pourrait mettre la construction des phrases.
Certaines phases sonnent mal à l'oreille du lecteur! N'hésite pas à lire ton texte à voix haute comme Flaubert le fesait dans son gueuloir! tu verra que certaines choses vont te sauter aux yeux/oreilles!

Voilà, je ne veux absolument pas casser ton texte! Ce n'est pas du tout mon but! Je voulais juste te donner quelques petits conseils pour t'améliorer!

Sinon, si je puis te conseiller une petite lecture fort divertissante et enseignante : Les aventures de Robert
Cette petite chose m'a beaucoup fait progressé!

J'espère ne pas t'avoir trop ennuyer avec mon pavé! :s
Bon courage pour la suite!


"Un baiser ça peut être mortel si on y met tout son cœur" Batman, le défi
"La vie ne vaut pas la peine d'être vécue si on ne la vit pas comme un rêve" Le monde ne suffit pas

#5 15 Sep, 2011 10:26:28

lysgris

Je sais qu'il y a beaucoup de fautes, c'est quelque chose que j'essaierai de corriger  pour les chapitres a venir (j'en profiterai pour m'occuper de celui-ci également)

L'introduction est en en-tête du sujet désormais.

Je ne modifierai pas mon style d'écriture , qu'il plaise ou non. Je prends du plaisir à écrire ce récit , et cela me plairait également que d'autres personnes apprécient ce que je fais , cela dit , c'est avant tout une création personnelle et originale et je n'ai pas pour ambitions d'être édité ou quoi que ce soit , alors le monde impitoyable d'internet peut le rester, je suis pas gladiateur.
Un saut de ligne pour l'ellipse m’apparaît suffisant dans la mesure où l'histoire commence après. Je ne vais pas m'attarder sur des détails inutiles. Bref, désolé encore pour l'orthographe, c'est quelque chose auquel je me dois de remédier ne serait-ce que pour moi même.J'espère que certains apprécieront et je posterais le prochain chapitre sans doute ce week-end.

#6 15 Sep, 2011 10:34:01

lysgris

Merci pour tes conseils abby 19 , mais encore une fois , je ne suis absolument pas écrivain (ni même écrivant...)
En fait je fais parti de ces gens qui considère que peu importe la forme , l'important est le fond. De fait, les critères académiques me laissent froid. J'espère simplement véhiculer des notions et concepts a travers une histoire , afin de permettre aux éventuels lecteurs de construire l'univers dans leurs têtes.
Je lis pas mal de fan-fic sur des forums , et j'ai déjà noté des fautes plus grosses que moi ou des construction de phrases totalement erronées,ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier l'histoire .
J'apprécie quand même tes remarques et essayerait d'en tenir compte, ton intention est louable^^ Merci pour l’intérêt .

#7 15 Sep, 2011 12:26:36

vincentlenga
lysgris wrote:

Bref, désolé encore pour l'orthographe, c'est quelque chose auquel je me dois de remédier ne serait-ce que pour moi même.

Perso, il y a quelques année lorsque j'ai décidé de me consacrer à l'écriture, je me suis acheté un Bescherelle pour me replonger dans les bases. Quelques conseils à ce sujet :
- le correcteur d'orthographe Word, même s'il ne faut pas s'y fier aveuglément, permet de repérer rapidement un grand nombre de fautes d'orthographe ; très pratique.
- pour les conjugaisons : http://bach.arts.kuleuven.be/pmertens/m … onjug.html
- pour l'orthographe : http://www.lexilogos.com/francais_langu … naires.htm (ou même Google)
- et  un petit bréviaire d'orthographe : http://mapage.noos.fr/mp2/


lysgris wrote:

je fais parti de ces gens qui considère que peu importe la forme , l'important est le fond. De fait, les critères académiques me laissent froid. J'espère simplement véhiculer des notions et concepts a travers une histoire , afin de permettre aux éventuels lecteurs de construire l'univers dans leurs têtes.

Alors là il y a deux choses :
- les critères académiques : honnêtement, je pense que tout le monde ici s'en fout autant que toi, je ne pense pas que quelqu'un ici te parle de ça, mais une phrase interminable, c'est juste lourd à lire, et ce n'est pas une question d'académique ou non, mais juste de bon sens.
- le fond est plus important que la forme : là en revanche, il faut savoir ce que tu veux. Si tu ne rends pas la forme un tant soit peu attrayante, personne ne découvrira jamais le fond, à part ta copine, tes parents et quelques amis. Mais si tu veux avoir des lecteurs (ce que je pense, sinon tu ne posterais pas ton texte ici), il faudra forcément tenir compte de la forme.


abby19 wrote:

Sinon, si je puis te conseiller une petite lecture fort divertissante et enseignante : Les aventures de Robert
Cette petite chose m'a beaucoup fait progressé!

Euh... Es-tu sûre du lien ? Car là c'est un site qui parle de "Geert Hofstede™ Cultural Dimensions" (en un mot : boooooring!).

#8 15 Sep, 2011 17:04:46

abby19
vincentlenga wrote:
abby19 wrote:

Sinon, si je puis te conseiller une petite lecture fort divertissante et enseignante : Les aventures de Robert
Cette petite chose m'a beaucoup fait progressé!

Euh... Es-tu sûre du lien ? Car là c'est un site qui parle de "Geert Hofstede™ Cultural Dimensions" (en un mot : boooooring!).

Oh! Je m'excuse! J'étais en train de bosser mon "Global Marketing" et le lien... Bah, c'était pour mes devoirs! x) Je suis désolé! (Et tu as raison, c'est vraiment boooring!^^)
Voilà, le vrai lien : Les aventures de Robert

Sinon, j'ai une question pour toi Lysgris... Si tu n'es ni écrivain, ni écrivant, tu te considère comme quoi?
En fait, j'ai une deuxième question : Pourquoi postes-tu ta fiction?

Lysgris wrote:

Je ne modifierai pas mon style d'écriture , qu'il plaise ou non.

J'ai envie de te dire que ton style d'écriture se modifiera par lui même en fonction de tes lectures et de tes goûts artistiques. Tout le monde évolue.

Lysgris wrote:

De fait, les critères académiques me laissent froid. J'espère simplement véhiculer des notions et concepts a travers une histoire , afin de permettre aux éventuels lecteurs de construire l'univers dans leurs têtes.

Le fond est souvent plus important que la forme... Mais parfois, on est tellement rebuté par la forme que l'on ne prend pas la peine de lire l'histoire!
J'ai abandonnée des tas de livre à cause de ça... même si je veux connaitre la fin, je ne vois pas pourquoi je m'embeterais à tout lire!


"Un baiser ça peut être mortel si on y met tout son cœur" Batman, le défi
"La vie ne vaut pas la peine d'être vécue si on ne la vit pas comme un rêve" Le monde ne suffit pas

#9 15 Sep, 2011 19:38:41

lysgris

Et bien , je me considère comme un mec qui n'est pas mangaka parce qu'il n'a aucune aptitude au dessin (pas la foi d'apprendre en fait...-.-')

je vous remercie pour vos conseils, j'espère simplement que la forme ne sera pas un trop grand obstacle au fait que quiconque prennent plaisir à lire ceci. J'ai déjà 6 chapitres d'écrits et je ne compte pas les remanier. En fait, vos impressions ici sont déjà largement suffisantes , je sais désormais que si lacune manifeste il y a, c'est sur la forme.
Il faut également prendre en compte le fait que j'ai écrit ce chapitre il y a 8 mois, les suivants seront peut-être mieux présentés(mais bon...J'ai un style (si style il y a) pompeux et un peu ampoulé, mais c'est comme ça que j'aime écrire)

Quoi qu'il arrive, merci d'avance a ceux qui prendront le temps de suivre l'histoire.

#10 15 Sep, 2011 20:49:35

vincentlenga
abby19 wrote:

Oh! Je m'excuse! J'étais en train de bosser mon "Global Marketing" et le lien... Bah, c'était pour mes devoirs! x) Je suis désolé! (Et tu as raison, c'est vraiment boooring!^^)

Heureusement que tu n'étais pas en train de visiter des sites coquins... ^^
Merci pour le lien.

lysgris wrote:

je sais désormais que si lacune manifeste il y a, c'est sur la forme.

Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas critiqué le fond justement car je me suis arrêté à la forme.
Et puis, tu dis que tu n'as pas l'intention de travailler la forme, mais je suis sûr que ça viendra avec le temps. Si tu te consacres beaucoup à l'écriture, ça viendra tout seul.

#11 18 Sep, 2011 17:23:27

lysgris

CHAPITRE 2 : TIMPAL ET LES ECUREUILS


Sorti du village, il marcha deux bonnes heures sur la route caillouteuse, puis s’arrêta pour entamer sa réserve de provisions et d’eau. Il se restaura une petite demi-heure puis repris la marche , d’un pas vif , la tête remplie de pensées  , de spéculations sur qui il pouvait bien être , ce qui l’attendait a Scoppa , de où il établirait son bivouac cette nuit …le soleil amorçait sa descente lorsqu’il atteignit l’orée de la forêt de Timpal. Il était déjà venu lorsque les adultes entraînaient les jeunes à l’art de la chasse, au pistage et au camouflage. Chacune des sorties avaient été pour lui un émerveillement des sens, tant la forêt était pleine de vie comparée au étendues rocailleuses dans lesquels les renards établissaient d’habitude leurs campements. L’air du crépuscule foisonnait de bruits et d’odeurs, et le contraste lumineux donnait à la forêt tandis qu’il progressait sous les cimes des arbres, une aura de mystère et d’aventure, de liberté. L’excitation étreignit son cœur, et il se prit soudain a siffloter joyeusement, se reprenant lorsqu’il se rendit compte qu’il avait dû alerter les résidents de sa présence a des lieux a la ronde. Il continua son chemin en tâchant de se souvenir des leçons qu’il avait reçues, se mouvoir silencieusement, préserver la végétation, marcher sur la pointe et de manière irrégulière pour brouiller les pistes. Il s’arrêta à côté d’un cours d’eau, s’y désaltéra et remplit sa gourde pus installa son campement. La nuit état douce, il n’avait pas besoin d’allumer un feu et il pouvait encore piocher dans ses provisions pour ce soir, il serait arrivé a Scoppa demain dans l’après-midi. Après avoir soigneusement étalé son manteau sur le sol en guise de couche , il suspendit son paquetage a une branche non loin pour éviter l’intrusion d’ours ou autres carnassier , s’allongea et ferma les yeux , tout en gardant sa dague a portée demain…
Dans son sommeil, une voix lui chuchotait des mots dans un langage incompréhensible, il se sentait bien et heureux, nimbé d’amour et d’affection…un brouillard diffus voilait le visage qui lui parlait, et il vit sa main se tendre …
Il ouvrit les yeux d’un coup lorsqu’il entendit un bruit au dessus de lui. Son nez détecta une odeur d’être humain. Un être humain, au dessus ? Il resta parfaitement immobile, contrôlant son souffle, espérant que quoi que ce fût, il passerait inaperçu. Il attrapa sa dague lentement, la serra et se tint prêt. Quelques mouvements de branche et un souffle plus tard, la présence était partie. Il attendit encore, sur le qui-vive, craignant de relâcher sa vigilance, puis se rendormit.
L’aube le réveilla en brûlant ses paupières. Il se mit sur ses pieds et s’aspergea le visage d’eau fraîche, s’ébroua puis chercha l’arbre dans lequel il avait suspendu ses provisions, son ventre le tiraillant. Il tourna autour de la trouée mais ne vit goutte. Il prit ses points de repère après avoir à nouveaux frotté ses yeux, et se retrouva devant l’arbre auquel, sans nul doute, il avait suspendu son paquetage la veille. Rien. Vide. Puis il comprit. La présence d’hier soir était assurément réel, et non contente d’avoir déranger son sommeil elle s’était emparée de sa nourriture. Dépité, il se résolut a se mette en marche le ventre vide et se félicita d’avoir gardé sa dague. Il chemina toute la matinée et lorsque le soleil fut au zénith, il était affamé. Il se désaltéra espérant tromper la faim mais cela ne fit que l’accentuer, il se promit de se fournir a manger en arrivant a Scoppa, même si il lui fallait voler pour cela. En milieu d’après midi, proche de la sortie du bois, il repéra à nouveau la présence dans les arbres. Seul son flair lui permettait de la déceler car elle ne faisait aucun bruit et ne laissait jamais son ombre la trahir sur le sentier. Il réfléchit calmement. De toute façon, à part la vie, il n’avait plus grand-chose à perdre. De  plus, s’il pouvait la confondre et récupérer sa nourriture, c’était une occasion à ne pas manquer. Enfin, si il devait se faire assassiner, il préférait choisir lui-même quand. Alors il s’arrêta, parfaitement naturel, et se pencha pour faire mine de relacer ses chausses, tout en gardant un œil et une oreille sur ce fantôme arboricole. Il n’eut pas à attendre très longtemps, l’ombre se jeta des hauteurs droit sur lui en poussant un hurlement, il esquiva au dernier moment par une roulade et se prépara à se jeter sur l’assaillant lorsqu’il aperçu l’ombre en question. Plié en deux de douleur, une jeune fille aux cheveux roux se traînait lamentablement par terre, les larmes en yeux, en geignant comme une enfant. Interloqué, notre héros se ressaisit et montra les dents en empoignant la malheureuse acrobate et en lui collant sa dague contre la gorge. Il se demanda comment lui faire comprendre qu’il voulait récupérer sa nourriture, mais jugea que son fer serait suffisamment explicite.
« Ok, ok, jt’en supplie ne m’tue pas !couina t-elle Je te rends tout, pas de problème !
Il grogna encore un coup pour lui faire comprendre qu’il avait compris mais qu’il n’hésiterait pas à changer d’avis si elle essayait de le duper.
-C’est d’accord, il faut juste aller chez moi, c’est tout près d’ici ! Promis, j’tiens à ma vie moi !
Il se félicita que son stratagème ait autant de succès, la releva et la força à avancer. Il était d’ailleurs plutôt surpris, trop facile à son goût…Surtout qu’il n’avait jamais verser le sang de quelqu’un, en serait-il seulement capable ? Peu importe, pour le moment, il fallait qu’elle continue à le croire.
Ils rebroussèrent chemin vers le cœur de la forêt et arrivèrent bientôt au pied d’un arbre, où une échelle de corde montait vers une cabane dans les branches, habitat rudimentaire, mais il fut quand même surpris de trouver une construction telle que celle là. Il jeta la fille par terre rudement et commença l’ascension. Arriver en haut, il se hissa sur le plancher précaire et pénétra dans la masure. Elle était vraiment vétuste, une paillasse, un toit de lierre, quelques frusques mais surtout, dans un coin de la pièce parmi d’autres effets a provenance douteuses, son sac ! Il s’en empara avec satisfaction et redescendit l’échelle. Sans un mot, il se retourna et continua son chemin vers Scoppa.
-Attend ! Où tu vas comme ça ? Ils ne te laisseront jamais partir ! Crois moi, tu vas a nouveaux te faire dépouiller et par des malandrins plus adroit que moi !
-Tilt, la ferme !
Le garçon stoppa net ses pas lorsqu’il vit une troupe d’hommes armés qui semblait surgir de nulle part, et se retourna en direction de la voix qui avait parlé :
-Encore un membre des renards qui fait son pèlerinage, je pense, il est pauvre comme un saint ! Bien que ce soit la première fois que j’en vois un qui n’a pas cheveux rouges…Nous avons un accord avec eux, tu peux passer, mais j’aimerais d’abord t’offrir l’hospitalité pour la nuit, en dédommagement des ennuis que cette petite peste t’a causé ! Acceptes-tu jeune homme ?
Surpris mais vigilant,  s’approcha de l’homme, un gaillard châtain, vêtu comme un corsaire en couleurs de sylve, un bandeau ocre noué dans les cheveux, leste et au regard franc. Ce dernier lui tendit la main, et n’étant pas familier de ce genre de coutumes, notre héros resta interdit un moment avant de, suivant la bonne vieille loi du mimétisme, tendre sa main à son tour.
-Bien ! Je vais te guider car je doute que tu puisses nous suivre ! Tu es le bienvenu, le clan des écureuils t’offre le gîte pour ce soir !
Les écureuils…il n’avait jamais entendu parler d’eux, mais force lui était de constater qu’il était bien ignorant. Toujours sur ses gardes, il suivit l’homme et se retournant, s’aperçut que la dénommée Tilt restait en arrière, pendant que les autres hommes s’éclipsaient a travers les frondaisons dans un bruissement de feuilles et de branches.
Quelques lieux a travers bois plus tard, il arriva dans un village quasiment invisible a l’œil nu tant il était parfaitement intégrer aux alentours, ensemble de cabanes suspendu comme la maison de la jeune chapardeuse, véritable fourmilière arboricole, mais qui, encore une fois, avait ce merveilleux charme d’être insoupçonnable ….
Il grimpa à une échelle de cordes et rejoint un vaste réseau de passerelles qui permettaient de connecter entre elles les différentes habitations. On le conduisit sur une plate forme plus grande que les autres, où un homme plus âgé que la moyenne se tenait. Tout le monde s’inclina devant lui, notre garçon fit de même. Au bout d’un moment, le vieillard se mit à parler :
« Et bien, Draz, que nous ramène tu là ?
-Doyen, voici un membre du clan des renards à qui j’ai offert l’hospitalité pour la nuit en compensation des agissements de Tilt envers sa personne. Je ne connais pas son nom, mais comme vous le savez il est dans les traditions de ce peuple qu’il n’en ait pas encore.
-Un renard ? Et où sont donc ses cheveux roux ?
-Etrange, doyen, je le concède, mais sa dague porte le sceau des renards, et en vigueur des accords passés avec eux, il ne payera pas le droit de passage dans la forêt.
-Je sais Draz, j’ai moi-même passer ces accords avec leur Grand flamboyant, je ne suis pas encore sénile! Mon garçon, approche, laisse-moi te voir de plus près…
Il releva la tête et soudain, le vieillard fut frapper de stupeur, ses yeux s’écarquillèrent et sa bouche s’ouvrit dans un hoquet de surprise :
-Impossible ! J’avais entendu  cette rumeur mais…non…enfin après tout…puisque tu es là…et j’imagine que tu ne sais pas parler n’est-ce pas ?
Le garçon leva un sourcil, intrigué et opina du chef
-oui, évidemment évidemment…incroyable…qui l’aurait cru …c’est donc toi…
Un sourire éclaira le visage du vieillard et un petit rire jaillit de ses lèvres.
-Vraiment, je ne croyais pas voir encore cela de mon vivant…Tu es sans aucun doute unique mon garçon ! Ou peut être pas… Bien. ..Draz ! Traite notre invité comme un hôte de marque, faisons bombance ! Il y a célébration, même si je suis le seul à savoir pourquoi !
La nuit s’écoula tandis qu’il participait aux réjouissances, tout le monde était très prévenant envers lui et son verre de vin, breuvage qu’il goûtait pour la première fois, ne se désemplissait jamais. La saveur âcre lui picotait la langue mais il appréciait l’ivresse, il se mit debout et chancela un peu, se retint au montant d’une passerelle et se sentant mal se demanda si on ne l’avait pas empoisonné, il eut un renvoi acide  et les convives près de lui rirent franchement en lui conseillant de se rasseoir pour ne pas passer par-dessus la rambarde. Il obtempéra, désorienté, puis se dit qu’il devait simplement être soûl. Il eut l’impression de flotter puis de tournoyer et rendit son repas, un homme s’approcha et lui tapota le dos pour qu’il puisse déglutir plus facilement, puis l’assit contre un tronc et alla lui cherche un linge imbibé d’eau :
« J’en connais un qui demain aura du mal à suivre le soleil ! Et qui aura un sacré mal de crâne ! Et ben voilà petit, c’est ta première cuite ! »
Il appréciait le fait que les gens accepte son mutisme et ne lui pose pas de questions auxquels il aurait eu trop de mal a répondre, cependant, lui, avait plein de questions  et il ne pouvait pas les posées. Et qui était ces gens, le Grand Flamboyant, Chorak, le Doyen ? Qui savaient mais se refusaient à expliquer ? Comment pouvaient-ils accepter le fait qu’ils possédaient plus de connaissance sur ses origines que lui-même et continuaient à le regarder avec un air secret et un sourire en coin ? L’eau sur son visage lui fit du bien, et les pensées confuses et les oreilles en feu, il s’endormit, bercé par le chant des grillons et les bruits de la fête.

Il fut réveillé par une explosion de fraîcheur sur son corps, ouvrit les yeux et vit Draz et un seau vide qui le toisaient tout deux avec une étincelle d’amusement dans les yeux. Il se releva péniblement  Draz lui apportant son soutien, s’ébroua pour chasser l’eau de ses cils, et vit a la hauteur du soleil que la journée était déjà bien avancée.
« Haha ! Viens, on va prendre un petit déjeuner, et surtout boire beaucoup d’eau en ce qui te concerne ! Quand la brume dans ta tête sera dissipée, je t’emmènerai voir le Doyen. Il  m’a dit qu’il voulait te voir avant que tu ne quitte les sylves. »
Il se rendit à nouveau sur la « grande place » et s’installa autour d’un brasero ou un gruau chauffait, on lui donna une écuelle et une timbale, et il remplit son ventre avec difficulté, les premières cuillers ne passant qu’accompagner de généreuses lampées. Lorsqu’il eut fini deux écuelles et vider trois timbales, il fit signe a Draz qu’il était prêt.
« Avant d’aller voir le doyen, va voir la femme là-bas. Elle te donnera de quoi te décrasser, et crois moi, rien n’est mieux pour combattre les effets de l’alcool que d’avoir la peau fraîche ! Va ! Qui plus-est, voici ta première leçon ! L’alcool peut a la fois être un remède et un poison, si tu t’étais retrouvé en situation dangereuse, tu aurais a peine pu tenir sur tes jambes ! Sans compter que nous aurions pu empoisonner ta boisson. A l’avenir, n’accorde pas ta confiance aussi vite, même si tu ne craignais rien cette fois-ci. »
Il opina du chef et serra la main de Draz avec un sourire pour le remercier de son accueil et de ses conseils. Il se dirigea vers la femme qu’on lui avait désigné, qui, sans un mot, lui donna un seau rempli d’eau claire et des chiffons, lui intima de se dévêtir pour qu’elle lave ses vêtements et le laissa seul dans la cabane. Il entreprit de frictionner son corps et s’aperçut qu’effectivement, les effluves de la boisson semblaient se dissiper  au fur et à mesure que sa peau frissonnait sous l’étoffe mouillé. Lors qu’il eut fini, il sortit de la cabane et vit un homme en tenue :
« Suis-moi, je t’emmène voir le Doyen. Ne te fais pas de souci pour ton accoutrement, il est de traditions chez nous de venir presque nue lorsque l’on a un entretien avec Lui. »
Il le suivit jusqu’à une cabane plus grande, plus haute et mieux construite que les autres. Il avança un pied après que le garde l’eut annoncé, et observa la demeure du chef des écureuils. Les linteaux et autres poutres était superbement sculptés aux motifs de l’écureuil, avec  des feuilles de chêne, des glands, des branches. Toute la structure était recouverte d’un lierre épais et dense, il régnait dans cette pièce la tranquillité d’un sanctuaire et la fraicheur de l’hommage rendu a la nature en tant que demeure.
Il s’avança au milieu de la pièce apparemment vide et se tint debout, attendant que le doyen se montre, lorsqu’il entendit sa voix :
« Te voilà.
Il regarda partout autour de lui pour essayer de dénicher le vieil homme mais ne vit rien.
-Là. En face de toi.
Il fixa plus attentivement et aperçut la silhouette qu’il avait prise pour une statue se lever lentement. Il vit que l’emplacement ou se tenait le vieillard était en fait une alcôve entourée de branches qui laissaient un espace dégagée permettant de voir l’ensemble du village. Il s’inclina.
-Cette ouverture est mon point de concentration. Ici, je suis apte a voir et a sentir tout ce qui se passe dans le village et aux alentours. Je me connecte aux réseaux des branches, et je deviens part de la forêt. Je m’efface et je deviens le bois. Voilà pourquoi tu ne m'a pas vu, voilà également pourquoi tu ne pouvais pas flairer mon odeur. J’arrête de trahir ma présence quand je suis dans cet état.
Il n’y avait pas pensé, il aurait dû le sentir. Après réflexion, le vieil homme dégageait une odeur de mousse et de lichens broyés, de bois et d’eau. Pas de marqueur olfactif propre, et bien que son palais souffre encore de ses excès de la veille, il était passablement désemparé de se retrouver devant quelqu’un qui avait la même odeur qu’une maison.
-C’est mon devoir, en tant que chef de mon peuple. Depuis le grand Sapion, qui a fui les guerres des plaines et est venu se réfugier ici, le premier à avoir noué une amitié avec les écureuils, notre peuple tend à s’intégrer parfaitement a la forêt. Nous vivons de chasse, de pêche et de cueillettes, et nos enfants naissent dans les cimes, ne font leur premiers pas sur le sol qua l’âge de 5 ans. Tout habitant de mon village a su sauter de branche en branche avant de savoir marcher. De plus, nous rançonnons les voyageurs car nous considérons cette forêt comme notre territoire. Nous avons accumulé nombre de trésors et d’objets qui nous sont inutiles, nous ne faisons pas de commerce, de temps en temps du troc avec les représentants d’autre clans ou les voyageurs de passage. Pour ainsi dire, nous avons beaucoup et besoin de peu.
Notre garçon écoutait, intrigué. Où voulait-il en venir ? Simplement l’instruire sur les us et coutume de son clan ?
-Si  j’ai pris le temps de t’instruire de notre mode de vie, c’est pour t’expliquer le cas de cette jeune fille que tu as rencontré de prime abord, Tilt. Elle est orpheline de la grande guerre d’il ya 16 ans, nous l’avons recueilli et élever comme l’une des nôtres, mais elle n’a jamais su ni voulu s’intégrer parmi nous. Il ya quelques années, son regard s’est tourner vers la ville, et elle a nous a voler pour partir tenter sa chance. Elle a emporté avec elle une grande part de nos trésors. Lorsqu’elle est revenue, poursuivie par de sombres forces, nous l’avons protégé selon notre serment qu’un écureuil ne restera pas les bras croisés devant un des siens en danger. Mais crois-moi, beaucoup ici ne lui ont jamais pardonné et il a fallu que je fasse preuve d’autorité pour lever les troupes et mettre en déroute ses agresseurs. La plupart d’entre nous ne la considéraient plus comme un membre de notre clan et l’aurait bien laissé se faire écharper sous nos arbres sans ciller. Après l’avoir sauvée, nous avons décidé de la bannir de notre village, et lui avons installé un abri a l’écart de la forêt.
Cependant, sa cupidité n’est pas assouvie et, comme tu as pu le constater, elle détrousse sans vergogne les voyageurs.  Elle génère une image de nous qui ne nous plaît pas, nous avons reçu plusieurs avertissements du gouverneur du Daimyo qui nous sommaient instamment de cesser les attaques sur les voyageurs. Cela n’a que trop duré. Mais je répugne à la chasser de la forêt. Je ne peux pas non plus l’autoriser à rester ici plus longtemps, nous avons toujours tenté de vivre loin du monde et des ses ennuis, elle risque d’amener la foudre, et pour nous qui vivons sous les arbres, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas nous permettre. Voilà pourquoi j’aimerai que tu partes avec elle. J’aurai l’esprit plus tranquille si je la sais accompagnée, je ne te demande pas de la protéger ni de renoncer a ta quête, mais garde un œil sur elle, au moins jusqu'à Scoppa. Arriver là, son destin ne regarde plus qu’elle. Peux-tu faire sa pour moi ?
Il hésita un moment, puis considérant somme toute que cela ne l’engageait pas réellement, il acquiesça.
-Bien. Merci à toi. Tu dois te demander pourquoi j’ai l’air de savoir des choses à ton sujet que je ne prends pas la peine de t’expliquer ? Et bien, si je ne me trompe pas, et je ne pense pas que ce soit le cas, tu dois absolument le découvrir par toi-même, ou plutôt, il te serait inutile que je te le dise. De plus, c’est une trop grosse responsabilité pour que je me permette de te révéler ce que je sais. Je peux simplement te dire quelque chose, si tout se passe comme il se doit, ton mutisme ne durera pas. Merci encore pour servir d’escorte a cette chipie jusqu’à la ville. Va, maintenant, mes prières t’accompagnent.
Il se retourna et s’installa à nouveau dans « l’alcôve de vigilance », se pétrifia presque instantanément et de nouveau le garçon fut stupéfait par la vitesse à laquelle le vieil homme disparaissait du champ de ses perceptions. Il s’inclina pour la forme, et sortit.
Devant la porte de la cabane, ses affaires l’attendaient ainsi que de nouveaux habits plus solide et résistant que les anciens. Il s’aperçut qu’on avait garni son sac de nouvelles victuailles, pains et fruits secs, et qu’on lui avait fourni une outre plus grande pour transporter son eau. De plus, un petit sac était accroché à sa ceinture, rempli d’herbes, de bandes et de flacons divers. Sans doute un nécessaire de pharmacopée. Il se réjouit de ce nouvel apport et se dit que si chaque clan qu’il croisait sur sa route lui réservait un accueil similaire, il n’aurait pas de souci à se faire durant son voyage. Il enfila ses nouveaux vêtements, une chasuble bleu clair aux manches échancrée, complétée par une large ceinture de cuir à l’effigie du clan des renards où il passa sa dague, et un Bliaut vert feuille qui lui donnait une allure très noble.  Il enfila par-dessus un gilet de cuir d’où pendait une capuche dans les mêmes tons verts. Il nota également une cape de pluie tressées en fibres de roseau, traité de manière à être extraordinairement souple et légère, qu’il plia en quatre et rangea dans le fond de son sac. Paré, il descendit l’échelle et se rendit sur la grande place ou les habitants était réunis en cercle, au milieu duquel il aperçut Draz et Tilt en pleine conversation animée :
« Tu as assez empoisonnée notre forêt, Tilt ! C’est une décision du doyen, on ne te demande pas ton  avis ! Ne me force pas à te ligoter pour te balancer sur le chemin !
-Alors non content de me bannir du village, je suis chassée de la forêt ! Vous m’envoyez vers une mort certaine ! Mais bien sûr, j’imagine que sa ne vous fait pas grand-chose !
-Exactement ! Lorsque l’on t’a vu revenir pleine de plaies, sous les flèches de tes poursuivants, nous étions peu nombreux à vouloir les empêcher de fertiliser le sol avec ton sang ! Il y a effectivement peu de chances que tu use de chantage affectif avec nous ! Sache que tu ne dois ta vie qu’a la clémence du Doyen ! Tu as vécu en paria, tâche au moins de nous quitter avec noblesse !
-…Très bien ! De toute façon, il vaut mieux que je meure dans les forêts de pierres plutôt que la gorge tranché par l’un de vous !
-Personne ne salirait ses mains avec ton sang, écureuil manqué ! Tu ne mérite pas de fouler les branches, elles tressaillent de dégoût à chacun de tes pas ! Rampe dans la poussière comme ceux que tu admire tant et ne reviens jamais ici. Une fois l’orée de la forêt passée, tu redeviendras une ennemie du clan ! Tiens le toi pour dit ! »
Sur ce, il tourna le dos et quitta la grande place pendant que la foule se dispersait, ne laissant que Tilt et notre héros sur la grande place. Il fixa la jeune fille un moment puis, d’un signe de tête, l’incita à le suivre. Elle lui lança un regard noir et lui emboîta le pas, l’air maussade. Ils descendirent les échelles, mirent pied a terre et se dirigèrent vers la sortie du bois.
« Me coller un muet comme compagnon de voyage, je vous jure ! Ils auraient pu trouver un sort moins cruel quand même ! Et puis, je ne suis pas un bandit de grand chemin ! Oui, j’ai détroussé deux-trois voyageurs, j’ai peut être égorgé quelques récalcitrants, mais je ne suis pas la plus grande voleuse d’Amotia ! Je jure que si je reviens ici je ne laisse qu’un tas de cendres !
Il se retourna et la fixa avec un dédain manifeste. Il n’aimait pas cette fille. Non contente de déshonorer ceux qui lui avaient permis de vivre jusqu’ici, elle allait jusqu'à les menacer de représailles. Quelle ingratitude ! Elle était manifestement dénuée de principes et de valeurs morales, et il se languissait déjà de la lâcher en ville. Il lui fit signe de passer devant, il ne voulait pas risquer un autre coup fourré de sa part, avec ce genre d’individus, on en se méfie jamais assez. Ils continuèrent leur chemin dans le silence, et arrivés devant la cabane de la voleuse, ils aperçurent qu’elle avait été démantelée, les affaires de Tilt étant réunis dans un petit paquetage au pied de l’arbre. Par ce geste, les écureuils lui signifiaient clairement qu’elle n’avait plus sa place dans la forêt. Elle s’agenouilla un instant, comme pour faire le deuil, puis ramassa son sac et ses effets et ils continuèrent leur chemin vers Scoppa.     

#12 20 Sep, 2011 08:35:59

debyoyo

découverte d'un nouveau clan, un groupe de voyageur se forme. Ca commence à prendre forme. Vivement le prochain chapitre


Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)

L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)

#13 20 Sep, 2011 11:56:41

lysgris

oui, en fait j'ai tendance a décrire à mort et mon héros va subir pas mal d'initiation donc peut-être que cela manquera un peu d'action... En fait , je dois précisément écrire le début des "péripéties a proprement parler". Je posterai le prochain chapitre ce soir ou demain, merci a toi de lire!

Last edited by lysgris (20 Sep, 2011 11:58:36)

#14 20 Sep, 2011 12:20:00

debyoyo

C'est parfois pas plus mal de décrire à mort, ça permet de bien comprendre chaque univers. Le seigneur des anneaux en livre est ultra détaillé si bien que pour faire parfois une action elle commence à une page et finit 5 pages plus loin, c'est l'univers Tolkien


Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)

L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)

#15 20 Sep, 2011 17:45:55

lysgris

CHAPITRE 3 : LE CHIEN ET LE RAT

Scoppa était une « forêt de pierre » comme l’appellent les nomades,  faites de maisons carrées, sans aucune finesse architecturale, un endroit immonde où régnaient la corruption, la fange et l’avarice, bref  une ville comme tant d’autres à la surface d’Amotia. Ils marchèrent le long des rues pendant un petit moment , et notre héros se demandait comment faire comprendre a la voleuse qu’il voulait continuer le chemin seul , mais elle semblait perturbé , marchait en baissant la tête , et tremblait a chaque coin de rue , devant chaque porte ouverte. Il ne comprenait pas d’où lui venait ce trouble ; Pour sa part, il se sentait fort mal à l’aise, l’endroit empestait et grouillait de sons inhabituels a son oreilles, ses sens était submergés par la rumeur de la ville et il se sentait vulnérable, impossible de repérer une odeur ou un son dans ce capharnaüm. Ils passèrent le marché où les doigts habiles de tilt fauchèrent un châle couleur crème qu’elle noua sur ses cheveux. Devant le regard intrigué et désapprobateur de notre ami, elle se résolut à lui expliquer :
« Pourquoi je me cache ? Vois-tu, le roux de mes cheveux peut faire croire que je suis une renarde et donc attirer l’attention sur moi, et s’il y a bien quelque chose que je ne veux pas, c’est être repéré. Lorsque je suis venu ici pour la première fois, j’étais riche du trésor des écureuils, j’ai vécu comme une princesse pendant plusieurs mois, comme une enfant, sans songer que mon comportement pouvait m’attirer des ennuis. Tu vois ces hommes ?
Notre héros vit un groupe de soldats, tout de plates vêtu, lourdement armé et marchant au pas, qui arborait en guise de blason un os et une paire de croc. Il semblait manifestement être une sorte de milice qui patrouillait pour faire régner l’ordre ou quoi que ce soit d’autre, on pouvait les voir rudoyer les mendiants et se servir sur les étals comme des maraudeurs, invectiver les passants et tous bombaient le torse pour faire comprendre qu’ils étaient la « force » en vigueur dans cette ville.
-Ce sont les soldats du clan du chien, le maître de cette ville. Tu vois le palais là bas ?
Son regard se tourna vers une immense construction qui surplombait la ville , un édifice imposant qui débordait de luxe superflu et qui semblait être toujours en chantier , tourelles , créneau et mur orné de gravures stylisée , coupole luisantes dont l’utilité et la signification échappait complètement au jeune homme.
-Il ne sera jamais terminé, car le seigneur du clan voit toujours plus grand. Il prône l’appétit légendaire du chien pour justifier l’augmentation des taxes, les tributs de plus en plus lourd et la mégalomanie de son palais, bref, une ordure ! Les gens d’ici vivent dans la crainte permanente des milices et se saignent comme ils peuvent pour ne pas voir leur maison brûler ou leurs enfants emmener au palais en tant qu’esclave. De plus ils sont corrompus jusqu’à la moelle par ceux là…
Elle lui désignait trois hommes vêtus de noirs qui semblaient guetter au coin d’une rue.
-Le clan du rat. Ils sont la force souterraine de Scoppa, ce sont eux qui profitent du crime dans cette ville. Tout est sous leur contrôle ou sous celui des chiens. Ils sont également les émissaires du chien pour toutes les opérations dites « spéciale », capture, rançonnement, mise a sac…ce sont des mercenaires, sans foi ni loi. C’est un Clan très puissant, présent sur toute la surface d’Amotia, ou plutôt devrait-on dire, sous la surface !
Pour en revenir a mon histoire….je vivais donc dans un luxe outrancier, dépensant mon argent sans compter et faisant tout pour me faire remarquer, je louais les meilleures chambres des meilleurs auberges, je me parais des atours les plus coûteux, je vidai les stocks des commerçants pour le simple plaisir de pouvoir le faire. Un jour, je reçus une invitation à me rendre au palais pour rencontrer sa majesté Dogan premier, le Chien Alpha, ou « le grand croc », gouverneur du Daimyo et roi de Scoppa. Ravie, je m’apprêtais comme une reine et me rendit au palais dans une calèche que le maître des lieux avait affréter a mon intention.
Lorsque je fus parvenu au palais, on m’introduisit dans la salle du trône où je dus patienter avant de pouvoir rencontrer Dogan. Il se présenta quelques minutes plus tard, accompagner d’un jeune homme a peine moins âgé que toi qui portait un long sabre a la ceinture et qu’on me présenta comme le fils du roi, ainsi que d’un homme encapuchonnée  que j’identifiais aisément comme le maître du clan du rat.
« Ainsi donc voici la demoiselle qui fait tant parler d’elle dans notre ville, puis-je savoir votre nom ?
Je m’inclinais avec déférence
-Tilt, votre majesté.
-Enchanté ma chère ! J’ai ouï dire d’une demoiselle à la chevelure de feu qui avait débarqué dans notre cité les poches pleines et qui balançait son argent aux quatre vents comme si elle disposait d’un trésor plus grand que celui du royaume !
-Je n’ai pas une telle prétention, votre majesté.
-je n’en doute pas…Alors, Tilos, qu’en penses-tu ?
-C’est elle votre majesté, sans aucun doute, répondit le maître rat
-Ah ! Très bien très bien…vois-tu jeune fille, mes espions m’ont rapporté qu’il ya  peu, les écureuils de Timpal ont été victime d’un larcin, ce qui est pour le moins surprenant quand on pense qu’en règle général ils sont plutôt voleur que volés ! Ce rapport parlait d’une jeune fille aux cheveux roux qui leur auraient dérobé une partie de leurs trésors, une renégate de leur propre clan, répondant au doux nom de Tilt. Dites-moi, ma chère, pensiez-vous réellement pouvoir perpétrer vos méfaits dans ma ville ? Pensiez-vous réellement que Scoppa serait assez éloigné de Timpal pour que personne ne fasse le rapprochement ? Pensiez vous vraiment ne pas avoir besoin de changer votre nom, être libre après avoir dépouillée votre propre famille ?
J’étais pétrifiée. Quelle imbécile ! La liberté et l’argent m’avait aveuglé a tel point que si je n’étais  pas châtier par les chiens, ils pourraient tout a fait me livrer aux écureuils qui se chargeraient, eux, de me faire payer au centuple mes mauvaises actions. Je m’étais conduite comme un écureuil avec sa première noisette, et tout ce que je voyais pour mon avenir se désagrégeait lentement devant mes yeux, tandis que les deux chefs de clan me toisaient avec un sourire narquois. Je tremblais de peur et de dégoût envers moi-même ! Comme j’avais été stupide !
-Allons, allons jeune fille, reprenez-vous !  Nous ne vous livrerons pas à votre famille qui s’empresserait de vous mettre en pièces, si vous vous montrez coopératives. Bien sûr , le clan du rat est déjà dans votre chambre d’hôtel où ils sont occuper a récupérer toutes les richesses , qui , convenons-en , seront bien mieux employer par le gouvernement que dépenser en robes et autres fanfreluches pour jeunes filles. Vous êtes d’ores et déjà pauvre comme au jour de votre venu au monde, et c’est là que j’interviens. Voyez-vous , le Prince semble avoir quelques difficultés a s’exprimer , que ce soit ici même où entre deux draps…J’attend de vous que vous preniez en main son « éducation » , vous deviendrez ainsi sa première maîtresse officielle , vous l’initierez aux choses de la vie et de l’amour , et j’entend également que vous le conduisiez sur le chemin de trône , car malgré cette bourde énorme que l’on peut mettre sur le compte de l’inexpérience , je vois dans vos yeux assez de tranchants pour saisir les ficelles de la politique et en faire part a mon héritier. Inutile de vous précisez que vous n’êtes pas en mesure de refuser cette proposition…
J’étais révulser par cette idée, moi qui avais toujours tiré orgueil de mon indépendance, mais c’était tout de même préférable a la mort, et devenir la nourrice putain d’un prince simple d’esprit ne devait pas être si désagréable…
-Merci infiniment majesté, je vous suis redevable et m’acquitterai de mon devoir de maîtresse avec honneur et gratitude.
-Bien ! Très bien…tant que tu vivras sous mon toit et sous mon aile,  tout devrait bien se passer… »
On me conduisit dans mes appartements, ou une foule de servantes et d’esclaves s’empressèrent de me laver, de m’habiller et de me parfumer, on coiffa ma chevelure et on me mena dans les appartements du prince. Pour ainsi dire, j’allais faire connaissance avec la partie « délicate » de mon métier, mais jusqu’à présent, j’avais l’existence dont je rêvais. Chose étrange que de se dire que la mauvaise fortune peut vous mener précisément où vous vouliez vous trouvez ! Je m’assis a la table du prince , où l’on m’avertit que ce dernier était muet , qu’il ne fallait pas que j’attende des réponses de sa part sous peine de le mettre mal à l’aise …(à cet instant précis , notre héros regarda la jeune fille d’un air intrigué ) Oui , muet ! Tout comme toi d’ailleurs, et il avait mêmes yeux que toi, cette couleur jaune ambré… vous avez…comme un air de famille. Enfin ! Nous mangeâmes dans un silence complet et lorsque les domestiques furent parti , je pris la main et l’entraîna dans la chambre a coucher…Je m’apprêtai a faire mon office , me dévêtir lorsque le prince m’arrêta d’un mouvement de main , m’enjoignit de m’étendre sur le lit et s’installa a son bureau , commençant a griffonner des schéma et a lire des traité…N’étais-je donc pas a son goût ? Un peu frustrant mais pour ma part, cela m’arrangeai…Je n’aimais pas me sentir obligée et puis il était un peu jeune pour moi. J’ai donc passer la nuit dans sa chambre et rejoignit mes appartements le lendemain matin. C’est ainsi que se passèrent les 10 premiers jours de mon existence au palais , le prince refusait de me toucher , ou plutôt devrais-je dire qu’il refusait de se laisser toucher , car pour m’acquitter de ma dette envers Dogan je me devais de déflorer le prince , mais tous les subterfuges que j’essayait n’ont rien donner …les aphrodisiaques semblait n’avoir sur lui aucun effet , l’alcool le fit vomir et dormir , la lingerie le laissait froid…Je n’avais pour récompense de mes tentatives qu’un sourire amusé et désolé. Un soir, il ne me fit pas mander. Le lendemain soir, il vint dans mes appartements apparemment perturbé, m’enlaça simplement et me serra contre lui pendant son sommeil.
Lorsque Dogan m’interrogeait sur les progrès de mon entreprise, je n’avais pour toutes réponses à lui donner que le prince ne semblait pas prêt, pour ma part, j’en étais venu à douter de son goût pour les femmes, ou pour la chair tout simplement. C’était un jeune homme très triste. Il passait ses journées à s’entraîner aux maniements des armes, à la politique ou aux lettres, il jouait un peu de musique de temps à autres, et se réjouissait des spectacles des ménestrels comme un enfant ! Je ne voyais rien de son père en lui, et je ne pense pas qu’il se voyait diriger le royaume.  Un jour que je le trouvais mou entre mes doigts une fois encore, il résolut de m’écrire un mot : « Pardonner mon manque d’enthousiasme, il semblerait que vous attendiez de moi quelque chose que je ne peux vous donner, je sais que je suis supposé avoir une réaction, et croyez bien que vous ne me laissez pas indifférent, simplement, ce que vous attendez est enfoui trop profond en moi pour que je puisse l’en extraire. Mes excuses, ma dame »
Je fus prise de compassion pour ce jeune homme torturé, qui avait le poids de tout un royaume sur les épaules et qui regardait les spectacles de marionnettes comme il aurait dû regarder mon corps nu…
Un soir, dans ma chambre je me limais les ongles et le roi en personne vint me rendre visite. Il rentra sans s’annoncer, titubant, manifestement aviné :
« Alors, mademoiselle, on ne s’ennuie pas trop dans un si grand palais ? Je me doute que suivre le quotidien du prince n’a rien de palpitant, c’est pourquoi je viens vous rendre visite, peut être pourrions nous trouver un moyen de jouir de notre compagnie mutuelle... »
L’éclat lubrique de ses yeux  ne laissait aucun doute quand à la nature de nos « distractions » et je me résignait a gémir sous le poids de cet homme ventru et imbibé d’alcool , sentir sa sueur , ses mains brutales sur mon corps…Il était en droit de l’exiger , d’autant plus que je ne remplissais pas mon devoir au près du prince , il me savait obligée, et tandis qu’il délaçait mon corsage , je vis qu’il prenait un plaisir malsain a savoir que je n’avais pas l’envie mais que je m’offrais malgré tout…au dernier moment , lorsqu’il libéra son membre et le tendit vers moi , je n’y tint plus :acculée , je saisis la lime et lui plantait dans les bourses , le repoussait et courrait a toutes jambes vers l’entrée du palais , croisant gardes et loufiats étonnés de me voir courir a en perdre haleine avec du sang sur les mains. Rapidement, je fus coursé par la milice et je ne réussis qu’a les semer en grimpant aux arbres du parc du château, je quittais l’enceinte par le même chemin.  Une fois dehors, je fis tout pour me dissimuler car les patrouilles étaient plus nombreuses et aussi plus acharnée, de plus, je devais découvrir que les portes de la ville étaient closes, et que ma capture serait la clé qui les ouvrirait. Dogan, humilié et trompé, avait offert une récompense à qui me livrerait, mis tout ses soldats sur le coup, retournait les auberges et brûlais les granges pour me retrouver et me faire payer les avaries de son entrejambe. Tôt ou tard, il me trouverait, Scoppa n’était pas assez grande pour que je leur échappe, et je ne pouvais pas me permettre de me montrer en publique a cause des rats, multitude discrètes qui espionnait pour le compte du roi. La nuit me permit de contourner leur vigilance .Je résolus donc de tenter quelque chose, de stupide, certes, mais qui me permit de m’abriter dans la forêt, je préférai finir tuer par mon clan natal que d’être violer par ce fils de chien galeux puis écartelée en place publique…Je me rendis  devant les portes et entreprit de les escalader. Mon ascension n’avait rien de franchement difficile si ce n’était qu’à la moitié du parcours j’entendis un cri et des flèches furent décocher dans ma direction, sifflèrent a mes oreilles, et finalement l’une d’entre elles vint se planter dans une de mes épaules. Sais-tu combien il est douloureux de bouger son bras avec une flèche dans l’épaule ? En temps normal , c’est impossible , mais là , je faisais fi de la douleur pour continuer l’escalade , je parvint sur les remparts où je dus éviter les tirs des gardes , qui redoublèrent d’intensité , je descendis l’échelle en me broyant la cheville a l’atterrissage , et je détalai comme un lièvre en direction de la forêt. Comme tu as pu le constater, Timpal n’est pas très éloigné, deux ou trois lieux tout au plus, mais avec la cheville tordue, une flèche dans l’épaule, et les chiens de chasse derrière moi, qui ne pouvait me louper puisque mon sang se répandait abondamment sur mon chemin, je te garantis que ce fut les lieux les plus longues de ma vie ! J’ai couru comme jamais mais les chiens et les archers me talonnaient de près, et je reçu d’autres traits au fur et à mesure qu’ils me rattrapaient. Ils avançaient prudemment mais sûrement, commencèrent à accélérer quand ils se rendirent compte que j’escomptais me réfugier dans la forêt, et je reçus un trait dans le dos au moment donné où je passais sous le couvert des arbres, perdant connaissance. Lorsque je me suis réveillé, j’étais au village des écureuils, lavée et soignée, entourée des habitants qui me regardaient sévèrement. Ils me firent part de leur mécontentement et me chassèrent du village sans aucune explication. J’appris plus tard que les chiens, par ma faute, avait porté la guerre jusque dans la forêt, guerre qu’ils avaient perdu ne connaissant pas le terrain contrairement aux écureuils, entraîné a la guérilla. Cela dit, la forêt avait failli brûler et nombre d’écureuils étaient morts. Je ne suis en vie que grâce au doyen des écureuils et à leurs anciennes lois qui stipule de ne jamais verser le sang d’un autre écureuil…Je dois tout au Grand Doyen. C’est lui qui a choisi de me recueillir et c’est lui qui a pris la responsabilité de me laisser en vie. Enfin…Maintenant, tu sais pourquoi je dois me cacher…c’était il y a 4 ans, mais personne n’a oublié la « lime du grand croc » et je suis sûre que la récompense pour ma capture tient toujours…Voilà également la raison pour laquelle le Doyen t’a envoyer avec moi, tant que nous restons ensemble, ils nous prennent pour des voyageurs. Ne t’inquiète pas, je ne serai pas un poids mort ! Mon aptitude a la fauche te sera sûrement utile, tiens, tu as faim ? »Dit-elle avec un grand sourire et un clin d’œil espiègle, lui montrant une pomme qu’elle venait juste de chaparder
Il l’a prit alors qu’un sourire naissait aux coins de ses lèvres, et ils continuèrent leur chemin parmi la poussière, les mendiants vindicatifs, les étals plus ou moins garnis et, partout présent, le signe de l’os et du croc comme unique point de repère. Quelques rues plus loin, ils virent un sigle frappé d’un choppe en dessous duquel était écrit : « Les tables en voyage ».
« Arrêtons-nous là. »
Elle poussa la porte de l’auberge et ils pénétrèrent dans une vaste salle éclairée par des chandelles et un feu ronflant, une structure en bois poli, chaleureuse et confortable. Des tables rondes étaient disposées ici et là, et la clientèle se résumait pour l’instant a deux trois habitués et un groupe de pèlerins, aux bures couleurs crème et à l’allure austère. Ils s’installèrent à une table et l’aubergiste, un homme maigre aux traits burinés vint prendre  leurs commandes :
« Je m’appelle Fréon, bienvenue aux tables en voyage ! Messieurs-dames souhaite une chambre ou simplement de quoi remplir l’estomac et rafraîchir la gorge ?
-Nous prendrons tout cela, deux choppes de votre bière et un ragoût à partager, nous passerons la nuit ici.
-Très bien Mamzelle, si vous voulez bien me suivre, je vous montrerai votre chambre, pendant que ma fille vous apporte de quoi vous sustenter ! Je vous prierai également de régler à l’ avance, vous savez ce que c’est…trop de gens s’en vont par les fenêtres quand vient le moment d’effacer leur ardoises !
- Attends-moi ici, je reviens, je paye cette nuit, mais la prochaine est pour toi ! Compris ? » Dit-elle au jeune homme en suivant l’aubergiste.
Quelques minutes plus tard, deux chopes de mousseuse atterrir sur la table accompagné d’un sourire radieux de la part de la fille de l’aubergiste. Il avait goûté du vin pour la première fois chez les écureuils et il se demandait quels tours allaient lui jouer la « bière », ce liquide épais et ambré. Les premières gorgées lui furent un peu désagréables mais il se souvint que le vin lui avait fait le même effet au début et quelques lampées plus tard, il accueillait avec plaisir l’ondée fraîche dans sa gorge mais qui réchauffait son corps. Tilt revint et le temps s’écoula, sirotant leurs bières, puis vint l’heure du ragoût, plat fumant qui embaumait la pièce, garnie de pommes de terre. Note héros se découvrit un appétit de loup et Tilt dû se battre avec lui pour manger sa part, tant il engloutissait des cuillères dans sa bouche a une vitesse ahurissante, manquant de se brûler au début et de s’étouffer quelques fois : « Ben dis donc ! On a l’impression que t’a jamais manger de ta vie ! Calme toi mon ami, après tu auras mal au ventre, et je n’ai pas envie de traîner un muet malade ! »
S’il avait pu parler, il lui aurait bien rétorqué qu’il ne savait pas trop qui traînait qui ici, mais il se contenta de lui lancer un regard torve derrière son assiette. Il se fit également la réflexion qu’il ne savait pas lire. S’il était amené à voyager dans d’autres villes comme celle-ci, cela pouvait être un sérieux handicap…déjà qu’il ne pouvait pas parler…
Leur repas terminé, ils commandèrent une autre choppe et vécurent leur digestion dans la chaleur et le confort de cette petite auberge, ma foi fort bien tenu. La bière commençait à monter a la tête de notre ami et Tilt lui fit la réflexion en voyant sa tête dodeliner : «Je ne sais pas qui tu es, mais une chose est sûre, tu es encore un enfant ! J’imagine que tu n’a jamais toucher de filles pas vrai ?
Il secoua la tête à la négative sans aucune honte. Dans le clan de renard, n’importe qui pouvait s’unir ou copuler avec n’importe qui, mais aucune fille n’avait jamais paru s’intéresser a lui, et il devait bien s’avouer n’avoir jamais cherché la compagnie du sexe opposé. Il était resté dans son coin à œuvrer pour le clan ou a s’entraîner a la lutte. Bien que les femmes ne lui déplaisent pas, il ne s’était jamais senti le droit d’avoir de telles prétentions.
-Sa ne m’étonne pas ! Tu sais, (elle baissa d’un ton a ce moment) tu me fais vraiment penser au Prince. Vous êtes pareil , comme si vous étiez toujours occupé a attendre quelque chose ou a penser a quelque chose d’extrêmement grave , comme si votre propre existence ne vous appartenait pas…Pour le Prince , je peux comprendre mais toi…tu n’a pas spécialement de responsabilités ou quoi que ce soit ? N’as-tu jamais ri ? Ne t’est tu jamais amusé ?

Il fouilla sa mémoire et se souvint des rires innocents, des sourires perdus de son enfance, mais il y avait un fond de vrai dans ce qu’elle disait : Il ne s’était jamais donner le droit de vouloir rire. Jamais une seconde il n’avait pu penser a une existence heureuse et paisible. Comme si…En lui, quelque chose hurlait sans cesse. Il lui adressa un regard triste et replongea le nez dans sa bière.

-Pauvre petit. Et bien, navré, mais je ne t’emmènerai pas t’amuser avec les putains de la ville, et pour ce qui est de l’alcool, je propose que nous en restions a cette choppe, avant que tu ne t’écroule !

A ce moment précis, la porte de l’auberge s’ouvrit avec fracas et 5 hommes en armure pénétrèrent dans la grande salle. Ils toisèrent avec dédain tous les clients, s’accoudèrent au comptoir et apostrophèrent l’aubergiste :
« Hé ho, Fréon ! Ramène donc ton horrible trogne ici et donne à rincer nos gosiers, nous sommes secs d’avoir défendu la cité des truands pendant que tu prépare des ragoûts !
Les autres soldats partirent d’un rire gras tandis que Fréon apparaissait, l’air contrit et la mine basse.

-Voilà pour vous, soldats.
-Merci bien mon ami ! Alors comment se passe les affaires ? La part du croc sera-t-elle généreuse ?
-Je payerai mon tribut en temps et en heure, soyez-en sûr ! Vous pouvez dire au roi qu’il n’y pas plus accommodant que Fréon l’aubergiste…
-Je n’y manquerai pas ! Tu ne voudrais pas voir ta fille finir bonne au château hein ? Alors qu’avons-nous ce soir ? Du pèlerin ? Pouah ! Encore ces cul-bénis qui traverse le pays en long et en large pour prôner l’amour pour tout les hommes ! Théogale l’ivrogne ! Je ne suis pas surpris de te trouver là, vieille outre ! A peine Fréon ouvre t-il les portes que tu as déjà une choppe a la main n’est-ce pas ? Oh ! Des nouveaux venus ! Je ne vous ai jamais vu dans le coin…Vous êtes de passage ?
-Oui, nous voyageons vers Aldrin, nous faisons halte ici pour la nuit. répondit Tilt
-Et bien, voilà une charmante frimousse, avec un regard de feu ! Accompagne nous à la caserne et je te ferai passer la meilleure nuit de ta vie !
Coups de coudes dans les côtes et rire gras, plaisanterie de soldats, supposa Tilt
-Merci bien, seulement voyez vous, mon frère et moi-même ne pouvons pas nous séparer...le pauvre est muet…je ne peux décemment pas le laisser tout seul ici.
-Je te crois ma belle ! Mais peut être qu’on pourrait lui faire changer d’avis à ton frangin, tout muet qu’il soit ! Alors, gamin, dis moi, sa t’ennuie si on réquisitionne ta sœur jusqu’au lever du jour ?
Le jeune homme tremblait, et son tremblement s’accentuait au fur et à mesure que l’homme se rapprochait de lui.
-Répond moi donc ! Allons, pense à son bonheur! Elle ne doit pas s’amuser tout les jours à trimballer un boulet comme toi ! »
Depuis que ces hommes étaient rentrés dans l’auberge , une odeur pestilentielle s’était imposé a notre héros, s’insinuait dans ses sinus, emplissait sa tête , le rendait malade , brouillait sa vision…des sons lointains retentirent dans sa tête , une odeur de fumée , des cris , des rires malsains qui résonnait , et ses pleurs , ses pleurs qui bientôt s’arrêtèrent lorsqu’il se souvint d’un bâillon qui se nouait autour de son visage , et le contact d’une cache étroite dans lequel une femme le dissimulait, une femme qui lui chuchotait de se calmer , que tout irait bien…et la mort , cette odeur de cadavre partout , cette odeur qui s’associait aux parfums que dégageait ces soudards  , cette odeur qu’il ne pouvait pas supporter plus longtemps…
Du point de vue de Tilt, tout alla très vite… Notre héros se leva soudainement, dégaina sa dague et trancha la gorge de l’officier, d’un geste sec et précis, puis saisit la lance du cadavre et la planta dans le corps du soldat le plus proche. Les trois soldats restant étaient pétrifiés, ce qui causa la mort d’un de plus par éviscération,  encore une fois d’un geste redoutablement efficace, perçant le bas ventre sous la maille et déchirant les chairs latéralement. Le jeune garçon était furieux, comme hors de contrôle, il grognait comme une bête sauvage, et s’avançait lentement vers les deux chiens restants, qui réagirent en dégainant leurs épées. Ils se déplacèrent pour se placer de chaque côté de la menace, et attaquèrent comme un seul homme. Esquivant lestement, la lame du premier soldat se ficha dans le cou de son acolyte, tandis que notre héros achevait l’autre d’un coup de dague entre les deux yeux.  Cinq cadavres jonchaient le sol, et cela n’avait pas duré plus d’une minute. Tilt était abasourdi. Que lui était-il arrivé ? Lorsqu’il se retourna, elle vit que son regard était vide, mais surtout que ses canines avaient doublé de volume et saillaient hors de sa bouche. Il revint vers le premier corps et entrepris de le mutiler de toute ses forces en poussant des hurlements, sons plus proches de l’animal que de l’humain. L’assistance restait bouche bée, le vieux Théogale en avait même laissait tomber sa choppe. Les pèlerins se signèrent plusieurs fois et récitèrent des versets pour conjurer le mal, et, au milieu de ce calme morbide, se tenait une Tilt choquée et un jeune homme couvert de sang. L’aubergiste repris ses esprits : « Dégagez d’ici ! Vous savez ce que vous venez de faire ? Maintenant, tous mes efforts pour filer droit sont foutus ! Vous avez ruiné mes affaires et des cohortes entières vont débarquer à votre recherche ! Sans compter que je vais devoir nettoyer tout sa ! Je ne sais pas qui est ce gamin, mais un conseil jeune fille, traîner avec ce diable ne t’apportera rien de bon, même si il s’agit effectivement de ton frère ! Débarrassez-moi le plancher ! »

Tilt saisit le jeune homme par la main et l’entraina au dehors, ce dernier encore hébété bien qu’il semblait être revenu à son état normal. « Est-ce que tu te rends compte que non seulement tu nous as grillé mais qu’en plus on va certainement finir écartelé avant que le lever du soleil ?
Elle lui assena une paire de gifles retentissantes, ce qui eu pour effet de  lui faire reprendre un peu ses esprits, et ils coururent en direction de n’importe où, cherchant un endroit où se dissimuler. Quelques rues plus tard, ils s’arrêtèrent sous une alcôve pour reprendre leur souffle.
-Putain, si j’avais su que je me baladais avec un danger public, j’aurais préféré finir fille de joie dans n’importe quel bouge puant de cette cité ! D’ici une heure, les rues grouilleront de soldats et les rats ne devraient pas tarder à infester la ville pour trouver où nous nous cachons…on est foutus ! Foutus ! Tu comprends ça imbécile ? Ton coup de sang va nous mener droit au gibet !
Il ne répondit rien, il ne savait pas exactement ce qu’il se passait ici, il se souvenait d’être assis dans la taverne à boire sa bière, puis qu’ensuite, la mauvaise odeur était parti…D’ailleurs, pourquoi était-il couvert de sang ? Et pourquoi courrait-il ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Il se vit, la dague a la main, trancher cette gorge, empaler cet homme… Il réalisa soudain le pourquoi du comment. C’était son premier sang. Il avait finalement tué, et il n’avait même pas compris pourquoi …
-Bref, maintenant, notre seul espoir, pardon, nous n’avons pas d’espoir ! Je suis certain que la ville est fermée et que toute la populace ouvre ses yeux et ses oreilles pour essayer de capturer les gens qui ont massacré des miliciens !
Elle s’adossa au mur et se laissa glisser sur le sol comme une vieille frusque   , couvrant son visage de ses mains , respirant fortement , tâchant de retrouver une once de sang froid , tandis que le garçon restait toujours immobile , les yeux dans le vague…Il ne parvenait pas a réaliser ce qui avait bien pu se passer…Cette odeur ,et puis ce sang…mais bizarrement , il se sentait bien…La chose qui criait en lui c’était calmée…Un sourire naquit sur ses lèvres et il commença a rire comme un mégalomane , il se sentait bien et libre , pour une fois. Il n’avait plus peur. Le futur lui importait peu.
-Voilà qu’il devient dingue , maintenant…Bon , ben j’imagine qu’on a plus qu’a attendre ici que la mort vienne nous prendre , pas vrai ?
Des sanglots cassèrent sa voix en fin de phrase, tandis que notre héros continuait à rire comme un dément.
Un homme en noir. Avec une capuche. Il les observait. Notre héros lui jeta un regard distrait, n’y prêtant pas plus d’attention tant il était euphorique, et Tilt se figea sur un masque de terreur. Quelques minutes plus tard, ils étaient tout deux assommés et ligotés, chargés sur des dos et emporté dans de sombres souterrains.

Les hommes en noir les convoyèrent a travers un dédale ou la lumière était dispensée par quelques torches qui brûlait sa et là, ils enfilaient les couloirs les uns après les autres sachant parfaitement où aller, puis ils ouvrirent une porte grinçante et y déposèrent les deux inconscients comme des ballots sur le sol .Lorsqu’ils ouvrirent les yeux, il reposait sur un sol dur et froid, dans une petite cellule où nulle lumière ne parvenait. Tilt était terrifiée et maugréait en se massant l’arrière du crâne. Elle avait vu ce rat, puis plus rien. Elle ne doutait pas du sort qui les attendait. Les rats les avaient gardés au frais en attendant de les livrer aux forces de Dogan et à la vindicte populaire. Le jeune homme, quand a lui, se remettait a peine les esprits en place, par deux fois très rapidement il avait connu une forme d’inconscience et il ne savait plus trop où il en était…Ils patientèrent dans l’abattement et la déprime quelques minutes de plus lorsque la porte s’ouvrit, laissant entrer un rai de lumière dans la pièce et découpant la silhouette d’un homme encapuchonnée qui leur fit simplement signe de se lever et de le suivre. Ils savaient que toute résistance étaient inutiles, non seulement ils ne connaissaient pas les lieux mais en plus une escouade d’une dizaine d’hommes accompagnait leur geôlier. Ils se levèrent et le suivirent docilement, la pointe d’une épée chatouillant leur colonnes vertébrales, juste au cas où leur prendrait l’envie de tenter quelque chose de stupide. Tilt était anéanti, ce qui n’était pas le cas de notre héros, qui, bizarrement, ne s’inquiétait pas outre mesure. Il ne sentait pas d’agressivité de la part de cette escouade qui les menait dieu seul savait où. Seulement une froide résolution. Et un genre de…stress ? Comme dans l’attente de quelque chose…
Après plusieurs couloirs, ils arrivèrent devant une large porte à double battants. Elle s’ouvrit de l’intérieur, révélant une haute et large salle, où brûlaient des torches qui menaient jusque devant un trône d’os, où siégeait un homme en armure de plate noire. Alignés dos aux murs, plusieurs rangées de soldats attendaient, immobiles, figés comme des statues, seul leurs souffles qui agitaient les capuches témoignant de leurs existences. Il régnait un calme austère sous les voûtes qui parsemaient le plafond, tandis que la petite troupe s’avançait vers le trône. A dix pas, ils s’agenouillèrent tous comme un seul homme, poing a terre, tête baissées. L’homme qui trônait continuait de les fixer et ne pipait mot. Après quelques secondes d’attente, sa voix retentit, résonnant dans le vide de la pièce : « Bienvenue. J’imagine qu’au moins un de vous deux sait qui je suis.
Tilt restait muette, mais elle savait qu’ils étaient en face du seigneur des rats de Scoppa, le Verminarque.
- Une jeune écureuil bannie, et un renard aux origines douteuses….l’émasculatrice du chien et un mystérieux jeune homme allergique aux milices. Vous me voyez ravi de vous accueillir dans mon royaume souterrain. Inutile de vous précisez que vous n’avez aucune chance de vous échapper. Bien. Vous n’avez probablement aucune idée de ce qui vous amène à mes pieds, n’est-ce pas ?
Tilt était toujours aussi effrayée, mais quelque chose clochait. Normalement, les rats aurait dû les livrer directement au poste de la milice la plus proche, ils n’auraient jamais pris la peine de les emmener ici, encore moins de leur ménager une entrevue avec leurs chef…
-Bon. Laissez-moi vous mettre au courant, jeune voleuse, des changements depuis votre dernière visite. Comme vous l’avez peut –être remarquez, l’homme qui vous livra a Dogan il y a deux ans n’est plus notre chef. En vérité, il n’est plus, tout court. ajouta-t-il avec un rictus.
Nos rapports avec le clan du chien ont changés, nous travaillons toujours pour eux, mais disons que notre relation n’est plus aussi…symbiotique.
Avant, nous étions le bras du chien dans l’ombre, nous étions un simple prolongement de l’autorité du roi. L’ancien Verminarque, Tilos, était pour ainsi dire le conseiller du roi. Cependant, au regard de nombre d’entre nous, ce n’était pas une position satisfaisante. Moi, Ikit, j’ai donc défié notre Souverain en combat et ait répandu son sang sur le marbre et sous les regards de notre peuple. Je fus donc proclamer nouveau Roi des rats. Ce qui n’était pas pour plaire a Dogan, qui avait peur que mon arrivée au pouvoir ne modifie l’équilibre des puissances. A juste titre. Notre ancien leader voyait le rat comme un animal vicieux et dépourvu d’honneur, bon qu’a ramper devant les chiens, s’estimant heureux s’il pouvait finir les charognes du Croc. Pour ma part, je revendique la noblesse du rat, notre capacité à s’adapter et notre résistance aux maladies. J’ai donc dissocié notre clan du pouvoir royal, et fonder mon propre royaume ici, dans les catacombes, qui, vous l’apprendrait, parsèment toute la surface du continent nord  d’Amotia. J’ai recruté de nouveaux membres aux quatre coins des royaumes, et, tel le rat, nous proliférons à une vitesse inimaginable. Notre réseau est plus développé que celui des renards et dans chaque caserne, dans chaque château, j’ai un agent qui attend fidèlement les ordres de sa hiérarchie. Je tiens l’envers du monde dans ma main, et, après quelques escarmouches où les hommes du Croc tentèrent de nous faire payer notre nouvelle indépendance, qui se soldèrent par une victoire totale de nos forces, nous avons passé un accord tacite avec les chiens. Ils peuvent avoir recours à nos services, mais au même titre que n’importe quel autre client. Ils nous ont évidemment engagés pour vous retrouver, mais j’ai d’autres plans, en ce qui vous concerne.
-Alors...vous n’allez pas nous livrer aux chiens ?
-Pas si vous embrassez notre cause. Voyez-vous, je n’ai jamais supporté ce clébard qui pense avoir la main mise sur cette cité. Quel imbécile…j’aurais pu l’empoisonner et le faire assassiner deux cents fois si j’en voyais une quelconque utilité, mais j’ai besoin de cet abruti pour conserver une façade de pouvoir…Une ville ne peut être régi dans l’ombre, le peuple a besoin d’un leader, et je n’évolue que très rarement a la lumière du soleil. Je ne peux donc pas me permettre de débarrasser le monde de cette ordure. Bref, ma proposition est la suivante. Je serai enchanté de compter « la Lime du croc » dans mes rangs, et quand à ton ami, je sais qu’il n’est pas vraiment un renard, il peut donc nous rejoindre sans risquer de perdre son honneur.
-Messire !s’exclama Tilt ! Ce serait un honneur que de contribuer à saper l’autorité du croc à votre service ! Quand a mon compagnon, vous êtes sans doute déjà au courant qu’il est muet, mais je pense qu’il accepte, n’est-ce pas ?
Le jeune homme était resté droit tandis qu’il écoutait la diatribe du Verminarque. Lorsque Tilt l’interrogea, il la regarda fixement et fit non de la tête. Il s’approcha du trône et en un soupir, des lames et piques le cernait de toute part. Il fixa le Verminarque et retira la capuche qui couvrait son visage, lui montrant ces yeux à la lumière des torches.

-Que diable ! s’exclama le seigneur rat en écarquillant les yeux ! Comme le prince !...Voilà qui explique bien des choses…Je comprend…Tu ne peux donc pas rejoindre nos rangs , mais tu souhaite tout comme nous casser les mâchoires du croc une fois pour toutes…Tout du moins , tu le souhaitera plus tard…En quelque sorte , ton existence sert notre cause. Bien ! Dame Tilt, seriez-vous rate à cet instant ?

-Mon Seigneur, je suis prête à vouer ma vie, et ravie d’entendre que le Clan du rat jouit a présent d’un Chef digne de respect. Mais que comptez-vous faire de cet énergumène ? Et pourquoi tout le monde écarquille les yeux en voyant les siens ?

-Voilà une question à laquelle je ne suis pas sûr de pouvoir répondre, mais nous allons l’aider dans sa quête. Pas question de le livrer aux chiens maintenant que je sais d’où il vient.

Notre héros avait vu juste. Ses origines étaient entourées d’un lourd secret, et quiconque œuvrait contre les chiens lui apporterait son soutien. Il était satisfait. Tilt avait trouvé un nouveau clan, et vu ses aptitudes, elle ferait une rate excellente. Quand a lui, il allait pouvoir poursuivre son voyage, et peut être même se rapprocherait-il de ses origines.

Les troupes de rongeurs désertèrent les lieux sur un signe de main d’Ikit, et ils restèrent un moment dans le silence.

-Demoiselle, je vais vous faire accompagner jusqu’à notre repaire, où on se chargera de vous introniser, et où on vous fournira l’enseignement et l’équipement nécessaire a vos besognes…Il n’y a que deux règles que vous devrez toujours respecter sous peine de voir votre gorge trancher par nos congénères : Un, loyauté absolue, fidélité, obéissance. Vous vous rendrez très vite compte de qui sont vos supérieurs, et vu votre aptitude a la voltige et au larcin, je pense que vous gravirez les échelons assez rapidement. Deux, respect, discrétion et  abnégation. Lorsque vous sortirez des catacombes, vous ne devez rien faire d’autre qu’exécuter les ordres qui vous ont été donnés et, jamais, au grand jamais, vous n’agirez de votre propre volonté. Même le plus petit rapt peut compromettre tout le clan s’il n’entre pas dans le « plan ». En dehors de vos heures de « travail », vous resterez dans les quartiers qui vous seront assignés, et dans l’infrastructure du Clan. Tout vous est autorisé sur le plan social, et j’ai récemment instauré une joute officielle pour régler les conflits internes, ainsi qu’un système de doléance hebdomadaire ouvert a tous. Lorsque vous porter la bure noire, vous n’êtes qu’un membre de la multitude. Lorsque la capuche quitte votre tête, vous redevenez Tilt, avec votre caractère et votre histoire. Est-ce clair ?
-Limpide, seigneur.
-Bien. Lors de votre intronisation, on vous demandera de jurer sur le sang de respecter ce serment. Jusque là, je vous laisse entre les mains des maîtres. Nunca !
Une silhouette sortit de l’ombre, et s’inclina devant le Verminarque.
-Tu es désormais en charge de notre nouveau membre, je compte sur toi pour lui enseigner nos us et coutumes, ainsi que de l’intégrer a une escouade ou ses talents seront exploités au mieux. Va ! Avez-vous quelques dernière paroles à échanger avec votre ami, mademoiselle ? Vous ne vous reverrez pas avant un bon moment, m’est avis… »
Tilt se tourna vers notre héros : « Se doit être le destin, paria dans ma forêt, ton passage m’a emportée, j’ai maintenant une nouvelle famille et une raison de vivre pour autre chose que le lucre…Je ne sais pas après quoi tu cours, mais si un jour tes pas te mènent a Scoppa, j’aurais plaisir à t’apporter une aide…pendant mon temps libre, ajouta-t-elle en regardant Ikit.
-Si ses pas le ramènent ici, et si il survit  nul doute qu’il reviendra, le clan entier l’aidera, tu auras donc l’occasion d’éponger ta dette Tilt, ne t’en fais pas… »
Notre héros opina du chef en guise de remerciement, et le / la nommé Nunca fit signe a Tilt de lui emboîter le pas. Tandis qu’elle disparaissait dans l’ombre du dédale, notre héros se retourna vers le Seigneur rat, quêtant une indication à propos de la suite des opérations le concernant. Le Rat le fixait intensément, en proie à d’intenses circonvolutions cérébrales : « Oui, j’imagine que c’est la meilleure chose à faire…bon. Ecoute-moi bien  jeune homme , je vais t’envoyer voir quelqu’un qui sera plus a même de s’occuper de ton cas, mais avant ça , je tiens a t’éclairer un peu sur le « pourquoi » de ta quête…Evidemment , tu n’as aucune idée de qui tu est réellement , tout comme ton mutisme , tu as accepter d’être ignorant , et tu t’est contenter d’obéir a la vie , ce qui n’a rien de réellement surprenant….Je ne peut pas tout te révéler , et j’imagine qu’on t’a déjà dit sa , mais tu est un cas un peu…particulier. Il vaut mieux pour toi que tu découvre les clefs par toi-même, je dirai même plus que c’est vital... ; cependant, dans la limite de mes possibilités, je peux te révéler ceci : Ton clan a été exterminé, dans sa totalité, il y a de cela quinze ans. Toi et le jeune Dogan II êtes les seuls survivants. Tu as donc un lien de parenté avec le prince, mais sa aussi, j’imagine que tu l’avais déjà compris. La raison de l’anéantissement de ta maison mère, je ne la connais pas, mais qui elle était, et quel fut sa place, je peux te le dire. Ton clan n’avait aucun ennemi parmi les principales forces en actions , que ce soit le Daimyo de la région nord ou même d’autres factions comme les écureuils de Timpal qui , comme tu as pu le constater , ne sont pas réellement fédérés au pouvoir , mais sont toléré par les forces en vigueur, ou même nous , le clan du rat. D’abord, parce qu’il n’était pas dérangeant, était respectueux et respectable, peut être le plus nobles de tous….Enfin parce qu’il était très puissant, et quasiment vital dans l’équilibre du pouvoir. Spécialisé dans la diplomatie, mais couvrant toutes sortes de domaine, de la livraison de courrier a l’assassinat, en passant par la cuisine ou même l’architecture, la polyvalence et l’adaptation faisait office de devise pour ce clan...il me souvient d’un ragoût de renne fameux dont seul les cuisiniers de ce clan avait le secret…ah…j’étais jeune lorsque ce monument de culture fut réduit en ruine , et ce que je peux te dire , c’est que sa a fait du bruit. Déjà parce que cela à entraîner une guerre sans merci entre deux autres factions, que, je n’en doute pas, tu seras amener à rencontrer durant ton périple, et aussi parce que cela a laissé un trou béant de le paysage politique de la région Nord d’Amotia. Le pouvoir entier a dû se restructurer, et cela a conduit à l’émergence de nouveaux clans plus ou moins honorable, comme le clan du chien ou celui du blaireau a l’est. Enfin , alors que ton clan garantissait par sa fonction de diplomate une stabilité politique , tout les traités ont dû être revu et re-ratifié une nouvelle fois , engendrant une période de non-droit et d’insécurité , forçant le daimyo a sortir de sa confortable retraite pour mettre au pas les récalcitrants ou simplement les sans-clan qui profitait du chaos ambiant pour écumer les terres et piller les hameaux et villages sur leurs chemins. Par exemple, grâce à sa force militaire, Dogan s’est rendu maître de Scoppa et des environs, et s’est proclamé seigneur par la force des choses, ayant ramené un semblant de stabilité aux habitants de la région. Pareil pour le clan du blaireau pour Sinat, tous fédéré sous l’autorité suprême du Daimyo, mais Maître effectif de leurs coins de terre. Nous, le clan du rat, avons toujours considérer ne pas avoir à nous mêler a la politique, mais plutôt a tirer parti des situations, quel quelle soit. Bref, le simple fait que tu sois en vie, et cela ne s’applique pas au Prince qui lui est manifestement sous la coupe du Chien, est une sorte de bouleversement. Ton existence pourrait rétablir un ordre des choses qui déplairait a certains, et surtout, surtout, tu pourrais mettre un terme au conflit opposants tes cousins de l’extrême-nord et du sud, ce qui, crois-moi, faciliterait les choses pour bon nombre d’habitants de la partie nord de notre monde. Malheureusement, même si je ne doute pas que certains t’apporterait leur aide, il y en a au moins autant qui s’empresserait de te faire pendre, ne serait-ce que pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce qui appartient déjà au passé. Par conséquent , je ne saurai que trop te conseiller de prendre garde a ne pas montrer tes yeux au tout venant , et aussi , a t’enfermer les soirs ou les lune sont pleines…Tu vois ce que je veux dire n’est-ce pas ?
Ces révélations clarifièrent un peu la situation pour le jeune homme, qui désormais se rendait compte du poids du destin qu’il portait sur les épaules. Il comprit également que c’était les lunes qui le remplissaient de pulsions meurtrières, et se promit de suivre les indications du Verminarque à la lettre.
-Pour finir, maintenant que tu as goûté ton premier sang, les réactions liées a ta nature profonde vont devenir plus violentes et imprévisible, et vu le carnage que tu nous as fait dans cette auberge, je t’enjoins également d’éviter le clan du chien autant que possible. Je ne parierais pas une pièce de bronze sur le fait que Dogan soit étranger à ton malheur, mais la vengeance ne se doit d’être que si tu sais pourquoi tu verse le sang…Thanquol !
Une autre silhouette se découpa et vint se prosterner aux pieds du Roi.
-Escorte notre ami jusque chez l’homme sage, tu lui remettras cette missive que je rédige en ce moment, il saura quoi faire …L’homme vers qui je te dirige possède d’immenses connaissances, je pense qu’il saura se débrouiller pour t’orienter dans la bonne direction…Souviens-toi de mes conseils, et poursuit ton chemin. Le clan du rat te reconnaît comme son allié, et t’apportera son aide lorsque le besoin s’en fera sentir…Je ne te souhaite pas bonne chance, elle n’a rien à voir avec ce qui t’attend, mais je te dirais plutôt : Bonne route ! Puissent tes pas te mener où tu te dois d’être ! »
Après avoir reçu la missive, le garçon remercia le seigneur avec une profonde révérence, et suivit l’homme qui l’entrainait dans les souterrains.

#16 20 Sep, 2011 18:45:13

debyoyo

Merci pour ce nouveau chapitre, ton univers a l'air complexe, j'espère que tu ne te perdras pas dedans, d'ailleurs si tu as une carte ou un schéma expliquant un peu les liens diplomatiques et même géographique des différents clans se serait bien. Car là tu as mis un pavé et je sais pas si j'ai bien tout mis en mémoire.

Surtout qu'entre les origines du héros (son clan et le fait qu'il soit un loup garou) tu as mis beaucoup d'élément dans ce chapitre...

Sinon, j'attends le prochain chapitre


Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)

L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)

#17 20 Sep, 2011 20:40:41

lysgris

oui... En fait on se base du point de vue du héros , même si il y a un narrateur... Donc en principe quand il comprendra tout , tu comprendras tout aussi... La carte je la dessinerai  , au moins pour le continent nord avec les régions et les puissances en vigueur histoire que ce soit plus clair^^ Le héros n'est pas un loup-garou a proprement parler , simplement on va dire qu'il a des instinct brutaux presque surnaturels qui se réveille de temps à autres, je le mentionne au début de l'histoire il a des"montée de haine" qui le préoccupe. Merci a toi , surtout , d'avoir eu le courage de lire ce pavé! Le prochain est long , aussi, mais sera sans doute moins fastidieux même si l'on n'est pas encore au coeur de l'histoire!

#18 20 Sep, 2011 21:37:36

debyoyo

Comme je l'ai dis il y a plusieurs jours, j'aime bien ton histoire je suis peut être le seul mais j'aime bien alors je continuerai à la suivre


Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)

L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)

#19 21 Sep, 2011 15:46:59

lysgris

ça me touche! C'est cool de ta part, maintenant quand j'écrirai j'y mettrai du coeur en me disant que y'a pas que ma copine qui lis^^

#20 22 Sep, 2011 02:29:26

Selenn
Moderator

Attention au double post Lys big_smile


Selenn, chef modératrice forum et formatrice des modos \o/
En cas de soucis, quel qu’il soit, n'hésitez pas à me mp ^^
Un petit tour sur les règles du forum, ça ne fait pas mal wink >Ici<
Fenris et moi sommes mariées, je l'aime, elle n'aime que moi donc pas touche ! tongue

#21 22 Sep, 2011 09:50:44

lysgris

Euh c'est quand on poste deux fois le même message accidentellement? désolé si je l'ai fait je m'étais pas rendu compte^^'

#22 25 Sep, 2011 17:48:29

lysgris

CHAPITRE 4 : LE MONASTERE DU CHAMOIS
Ils progressèrent dans le labyrinthe une bonne demi-heure, puis ils grimpèrent une échelle et Thanquol ouvrit une trappe qui laissa entrer la lumière du jour : « Il est aux alentours de midi. Nous nous rendons au domicile d’un membre du clan, d’habitude c’est inutile, mais là, je dois me changer en civil pour qu’on ne remarque pas notre attention, vu le caractère « sensible » de ton existence. » Puis, sans plus de paroles, il lui fit signe de rejoindre la surface. Notre héros grimpa les derniers barreaux et se vit effectivement dans une cour intérieure, où l’on pouvait voir une petite fontaine, e t quelques poules picorant çà et là… Il se dirigea vers la fontaine et s’aspergea le visage d’eau, vérifia son équipement, ses possessions, la présence de la missive. Il entendit la trappe se fermer derrière lui, et constata qu’elle était camouflée, sur du sable et peinte de la même couleur, et que de plus il n’y avait pas de moyen de l’ouvrir de l’extérieur. Thanquol avait troqué sa bure noire contre un pantalon couleur crème, tâchée de boue et une veste en cuir marron. Il ressemblait à n’importe quel badaud et on pouvait apercevoir son visage, une trogne de soudard, un nez tordu qu’encadraient une tignasse noire et des yeux sombres sous des arcades sourcilières proéminentes. Une vraie tête de truand. Ou de paysans alcoolique. Bref, l’homme idéal pour se fondre dans la foule.
D’un signe de tête sec, il l’invita à le suivre et ils traversèrent la cour pour sortir dans une ruelle vide à la forte odeur d’urine. Ils progressèrent sous des porches et dans des coupes gorges  pour enfin s’arrêter au pied d’une échoppe.  Thanquol poussa la porte et notre héros découvrit un intérieur poussiéreux, éclairé par une chandelle sous laquelle un homme s’affairait  sur une paire de bottes, des bouts de cuir et des pièces de bois traînant ça et là… .
« Salut à toi, Bromen. Comment vont les affaires ? Pas trop mal si j’en juge que le soleil au zénith tu t’esquinte déjà les yeux sous une chandelle ! Alors donc, mon ami, la lumière du jour  ne vaut-elle pas l’attrait du cuir ?
L’homme leva les yeux de son ouvrage et posa sur Thanquol un regard fatigué et usé …
-Ma chandelle n’a rien à envier à Sol, elle, au moins, me permet de manger ! Il pourrait pleuvoir que les gens auront toujours besoin de bottes et de chausses ! Je ne veux pas savoir ce qui t’amène, passe derrière le comptoir et laisse moi terminer mon travail.
-Et bien, voilà qui est franc …Enfin, mon ami, de temps à autre, délaisse la chandelle pour le soleil, j’ai peur que cela ne ternisse ton humeur… » Répondit Thanquol d’un ton traînant  en passant derrière le comptoir. Il descendit un escalier suivi de notre héros et pénétrèrent dans un couloir parsemé de petites pièces sur les côtés, qui menait a une grande salle, un réfectoire sans doute.
« Nous allons d’abord nous restaurer et nous reposer. Nous partirons dans la nuit, après avoir préparé notre paquetage. » Sans plus un mot, il lui montra une chambre avec un lit, et le garde manger où il pouvait faire bombance de viandes séchées et de fruits secs  arrosés d’eau .Thanquol se servit et partit manger dans ses quartiers.
Le jeune homme se restaura copieusement et s’allongea sur sa paille. S’il partait dans la nuit, il préférait dormir aussi longtemps que possible, la nuit dernière n’avait pas été agréable et son corps subissait le contrecoup du stress violent de son premier sang. Il s’étendit et ferma les yeux. Il ne comprenait pas. Pas vraiment. Mais en tout cas, il avait le sentiment d’être dans la bonne direction. N’était-ce donc pas un gigantesque traquenard ? Après tout, si ce qu’Ikit a dit est vrai, rien n’empêche les rats d’accepter un contrat sur sa tête ? Il pouvait être assassiné pendant son sommeil…ce serait tellement simple. Il se résolut a ne pas disperser son esprit , il était un peu tard pour être inquiet…Si ce qu’il avait manger était empoisonné , il était désormais condamner de toute manière, et puis , on lui expliquait quand même que son existence même le mettait en danger , qu’il représentait un genre de « contre-pouvoir » car descendant d’un clan dont il ne savait pas grand-chose…Une responsabilités qu’il ne voulait pas fuir mais se rappelait tout de même ne pas avoir demandé …Les choses allaient trop vite…comme si tout était sous le contrôle d’une intelligence supérieure, qui faisait en sorte que tout concorde et se synchronise…Il décida de continuer a croire en sa bonne étoile et se dis qu’il serait probablement réveiller dans quelques heures. Il se retourna sur sa couche, enfouit sa tête contre l’oreiller et sombra bientôt dans le sommeil.
Il était nu et seul dans la forêt, soufflait et haletait comme une bête, poussait des râles et avançait nerveusement, essayant tant bien que mal de capter une odeur quelconque avec son odorat sous-développé. La neige s’amoncelait sur les branches, la nuit était froide mais son corps ne lui appartenait plus vraiment de toute façon…Depuis quelques jours déjà, une seule chose le faisait avancer :
La Faim.
Il engloutissait nerveusement tout ce qui se trouvait sur son passage, grimpait aux arbres pour gober les œufs, avalait des racines et des escargots, il était réduit à plonger son visage dans les charognes en espérant y trouver des entrailles encore tiède, un bout d’os rongeable, du cartilage. Le froid et les privations avaient eu raison de son système nerveux et il était retourné aux instincts primitifs et sauvages de tout être vivant. S’alimenter. Vivre.
L’hiver avait poussé la forêt dans ses derniers retranchements et cet homme avait perdu son âme dans sa lutte pour la survie. Et inexorablement, les deux prédateurs acculés par la faim qui se trouvaient dans la forêt se rapprochèrent l’un de l’autre. L’un s’arrêta de bouger et d’ahaner, l’autre s’assit et observa. L’un était sur le qui-vive tandis que l’autre posait son regard d’ambre sur ce qu’il espérait être sa nouvelle proie. Leurs regards se croisèrent. Et bizarrement, ce contact lui rendit un peu de raison humaine. Ce n’était pas le reflet qu’il avait l’habitude de voir. Lui. Le loup. Face au loup, l’homme se souvient. Le loup rappelle à l’homme que l’homme est nu. Face à l’homme, le loup se voit. Une bête seule, affamée, qui  avance guidée par sa gueule qui s’ouvre et se referme compulsivement, un tueur qui souffre, tourmenté par la longueur de ses crocs. Ils se reconnaissent, se montrent les dents .Savent de quoi ils sont capables. Et tandis qu’il se défie du regard, une étoile semble briller plus intensément,  se rapprocher…
« Debout.
Notre héros ouvrit les yeux et vit le faciès de Thanquol au dessus de lui.
-Notre route est longue. Plusieurs jours de marche. Ramasses tes affaires, fais provisions et rejoins- moi dans le réfectoire. Nous évoluerons d’abord dans les catacombes jusqu'à être sorti de la ville, puis nous continuerons en direction de l’est vers la chaîne de montagnes qui borde la moitié ouest. Pressons ! »

Il se leva et vérifia une dernière fois le contenu de son sac, après avoir compléter ses denrées avec de la viande séchée et remplit son outre. Il suivit Thanquol qui l’amena peu a peu de plus en plus profond, et après plusieurs intersections notre héros perdit tout repère, il se fiait juste a la silhouette qui lui ouvrait la marche, éclairer par les torches qui se faisait de plus en plus rares au fur et a mesure qu’ils s’enfonçaient dans les boyaux de roches. Après une  bonne heure de marche, Thanquol fit jouer un mécanisme et un pan de mur s’ouvrit soudain, camouflé par un rideau de végétations. Ils commencèrent un long voyage sur les routes, où, pour quelqu’un de non informé, les deux protagonistes étaient muets. Thanquol ne pipait mot, il ne cherchait pas a faire montre de sympathie, ou même a entretenir notre héros sur le but de leur voyage. Il le réveillait a la tombée de la nuit, et ouvrait la marche. Quatre jours passèrent, et, enfin, les sommets des montagnes se découpèrent devant eux. Quatre jours durant lesquelles notre héros ne cessait de compulser les informations qu’on lui avait donnés, de retourner et ressasser ses impressions et d’élaborer des théories. Il pouvait, sans trop se tromper, supposer qu’il était un membre du clan du loup. Ses rêves lui indiquaient clairement , comme ses visions où il fusait en quadrupède a travers les taillis , qu’il donnait de la voix pour localiser les siens , ces traques qui sentaient le renne ou le lapin…autant de « souvenirs » qu’il ne connaissait pas , de fragments d’existences qui appartenait manifestement a des créatures non-humaines . Il ne s’était pas intéresser aux animaux, on lui avait dit : tu es du clan du renard, il l’avait accepté ; comment aurait-il pu protester de toute façon ? Quelle importance pour lui ? Il ignorait quelle était sa place, là où on lui dirait, probablement. Cependant, il savait une chose :
Le chien pue.
Çà, il en était sûr. En tout cas, il le sentait. Après…n’ayant jamais vu de loup, ni même entendu parler de ses animaux, quasiment mythique d’ailleurs, il ne s’était pas fait d’opinion sur la question. Il résolu de poursuivre sa quête, accompagné par son guide Ô combien taciturne, et lorsqu’il aurait toutes les cartes en main, il prendrait une décision. Sans doute.
Ils s’engagèrent sur un sentier à flanc de montagne. Le vent soufflait violemment et portait des flocons depuis les hauteurs. Au fur et à mesure qu’il progressait, l’herbe se recouvrit de neige, la terre de glace, le sentier se rétrécit…Ils continuèrent jusqu’au lever du soleil, notre héros transi, vivant dans une région au climat tempéré, n’avait pas vraiment de quoi se couvrir, il avait enfilé tout ses vêtements et même la cape de pluie des écureuils, mais cela ne suffit pas à le protéger du froid glacial qui sévissait en haute montagne. Il passa un cap. Au lieu de se prémunir du froid, de chercher à l’éviter, il l’accepta. Ses lèvres devinrent bleus, ses doigts et ses orteils perdirent leurs sensibilités, mais il n’était plus « dérangé » par la température .Il faisait froid, point. Le soleil les accueillit aux portes d’un gigantesque édifice, où deux hommes vêtu de fourrure et portant l’emblème du chamois sur la poitrine barraient le passage avec d’imposantes lances. Thanquol, pour la première fois depuis plusieurs jours, jeta un regard en arrière et constata la nette baisse de chaleur dans les veines de notre héros : « Par tout les clans !je sais bien que tu es muet mais de grâce ! Lorsque tu es sur le point de mourir, gémis pour le faire savoir ! Comment pourrais-je rentrer la tête haute voir Ikit et lui annoncer que tu m’as claqué entre les pattes de froid aux portes du monastère ! L’houspilla t-il en lui jetant sa cape. Nous sommes ici au monastère du Chamois, le dirigeant, le grand Chamoine, est l’homme vers lequel te dirige notre chef. .Bien sûr n’escompte pas qu’il s’occupe de toi en personne… »
Le jeune garçon s’en saisit et s’emmitoufla dedans, jouissant du chaud que lui apportait l’étoffe. Il retrouva un peu de préhension et frictionna ses membres pour faire circuler le sang, tandis que Thanquol s’avançait vers les deux gardes : « Salutations. J’ai ici un message du Clan du rat qui demande en son nom l’asile pour ce jeune homme que vous voyez là derrière, je possède également une missive de la part de notre Verminarque a l’attention de votre Grand prêtre. Je me dois de lui remettre en main propre. De plus, en ce qui me concerne, je souhaiterais profiter de votre hospitalité pour me reposer et me ravitailler avant de reprendre la route. »
L’un des gardes frappa la porte avec la hampe de sa hallebarde, et quelques secondes plus tard, le bruit d’un mécanisme se fit entendre, et les battants s’ouvrirent. Les gardes firent signe aux voyageurs de pénétrer dans l’antichambre, et un nouveau choc sur les battants referma la porte derrière eux.
Deux autres gardes vinrent les chercher et les menèrent à travers les couloirs vers une vaste pièce sobrement meublée, où un vieillard à la mine austère était assis, juché sur un genre d’autel, drapé dans une longue toge comme seuls vêtements.  Thanquol se prosterna : « Grand Chamoine, je porte la parole de mon Maître Ikit et vous transmet les respectueux hommages du clan du Rat. Le jeune homme que vous voyez derrière moi est porteur d’une missive rédigé à votre attention, et la lecture de celle-ci  sera sans doute bien plus éloquente que milles de mes palabres.
Après un petit flottement, un sourire naquit sur les commissures des lèvres du Chamoine, puisque tel était son titre.
-Ikit…ce vaurien n’aura donc jamais fini de requérir mon attention…depuis qu’il a quitté ce monastère, il n’a de cesse de me demander des conseils sur ceci, cela…Enfin ! C’est à cela que servent les vieillards, apporter leur expérience aux jeunes !dit-il en frappant ses cuisses du plat de ses mains. Où est donc cette lettre ?
Thanquol fit un signe au jeune homme, qui s’approcha de l’autel avec déférence, courba la tête devant le chef du monastère et déposa l’objet aux pieds du maître. Après  quelques brefs instants où ses pupilles s’imprégnèrent des mots, il releva la tête et son regard était grave :
-…Je vois. Bon. Vous deux ! Amenez messire rat au cuisine et fournissez lui une cellule pour qu’il se repose, je vais m’entretenir en privé avec le garçon…Mon bon ami, vous pourrez rapporter a votre maître qu’il a agi judicieusement, et accompagnez ces paroles d’une claque sur son nez de ma part ! Juste ciel ! J’aurais pu trépasser et ne pas avoir de responsabilités dans tout ça !
-Je vous remercie de votre hospitalité, et vous savez sans nul doute que les meutes souterraines accéderaient à n’importe laquelle de vos requêtes sitôt qu’elle serait exposée. Serviteur. finit-il en s’inclinant, après s’être relevé.
Notre héros, voyant que Thanquol s’apprêtait à quitter la pièce, lui rendit sa cape ; l’autre, avec un sourire acide : « amuse-toi bien, petit… » Et il emboîta le pas aux gardes.
Le Garçon se retourna alors vers le maître des lieux qui avait enfoui son visage dans ses mains en le contemplant d’un œil torve.
-Pas de clan, pas de famille, pas de  nom, pas de langue… n’est-ce pas ?
Il opina du chef
-Tssss…Les deux premiers, tu les as eu…les deux derniers...tu ne les as pas encore. Te voilà dans un sacré pétrin mon garçon. Bon ! J’imagine que des rêves t’ont déjà plus ou moins enseignés d’où tu venais ?
Nouvel acquiescement.
-Et vu la ressemblance, tu ne peux être que son fils…de toutes façons, l’âge correspond, et le simple fait que tu sois vivant…Vois-tu, j’ai bien connus ton père. Comme tu dois déjà le savoir, ton Clan  était celui du loup. Nous devons avoir un ouvrage dans les bibliothèques qui traite des spécificités de la chose, car vois tu, ton clan a toi n’était qu’une branche de la fédération Louve a travers Le nord d’Amotia. Pour l’instant, je ne t’en dirais pas plus. Il est important que certains mystères te soient révélés par tes pairs. Tu sais également, du moins tu t’en doutes, de qui est responsable de ton malheureux destin ?
Ses dents se dénudèrent instinctivement quand il repensa aux hommes du Croc.
-Voilà…Pour l’heure, comme me l’a demandé Ikit, je vais tâcher de faire de toi un humain .Ce n’est pas les renards et leurs modes de vie sauvage, soit dit en passant tout a fait respectable, qui t’aideront à accomplir ton devoir. Je t’apprendrai à lire, écrire, et tu suivras l’entraînement au combat que nous dispensons a nos novices. De plus, étant donné ta nature,  chaque nuit où les lunes seront pleines, tu seras enfermé. Il serait regrettable que la rage enfouie en toi fasse des victimes ou te blesse. Et ce n’est qu’un début. Je n’ose imaginer la haine qui dort dans les décombres de votre demeure, et tu en es l’héritier... Si tout se passe bien, d’ici quelques années quand ton corps sera celui d’un homme, tu nous quitteras pour poursuivre ta quête. Je sais que tu es épuisé par votre voyage, mais tu ne dormiras qu’au coucher du soleil comme tous les pensionnaires. Je vais t’assigner un guide qui te fera visiter le monastère. Profite de la journée pour te familiariser avec les lieux, le novice qui t’accompagnera t’expliquera le règlement entre nos murs. Frère Reno ! Allez donc me chercher  Yorik ! Le jeune homme qui sera ton « parrain » n’a que 17 ans et n’a pas encore fini son apprentissage, mais c’est déjà un de nos meilleurs éléments. Il peut manquer une journée d’entraînement, au combat pur il rivalise déjà avec les adultes…
Quelques instants plus tard, un garçon blond aux yeux clairs, solidement charpenté s’agenouilla devant le Chamoine :
-Te voilà Yorik !
-Maître, vous m’avez fait mander ?
-Oui, nous accueillons aujourd’hui un nouveau pensionnaire, tu t’occuperas de lui attribuer des quartiers et de lui fournir des vêtements appropriés, tu lui feras visiter le monastère et tu l’entretiendras de notre mode de vie. De plus, je compte sur toi pour l’aider à s’intégrer, notre ami est muet et n’as pas de nom, tu feras en sorte qu’il puisse communiquer avec les autres novices. Puis-je compter sur toi ?
-Oui, maître.
-Je te remercie. Allez, maintenant. »
Les deux garçons s’inclinèrent devant le Chamoine et sortirent de la salle. Il suivit Yorik a travers les couloirs, croisant une foule de gens, manifestement affairé a des choses diverses. Ils s’arrêtèrent devant un bureau ou un homme presque chauve aux tempes grises triaient des parchemins : « Bonjour a toi, Tyu. J’ai ici un nouvel arrivant. Il me faudrait une cellule libre et un ensemble.
-Bonjour a toi Yorik. Tu t’occupes du nouveau ?
-Ordre du Chamoine en personne. Le bougre est muet, je suis assigné à la communication.
-Tiens donc ! Bon, laisses-moi voir sa…Il ya une cellule inoccupée dans l’aile ouest. Passe à la laverie pour les vêtements, bonne journée Yorik.
-Merci Tyu, a toi aussi. »
Ils reprirent la marche , passant devant une vaste salle , Yorik lui désigna comme étant le réfectoire , puis une autre pièce de belle taille qui était la salle d’armes(c’est ici que l’on s’entraîne l’après midi), la salle commune (lorsque nos supérieurs souhaitent s’adresser a l’ensemble des pensionnaires , ils nous réunissent ici),le couloir menant aux cuisines (je te déconseille d’aller y faire un tour, l’accès est réservé aux cuisiniers et le chef manie la louche comme l’épée !),l’infirmerie (L’idéal étant de ne pas avoir a s’y rendre , mais cela peut arriver…),la bibliothèque(ici , l’on fortifie notre esprit et augmente nos connaissances, tout le monde s’y voit instruit après le repas du soir), la laverie(une fois par semaine, tu viendras y laver tes vêtements)où il récupérèrent l’habit , un uniforme jaune safran composé d’un pantalon en toile légère et d’une chemise tout aussi fine, avec une ceinture de tissu et des sous vêtements de coton . Il lui fit faire le tour de l’intérieur de l’infrastructure, et le mena, après plusieurs volées de marches, devant la porte de sa chambre : « Voici tes quartiers. Tous les soirs à minuit, les supérieurs viennent verrouiller les portes et les rouvre le matin à 5 heures, heure a laquelle on commence l’entraînement matinal. Nous mangeons trois heures plus tard, et après le petit déjeuner nous allons travailler la terre du domaine jusqu’au repas de midi. Ensuite c’est l’entraînement en salle d’armes où l’on nous apprend le maniement du bâton et de l’épée, puis vient les duels : c’est l’occasion pour les dissensions internes d’être réglé sous la surveillance des professeurs et de nous former au combat réel. L’entraînement suivant…Tu le verras par toi-même. Puis, les douches, le dîner, l’instruction aux lettres et la méditation…Une heure avant minuit, tout les élèves doivent avoir regagné leurs chambres, les surveillants patrouillent dans les couloirs et verrouillent les portes avant que retentissent les coups de minuit. C’est de cette manière que s’organise notre quotidien. Il t’est interdit de te battre en dehors, de te soustraire a n’importe quel entraînement, aussi bien physique que mental, de prendre la parole de façon intempestive lorsque se tient une assemblée, sa ne devrait pas trop être un problème pour toi…Voler les possessions d’autrui ou de la nourriture aux cuisines est également sanctionné, évidemment. Range tes affaires et changes-toi, je vais te faire visiter la cour et les jardins. »
Le jeune homme franchit le seuil de la cellule numéro 367, et constata un lit de paille, une petite fenêtre percé dans le mur, et un seau vide. La cellule était minuscule, il y avait également un coffre dans un des coins de la pièce, une petite table à côté du lit et une timbale posée dessus. Un confort vétuste, qui correspondait bien à la vie qu’avaient les résidents du monastère. Yorik patientait derrière la porte, il se dépêcha de revêtir l’habit et rangea ses vêtements et son sac dans le coffre. L’habit était confortable, il se sentait déjà plus a l’aise attifé comme tout le monde. Ils  continuèrent la visite et débouchèrent dans la cour centrale : « C’est là que nous viendrons tout les matins, pour l’entraînement et la prière de bienvenue au soleil. Il est important que tous nos membres viennent saluer l’aube, seuls les convalescents sont autorisés à y manquer. Le grand Chamoine en personne vient superviser nos exercices. Là bas c’est le corps de garde. Ici, être garde est une fonction honorifique, les tout meilleurs combattants sont sélectionnés pour assurer la protection du monastère. Il faut montrer des aptitudes physiques  parfaites et une loyauté sans faille. Bien sûr, si il advenait que le monastère soit attaqué, nous participerions tous a sa défense. Nous sommes tous des combattants après tout …Derrière le corps de garde, il y a l’antichambre  et les portes que tu as passées en arrivant. Tu ne les repasseras que lors de ton départ. »
Il l’emmena ensuite dans les jardins, et notre héros fut époustouflé :Dans cette montagne recouverte de neige , les moines avaient aménagé un modèle de luxuriance , des arbres fruitiers sublimaient l’espace , recouvert de culture , un bassin en son centre où l’on pouvait voir des poissons sauter pour attraper les mouches, et surtout la neige , totalement absente. Le soleil venait frapper la surface de l’étang et donnait au tableau une aura dorée, complétée par le bruit des oiseaux et les éclaboussures des sauts de poissons.
« Ces Jardins sont un trésor légués par le premier grand Chamoine, celui qui bâtit ce monastère. Les douches sont prises dans la source chaude que tu peux  voir au fond, là-bas. La terre ici est donc chauffée par les vapeurs qui courent dans la terre, la rendant propice à la culture. Bien sûr, l’hiver, les tempêtes amènent la neige même jusqu’ici, mais nous la laissons fondre, cela fait partie du cycle nécessaire a la terre pour qu’une fois le printemps venu, elle retrouve toute sa force. Ces jardins sont régis par un équilibre subtil, et il est de notre devoir de la préserver et de l’entretenir. Ils sont le joyau de ce temple. Lorsque tu auras un moment de libre, après ou avant les repas, viens te promener ici : le terrain est propice à la méditation et à la compréhension, l’énergie du sol jaillit véritablement et traverse ton corps.
Il l’amena près de la source chaude, un gigantesque bassin d’où s’élevait des vapeurs nauséabondes.
-Ah oui l’odeur...tu t’y feras tu verras, on nous enseigne que c’est l’expression de l’esprit de la terre qui chauffe l’eau, au bout d’un moment le nez s’habitue, et après l’exercice tu béniras cet endroit, comme tout le monde…Lui dit-il avec un sourire en coin.
-Baignons-nous. Tu es crasseux de ton voyage, et quand a moi, me laver un peu plus tôt que d’habitude ne me fera pas de mal. Prends garde à ne pas t’endormir, la sensation de détente que te procure l’eau est réellement saisissante.
Ils ôtèrent leurs « hadarma » comme il apprendrait que s’appelle l’uniforme, et, avant de plonger leur corps dans l’eau, ils se munirent de pains d’herbe séchée pour frotter leurs peaux et de serviettes. Yorik joignit les mains et incita notre héros à faire de même :
-Remercions l’esprit de la terre et de l’eau qui lavent nos corps et nos âmes, qu’il nous purifie et qu’il chasse les pensées qui nous détournent du chemin de l’illumination, A ohu Kai Lo Yav Pi ralefeu,Dan Keyu.
Il s’inclina, imité par le jeune loup.
-C’est la formule rituel. Comme tu ne peux pas parler, remercie l’esprit dans ta tête.
Et ils trempèrent leurs corps dans l’onde brûlante. Au début, le garçon eut du mal, tant l’odeur agressait son palais et tant le bain était chaud, mais peu  après, il se sentait comme aspiré à l’intérieur du bassin. Il se laissa choir dans l’eau avec un sourire béat. C’était comme si sa tête se vidait de tout. Pendant quelques secondes, il était le bassin. Alors qu’il fermait les yeux, goûtant la détente, Yorik le rappela à l’ordre d’une taloche à l’arrière du crâne :
-Ce bassin est également une épreuve. Tu dois détendre ton corps mais garder ton esprit aiguisé. Je sais que c’est la première fois, mais ne commences pas à développer de mauvaises habitudes. Croises tes jambes et joint les mains, concentres toi sur l’air que tu respires, et imagines les pores de ta peau s’ouvrir et relâcher les impuretés.
Le garçon lui jeta un regard mauvais, mais s’exécuta : il supporterait et se conformerait a leurs modes de vies si cela lui permettait d’accomplir son destin. Il se focalisa sur l’oxygène qui envahissait ses poumons et se  sentit atteindre une sorte d’état supérieur, où son esprit   visualisait l’environnement autour de lui. Il mobilisa tous ses sens autres  que la vue, et derrière l’odeur du bassin il sentit celle de Yorik, celle des roseaux, des herbes détergentes…sa peau captait l’air ambiant, son ouïe, le bruit des insectes et des travaux des champs non loin…il percevait même l’énergie terrestre qui refluait du bassin et celle du vent sur son corps. Il se sentait presque en dehors de son enveloppe charnelle…
-Impressionnant. Tu as tendance à t’échapper un peu trop vite, mais une telle sensibilité n’est pas commune…soude toi d’avantage a la terre et tu t’élèveras très vite. Laves toi maintenant. Tu es épuisé, concentre toi sur ce que tu as à faire pour te tenir éveillés. Il n’est pas encore midi, après le bain, je te ferais visiter les étables puis nous irons manger, tu feras connaissance avec les autres disciples. »
Ils se frictionnèrent la peau, puis laissèrent leurs pores se vider par la sueur, dans un silence complet. Après quelques instants, Yorik lui fit signe de sortir du bain et l’amena vers la cascade qui alimentait le bassin central : «Passe là-dessous. Cette eau est directement issue de la fonte des neiges éternelles du sommet, le contraste entre l’eau chaude et l’eau glaciale fortifie ton cœur, il t’apprend à endurer et à détacher ton esprit pour t’éloigner des souffrances. »
Le choc le saisit et lui bloqua la respiration, tant l’eau était froide ! Yorik ne mentait pas, c’était probablement de la neige fondue qui s’écoulait du haut du glacier, il haleta quelques instants mais se força à demeurer sous la chute le temps de s’habituer ; il suivit la même pensée que lors de son ascension du mont : il fait froid, point, accepte le. Lorsqu’il su que sa peau était débarrassée des minéraux de l’eau des sources chaudes, et après s’être accommoder de la fraîcheur, il s’écarta pour laisser la place a Yorik et se sécha au soleil. Il se sentait à la fois détendu et prêt. C’était un bon rituel d’initiation pour son entrée dans la vie du monastère. Lorsque Yorik eut fini, il l’entraîna derrière les champs et lui montra les étables, où on élevait le porc et la chèvre, et surtout la fameuse monture du monastère : le chamois. Des bêtes immenses, vigoureuses et soignées, on pouvait voir les muscles de leurs pattes saillir sous le pelage lustré, et elles avaient dans le regard une forme d’intelligence certaine : « Ces bêtes sont l’emblème de ce temple,  un fier arpenteur des rocs, capable d’escalader une falaise verticale ! Aucuns recoins des montagnes n’est inconnu pour les chamois, leurs pieds sûrs et agiles les portent partout où ils le désirent ! Tel doit être notre  corps et notre esprit, c’est dans ce but que nous nous entraînons ici, pour atteindre une maîtrise parfaite! » Sur ces bonnes paroles, ils reprirent le chemin du monastère en direction du réfectoire car le tocsin sonnait les coups de midi.
La salle à manger était grouillantes d’activités, les bures jaunes se pressaient les unes derrière les autres pour quérir leurs pitances. Après avoir pris son écuelle (remplie d’une bouillie grisâtre, orge et avoine identifia t-il a l’odeur), sa cuillère et son gobelet, il suivit Yorik qui s’installa a une  longue table rectangulaire où siégeaient déjà plusieurs novices : «Cette table est la nôtre, nous sommes répartis par rang, tout les novices, qu’ils aient grandis ici ou les tout récemment arrivés comme toi mangent là. Il y a à peu près 300 âmes qui vivent sous ce toit, et la plupart sont bien sûr des moines combattants confirmés, ou des gardes. Les doyens ont leurs quartiers dînatoires, dans cette salle il n’y a que les novices et les initiés... »
Tout le monde était absorbé dans la nourriture et personne ne leur adressa la parole, se contentant de saluer d’un signe de tête le nouveau venu. Le repas fut frugal, mais nourrissant. Le reste de la journée passa sans plus de détails. Yorik s’en alla suivre l’entraînement de l’après midi, laissant notre héros flâner dans les jardins. Il tint jusqu’au repas du soir, qui se passa dans le même silence, troublé uniquement par le raclement des cuillères dans les bols. Alors qu’il partait pour l’instruction, Yorik l’avertit qu’il viendrait le chercher demain matin et lui conseilla de se tenir prêt aux mâtines. Il se baigna à nouveaux dans la source chaude puis la cascade d’eau froide et monta dans sa cellule, où, exténué, il s’endormit comme une masse.
Il  fut réveillé par les bruits de pas des initiés qui venait déverrouiller les portes des novices. Un peu anxieux à l’idée de suivre les autres dans leurs pratiques quotidiennes, il s’habilla en hâte et préleva de l’eau dans le seau qu’on avait pris soin de remplir la veille pour se décoller les paupières. Yorik vint le chercher et ils suivirent la foule, à savoir l’ensemble du monastère, qui se dirigeait vers la grande cour. Là, le Chamoine les attendait et tous se mirent torse nus. Ils commencèrent alors à effectuer des séries de mouvements, afin d’assouplir leurs corps. Notre héros eut du mal dans un premier temps, a suivre les poses sans gêner son voisin, être parfaitement synchronisé, mais personne ne sembla lui en tenir rigueur. Après deux heures, il avait plus ou moins saisi le rythme global et ne se démarquait pas trop de la foule, mais l’effort continu lui coûtait déjà. Il finit en sueur et rejoint le réfectoire d’un pas traînant, presque fébrile. Après le petit déjeuner, tout le monde se munit d’une bêche, d’une fourche ou d’un râteau et ils taillèrent les arbres, retournèrent la terre pendant que d’autres étaient assignés aux soins des bêtes ou à l’entretien des sources. Personne ne lui faisait la moindre remarque mais il s’en voulait de ne pas être aussi efficace que ce qu’il aurait fallu : « Ne t’en fais pas, il est normal que tu ne puisses pas vraiment suivre la cadence, d’ici quelques semaines tu seras au même rythme que nous. »lui dit Yorik avec une expression sympathisante. Il lui répondit d’un signe de tête et continua à crever les ampoules fraîches  qui avaient poussées a force de manier la pelle. S’ensuit le repas de midi, alors que lui engloutissait sa part en deux-trois cuillères, tout le monde prenait son temps pour manger. Les fèves et la viande de porc n’était pas spécialement bon, mais son ventre lui hurlait famine et il fut heureux d’avoir quelque chose dans son assiette. Cela dit, après avoir fini, il ne se sentait pas complètement rassasié. Yorik lui conseilla alors de prendre son temps pour manger, ainsi il donnerait à son ventre l’impression d’ingérer  plus et cela lui assurerait une digestion facile. Il se promit de suivre ce conseil.
Ils se rendirent ensuite à la salle d’armes où un homme grand et sec, l’air sévère, les attendait droit comme un i. Il imita les autres qui se munirent de bâtons et commença alors une série d’exercices de frappes et de parades,  découvrant par le fait qu’il n’avait aucunes affinités avec le bâton. L’objet lui semblait encombrant et il ne savait jamais par quel bout frapper. A l’autre bout de la salle, Yorik faisait voleter le sien dans tout les sens, le maniant avec grâce pour attaquer son adversaire qui se contentait de le brandir devant lui pour parer. Lorsque venait son tour d’attaquer, Yorik se positionnait toujours parfaitement pour absorber le choc  et la façon dont il déviait les attaques semblait naturelle, presque nonchalante. Il avait effectivement l’air très doué. Quand vint l’entraînement au sabre, la pièce de bois se logea parfaitement dans la main de notre héros, et il sentit l’épée comme un prolongement de son bras. Il se rendit compte également que ses attaques était plus vives et qu’il anticipait chaque attaques adverse pour parer au bon moment. Son partenaire, bien que plus vieux et plus fort, maniait la sienne avec lourdeur et le garçon se rendit compte qu’il savait instinctivement  quand et où frapper pour le désarmer, lui faire perdre l’équilibre ou  créer des failles. L’épée lui allait bien. Yorik, lui, désarmait l’adversaire en  deux passes avec des gestes net et précis. Et ses parades, tout comme pour le bâton, étaient parfaites. Après que les deux heures soient passées, le maître d’armes annonça l’ouverture des duels. Ceux qui souhaitaient défaire quelqu’un en particulier devait se placer au milieu de la salle et désigner leurs adversaires. Quelques personnes en défièrent  d’autres, sous la surveillance d’un initié, qui veillait à la bonne tenue des matchs  et à la sécurité des protagonistes. Le premier qui abandonnait, tombait inconscient ou sortait du « cercle de combat » perdait le duel.
Après quelques matchs où il put observer les aptitudes guerrières des élèves à leur plus haut niveau, Yorik vint se planter au centre et désigna notre héros du doigt. Stupéfait, il jeta des regards alentours pour s’assurer que c’était bien lui qui était désigné, puis il s’avança timidement vers son adversaire. Pourquoi lui ? Il avait bien pratiqué la lutte chez les renards, mais comparé aux capacités des autres disciples, il était pour ainsi dire complètement novice. Yorik cherchait-il un adversaire facile ? Ou bien était-ce une tradition pour les nouveaux venus ?
Il pénétra dans l’espace de combat et se mit en garde tel qu’il l’avait vu faire. Il n’était vraiment, vraiment pas sûr de lui…
« Attaques. C’est juste pour voir ce que tu vaux. J’irais doucement…
Le jeune homme lança un coup de poing sans trop de convictions vers son adversaire qui l’esquiva lestement.
-Allons, attaques ! Tu ne crois pas sérieusement être capable de me faire du mal, si ?
Il lança l’assaut avec un peu plus d’ardeur, deux coups de poings et un coup de pied, enchaînement que Yorik para aisément, déstabilisant notre héros avec une balayette derrière la cheville droite. Ce dernier, sur son séant, commençait à sentir son sang chauffer. Il se remit sur ses jambes et  attaqua rapidement, un coup de pied frontal, suivit d’une manchette, et, redoublant de vigueur, il lança son genou vers la cage thoracique mais ne rencontra que le vide. Yorik, derrière lui, le poussa simplement dans le dos en avançant un pied ce qui fit chuter à nouveau notre héros, face contre terre. Là, il était carrément furieux. Il se sentait ridicule et refusait qu’on se joue de lui comme d’un enfant. Au moment où il envoyait un direct sa tête rencontra les phalanges de Yorik.
-Tu t’énerves. Je lis tes mouvements facilement du coup.
Notre héros se jeta sur lui et déchaîna une avalanche de coups, sans aucunes techniques. Son adversaire esquiva facilement la première vague, saisit un bras qui traînait et, profitant de l’élan, fit passer le jeune homme par-dessus son épaule, qui s’affala sur le sol, le choc lui coupant le souffle.
-Tu vois ? Je ne vais pas me laisser toucher pour te faire plaisir, d’autant que tu ne connais même pas encore les bases de notre art martial. Calmes-toi. Respire, et cesse d’essayer de m’attaquer .Touches-moi. Ou abandonnes.
Un rugissement de rage sortit de la gorge de notre héros comme seule réponse. Il continua son attaque furieuse, sans cohérence, et quand après trois ou quatre assauts il n’avait toujours pas réussit à percer la défense de Yorik, ce dernier, encore une fois placé dans son dos, lui asséna un coup du tranchant de la main sur la nuque. Le jeune homme s’écroula par  terre, lutta quelques secondes et perdit connaissance.
Il fut réveillé par le maître d’armes avec une bonne claque, et sa réaction fut celle d’une bête sauvage. Il se mit sur  quatre pattes en un instant et jeta des regards autour de lui compulsivement, à cran. Il lui fallut une paire de minutes pour revenir à son état normal et se souvenir de qui il était, et où il était. Dépité,  Il suivit les autres qui s’acheminaient vers le prochain lieu d’entraînement.

L’étape suivante les fit descendre par un chemin sinueux au pied de la falaise du versant nord. Il  vit un immense filet à ses pieds, et, sur la paroi, un mur de corde gigantesques qui semblait s’élever jusqu’au sommet. Il y avait beaucoup à grimper. Car manifestement, c’était le but de cet atelier. Les autres élèves   entreprenaient déjà la grimpe. Il se plaça dans un espace libre et saisit une corde pour commencer l’ascension. Au bout de quelques mètres, un des nœuds lâcha sous sa prise et il chuta .Il atterrit lourdement sur le filet en contrebas. Choqué, il constata que les autres retournaient à l’exercice sans hésitation. Il en fit de même et chuta encore après quelques mètres. Il avait vraiment peur à chaque fois. Il continua et s’aperçut  que les nœuds défait ne changeaient rien à la structure du mur. C’étaient des sortes de pièges. Il se devait de les repérer et d’éviter sa chute. Il se méfiait mais tantôt ses pieds se dérobaient, tantôt ses mains lâchait leurs prises. Il chuta encore, et encore. Le soleil entamait sa descente qu’il était encore au pied de la falaise. La température décrut brutalement, et le froid saisit ses membres. L’escalade devenait plus ardue, mais se simplifiait car nombres de nœuds factices avaient été dénoué par les précédents grimpeurs. Le tocsin sonna les 9 coups alors qu’il entamait sa dernière ascension, essayant de mémoriser un parcours sans embûches. Ils n’étaient plus que quelques uns à arpenter la roche, et lui, le dernier. Il se contentait de se focaliser sur l’exercice. Une heure plus tard, il posait finalement le pied au sommet, affamé, exténué. Yorik l’attendait là : «Tu as compris ? Cet exercice est le symbole de notre entraînement. Ta formation sera achevée le jour où tu ne tomberas pas une seule fois lors de cette escalade. Tu as été chanceux, les portes des chambres ne sont pas encore fermées. Mais tu devras jeûner pour cette nuit. J’ai manqué l’instruction à t’attendre. Lorsque tu seras capable de finir avant le repas, tu auras le droit de t’instruire. C’est un privilège. Vas. Nous nous verrons demain. »Il prit péniblement le chemin de sa chambre, et, tout comme la veille, s’endormit directement.
Ainsi passèrent les deux premières semaines. Il s’améliorait, autant au combat qu’au travail de la terre, et il finissait le mur plus tôt et ne tombait presque pas. Chaque après midi était l’occasion d’un duel avec Yorik, qui le surpassait encore largement, mais notre héros conservait son sang froid et finissait au sol moins facilement. Yorik et lui était devenus amis, du fait que ni l’un ni l’autre n’avaient de liens  particuliers avec les autres élèves. La « danse de prière au soleil » en réalité, les mouvements de combats de l’art martial du chamois, lui était désormais familiers et il avait habitués son corps a la nourriture fade et copieuse du monastère. Il était pour ainsi dire intégré. Ses nuits étaient ponctuées de rêves ou un homme et un loup se battaient férocement, tout deux amaigris et affaiblis par les privations, tout deux sachant que le vainqueur dévorerait l’autre. Et une étoile, qui tombait comme une larme sur les adversaires…
Vint le jour des lunes pleines. Avant qu’il n’aille au mur, un homme l’écarta et le mena chez le grand Chamoine. Il entra respectueusement dans la chambre du maître, et mis genou en terre.
« Bonjour, mon jeune ami. Yorik me rapporte que tu progresses. Tant mieux. J’ose espérer que d’ici quelques années tu seras un combattant digne de ce nom. J’ai entendu dire que tu faisais preuve d’une adresse surprenante à l’épée, peut-être à la mesure de ton manque de talent au bâton ! T’entraîner avec Yorik t’élèvera plus vite, c’est un guerrier hors-pair, comme tu as pu le constater. Bien. Ce soir, les lunes seront pleines ; et comme je ne sais pas de quoi est capable un des tiens sous leurs influences, je vais t’enfermer dans une cellule souterraine. Même derrière une solide porte en bois, je parie que tu la rongerais  pour sortir et étancher ta soif. En attendant que le soleil nous quitte, laves-toi et rends-toi à la bibliothèque, maître Golonus va commencer ton enseignement aux lettres. Au crépuscule j’enverrai des hommes t’y chercher. Vas ! »
Une courbette, un bain désiré depuis longtemps (à cause du mur, il loupait systématiquement l’heure des douches et commençait a « renarder » plus qu’il n’était supportable, Yorik lui faisait d’ailleurs souvent la remarque) et il fit sa première rencontre avec les caractères de papiers. Maître Golonus n’était guère patient, mais le jeune homme apprenait vite et lorsque les gardes vinrent l’emmener dans sa retraite, il avait déjà mémorisé les principaux caractères de L’Amotien Nordique. Lire serait une autre paire de manches. Il fut conduit dans une partie du monastère qu’il n’avait jamais vu, des geôles. On lui enferra les poignets dans l’une d’elles et on verrouilla la solide porte d’acier. Il y avait de quoi boire et un plateau substantiel, composé de pain  et de fruits. Les gardes l’avertirent qu’on viendrait le libérer le lendemain matin pour l’entraînement, aux aurores.
Dans un premier temps , il se résigna a demeurer là , et occupa son esprit a visualiser des combats contre Yorik , testant mentalement le meilleur moyen de faire mordre la poussière à son rival, puis , peu a peu , son esprit glissa vers des scènes plus meurtrières, un sourire s’épanouit sur son visage lorsqu’il songea a combien il serait simple de briser la nuque du Vieil homme qui se dit maître ici, comment il plongerait une lame dans le corps de n’importe lequel de ses confrères pour voir le sang couler, comment il arracherait a mains nues la peau de leurs os , a tous ! A TOUS ! L’écume abondait sur ses lèvres et une envie irrépressible de carnage l’envahit, il brisa la chaîne qui retenait ses poignets d’un coup sec et se jeta sur la porte, donnant des coups de poings dans l’espoir de la voir plier sous sa colère. Ses canines avaient grandis et le jaune de ses yeux flamboyait…Ainsi, on aurait pu le dire possédé. Soudain, une petite voix fluette se fit entendre : « Mais enfin calmes-toi !
Il se retourna et découvrit une fillette nue, de longs cheveux blancs et la peau verte, et un sourire charmant en dessous d’yeux rieurs. Un esprit clair se serait demandés: que fait-elle ici ?comment est-elle entrée ? Qui est-elle ? Mais son esprit enfiévré de rage n’eut qu’une pensée :
UNE PROIE !
Il se jeta sur elle en poussant un hurlement de joie, la saisit a bras le corps et lui arracha la tête  avant de plonger ses crocs dans son corps et  la déchiqueter sauvagement. Rien ! Rien au monde ne lui avait paru aussi bon ! Aussi jouissif !il se couvrit le corps de sang et savoura son massacre, s’effondrant à genoux, secoué de spasmes presque orgasmiques, un sourire béat dévoilant des crocs souillés
- Alors ? On se sent mieux ?
Il se retourna et vit la petite à nouveaux, constata également qu’il n’y avait aucune trace de son forfait, plus de cadavre, plus de sang maculant les murs. Il resta interdit quelques secondes, surpris, puis sa fureur reprit le dessus et il s’élança à nouveau sur elle. Quelle aubaine ! Il allait pouvoir renouveler son plaisir ! Il ne la toucha pas. Il ne l’avait pas manqué, non plus, il en était sûr. Mais rien entre ces mains.
-Dis-moi…
Un nouvel assaut empêcha la gamine de terminer sa phrase, une nouvelle opportunité où il ne rencontra que du vide, à nouveau.
-C’est comme ça chaque pleine lune ? Et bien…il vaut mieux que tu sois enfermés, effectivement !
Alors qu’il s’apprêtait à réitérer, la petite devint immense. Elle grandit pour prendre l’apparence d’une femme, et il se sentait pétrifié par la présence gigantesque qu’elle dégageait.
-Je t’aurais bien laissé croire que tu m’avais tuée, mais il ne me semble pas bon de nourrir de telles pulsions…Tu es encore bien trop jeune ! Tu auras ton lot de sang, fils de la lune ! Je ne venais ici qu’en visite, mais il semblerait que tu ne sois pas en état de converser ce soir… »
Il sentit une frustration bouillonnante emplir son corps et il se jeta à nouveaux sur elle, grognant comme une bête, la manqua une fois de plus et se cogna durement la tête dans le mur de pierre. Il tomba inconscient, et quand à la mystérieuse présence, elle avait déjà quittée les lieux…
Le matin venu, les gardes découvrirent un jeune homme à la tête et aux mains ensanglantées, et une porte, faite d’un acier réputé pour être l’un des plus solides du monde, bosselées sur toute sa surface. Ils hésitèrent à s’en approcher et décidèrent d’aller questionner le grand Chamoine à ce sujet.
Notre héros se réveilla à l’infirmerie, la tête et les mains bandées. Il essaya de porter ses mains à sa tête mais il sentit toutes ses phalanges broyées et une douleur atroce se répandit dans ses bras. Que lui était-il arrivé ?
« Maître, il est réveillé.
-Merci Ludur, laissez-nous seuls, j’ai à lui parler. M’entends-tu ?
Il secoua faiblement la tête.
-Mon pauvre ami…Te souviens-tu de quoi que ce soit ?
Il secoua encore la tête, à la négative cette fois.
-Les gardes t’ont retrouvé ce matin dans cet état. Si tu avais vus leurs têtes ! Ils se sont posés la question mais tout ce qui te concerne est et se doit de rester entre nous…L’état de tes mains vient du fait que tu as essayés de défoncer la porte en acier avec tes poings. Et si le verrou a tenu, je n’en dirais pas autant de la porte, il va nous falloir la changer. Je savais qu’un loup sous les lunes pouvait être impressionnant, mais je n’imaginais pas ça…quand à ta tête, elle a laissées un bon trou dans le mur de pierre…et la chaîne qui retenait tes poignets a été brisée.
Le garçon écoutait, stupéfait. Il essaya de se remémorer la nuit dernière, mais il ne se souvenait de rien après son entrée dans la pièce. Le noir complet jusqu’à maintenant.
-Pour les prochaines fois, tu seras drogué. Tu vas gagner en force et en âge, et je refuse de changer une porte à chaque pleine lune, d’autant plus que tu risques de la défoncer réellement le mois prochain, même si tu laisses tes mains derrière toi. Bref, tu te blesses, et tu nous mets en danger. Tu prendras donc un puissant somnifère sitôt conduis dans les geôles, c’est le mieux que je puisse faire.
Le garçon se sentait profondément triste. Ses accès de rage n’étaient plus gérables, il se voyait maudit, contraint de s’enfermer a chaque pleines lunes pour épargner ses proches ou même lui-même. Ne boirait-il pas son propre sang lorsque sa soif sera intenable ? Le Chamoine perçu ses états d’âmes, et, lui posant la main sur l’épaule :
-Je connais bien ton peuple. Il n’en sera pas toujours ainsi, rassures-toi. Puisque tu es inapte à l’entraînement pour le moment, tu apprendras la lecture sous les ordres de Maître Golonus. Une fois qu’il me dira que ton enseignement est terminé, je te donnerais ce livre sur ton peuple que ton feu ton père a bien voulu me donner. Tu en apprendras plus. Tu vas dormir ici ce soir encore, et, demain si tu te sens en forme, tu pourras revenir à la vie du monastère. Dors, maintenant .Reposes-toi. Les lunes seront de nouveaux pleines deux fois avant que tu ne puisses brandir l’épée, heureusement qu’il n’en est pas de même pour la plume, ton temps ne sera pas perdu. »
Le temps passa, et plus sa force de préhension revenait, plus son instruction avançait. Il savait désormais écrire des phrases simples et savait lire en bonne et dû forme. Les pleines lunes qui suivirent le trouvèrent abrutis par des puissantes décoctions, et ne déclenchèrent aucun accès de violence. Il croisait Yorik à la bibliothèque de temps à autres mais n’avais pas vraiment le temps de le côtoyer. Il réintégrerait le groupe des élèves lorsque ses mains se seraient ressoudées convenablement. Un beau jour, Golonus l’emmena voir le Chamoine, qui lui remit un livre épais relié de cuir, sur la couverture duquel était gravé un Lys, un loup, et une lune. Il lui donna également un ouvrage traitant des traditions du continent Nord d’Amotia, et de son organisation géopolitique. Il lut le deuxième avant le premier, estimant qu’il valait mieux connaître le monde dans lequel il évoluait avant de savoir quelle place avait son clan autrefois. Il apprit que la puissance souveraine du continent Nord était le Clan de l’ours, qui contrôlait tout le territoire, ayant un représentant dans chaque ville. Il y avait également une carte sur laquelle il vit qu’au nord existait un pays de glace, et au sud, un territoire indépendant qui refusait l’autorité du daimyo du clan de l’ours et vivait en autarcie avec ses propres règles. Il y avait également d’autres continents mais les échanges étaient rares et seulement les personnes les plus courageuses ou les plus désespérées  migraient vers ces terres lointaines.
Il s’attaqua ensuite au livre qui traitait de son Clan. Il apprit tout d’abord que le Clan du loup était en fait constitué de trois branches distinctes : L’ombrelune, le Lysgris et Froidmordant. Leurs fédérations seraient nées de la chute d’une étoile, où, dans le cratère formé par  le choc, on aurait retrouvé un fossile d’homme et de loup enlacés, statufiés par la cendre. Au cœur de l’étoile déchu on aurait retrouvé une flamme gelée qui brûlait sans cesse, et, depuis l’épicentre jusqu’aux confins de la plaine où les migrants avaient choisis de s’installer, un lys a l’étonnante couleur grise avait poussé sur les cendres. De l’étoile, le clan  avait extrait un acier avec lequel ils forgèrent la lame céleste, symbole de leurs pouvoirs ; un minéral qui brillait a la lumière des lunes, la pierre de lune, et la flamme qu’ils scellèrent dans un réceptacle mêlant l’acier et la pierre, la flamme froide. Ils séparèrent ces trois dons du ciel ainsi que leur clan. Ceux qui érigèrent leur domaine où pousse le lys devinrent le clan du Lysgris, menés par le cadet des fils du chef. L’aîné s’empara de la flamme froide, symbole de pouvoir et émigra vers les terres de glace, loin au nord. Quand aux autres, ils supplièrent la pierre de lune de les bénirent et s’en allèrent au sud, suivant le benjamin. C’est ainsi que fut équilibré le pouvoir entre les factions lupines. Tant que chaque clan posséderait un des trésors, les autres seraient inutilisables. Le « Fenrir », la lame, ne révélerait son pouvoir qu’incrusté de pierre lunaire et trempée dans la flamme froide. Ainsi fut fait. Géographiquement, il sut que son clan disparut était sans aucun doutes celui du lysgris, d’où le conflit qui opposait maintenant ses cousins du nord et du sud. Le vainqueur récupérerait le Fenrir et pourrait unifier les loups en un seul clan. Il lut alors les passages spécifiques à leurs races et apprit que le mutisme était une des particularités de ce peuple. Jusqu’à ce qu’un enfant soit reconnu en tant qu’homme et membre a part entière de la meute, il conservait le silence. Il en allait de même pour les appétits de la chair. Une spécificité forgée par des générations de conditionnement. Lorsque le jeune loup recevait son nom, il avait alors le droit de prendre la parole, et de convoiter une partenaire. Telle est leurs lois. De plus, il cessait d’être esclave de la lune et maîtrisait ses pulsions meurtrières. Ce fut une grande joie pour notre héros, il devait juste retrouver les autres loups et leur demander l’adoubement. Il serait alors libérer de ces poids que sont le mutisme et les pulsions incontrôlables.
Cependant, quelque chose l’intriguait. Son livre parlait de la lune comme du soleil, un astre unique, et rond. Il avait toujours connu les lunes d’Amotia comme trois rocs flottant dans le ciel, aux formes diverses et asymétriques. Il aurait sûrement la réponse lorsque sa langue se débloquerait.
Ses mains s’étaient finalement reconstruites. Il reprit l’entraînement avec acharnement et détermination, tant le fait de se savoir un jour libéré de son fardeau le poussait à se dépasser. Lorsque Yorik le vit à nouveau sur la place, saluant le soleil, il s’approcha de lui :
« Te voilà de retour. J’ai vu tes mains bandées, mais j’ose espérer qu’elles sont désormais guéries. Je ne sais pas comment tu as bien pu te blesser a ce point, mais il est heureux que tu puisses toujours empoigner le manche d’un sabre ! Je te dérouillerais ce midi, un peu d’exercice te fera du bien… »Il reprit avec plaisir le quotidien d’un élève normal, et bientôt il retrouva sa vigueur  et sa forme.
Quatre ans passèrent. Quatre ans durant lesquels son corps et son esprit grandirent et se fortifièrent. Il devint un des meilleurs, stimulé par la compagnie de Yorik qui le poussait toujours à redoubler d’efforts. Il finissait l’épreuve du mur devant Yorik de temps à autres, rivalisant de prouesses à l’épée et maniant le bâton de manière décentes. Il avait appris à utiliser ses cinq sens, par une série d’exercices consistant à supprimer d’abord la vue, puis, progressivement, l’ouïe et l’odorat. L’épreuve finale pour devenir initié consistait à être attaqué par 4 novices les yeux bandés, le nez imbibé d’une substance très odorante qui neutralisait son sens olfactif et des bouchons de cire dans les oreilles. Il avait donc appris à sentir les déplacements d’air sur sa peau pour localiser ses adversaires. Epreuve dont il se tira a merveille, étalant les jeunes recrues en quelques frappes. Il fut alors intronisé comme initié, deux ans après son entrée au monastère. Seul Yorik et lui avait atteint ce stade aussi rapidement dans l’histoire du temple.
Il avait également appris de l’instruction des notions de premiers soins, la couture, l’élevage, la pêche, le dessin, l’équitation à dos de chamois…une éducation polyvalente pour que chaque membre du monastère soit d’une aide précieuse en toutes circonstances. Il était désormais un jeune homme dans la force de l’âge, avec un parfait self-control, un esprit instruit et une musculature longue et sèche. Ses cheveux avaient encore poussés et de la barbe était apparu sur son visage. Il avait employé chaque jour à s’aiguiser au maximum, dans l’attente du jour où il quitterait le temple. Et finalement, un soir avant l’étude, il fut convoqué dans les quartiers du grand Chamoine :
« Tu as prouvé ta valeur. Il est désormais temps pour toi de poursuivre ta quête. Vis de manière décente et fais en sortes que personne ici n’ait à rougir de tes actes. Défait tes ennemis et reconquiers ton destin !  Rends-toi dans un premier temps à la demeure de tes parents. Yorik t’accompagnera, et le clan du Rat a envoyé un émissaire pour te guider. Tu partiras demain à l’aube. Nous te fournirons des vivres et de quoi te vêtir chaudement, en plus de tes affaires que tu récupéreras. Encore une chose…
Et le ton du Chamoine se fit moins solennel.
-Ton père…son nom était Atalum. Un homme bon. Il m’a dit un jour que son nom signifiait : « Le croc qui pleure ». Il a épousé une jeune femme magnifique du nom de Lunidia, et nul doute que tu es leur enfant. Ton père venait ici traiter des alliances entre le monastère et votre clan. C’était un bon ami , que j’ai connu alors qu’il venait tout juste d’être un homme, et qui s’est hissé en tant qu’Alpha quelques années plus tard. Un combattant féroce, mais tout comme toi, bien meilleur à l’épée qu’au bâton. Tu lui ressembles, mais tes cheveux sont ceux de ta mère. J’ai été heureux d’avoir pris soin de leur fils, et d’avoir l’occasion d’apaiser leurs âmes. Maintenant, c’est à toi de te montrer dignes de tes ancêtres .Vas, maintenant, et profites de la soirée pour dire au revoir a ces murs, je doute que tu y reviennes avant longtemps. Et j’espère que lorsque tu repasseras les portes, tu auras redonné son lustre au blason du Lys. Ma bonne fortune t’accompagne.

Le Jeune homme s’inclina profondément, marquant par là sa gratitude envers cet homme qui l’avait aidé à accomplir sa destinée, et se retira. Il fit un dernier tour dans les jardins, se baigna aux sources en savourant l’odeur âcre qui avait accompagné ses ablutions pendant 4 longues années. Il monta lentement les marches jusqu’à sa chambre, et s’étendit pour prier que le sommeil vienne vite pour amener l’aube.

#23 25 Sep, 2011 17:51:39

lysgris

je me rendais pas compte que c'était aussi massif! le bloc! bref; si tu as le courage de lire, tu devrais avoir plus ou moins compris comment s'organise le paysage politique du continent nord. L'aventure commence vraiment a partir du prochain chapitre, notre héros est maintenant prêt a affronter le monde^^

#24 26 Sep, 2011 07:55:10

debyoyo

Je viens de tout lire mais j'ai quand même une question, commence cela se fait-il qu'il reste 4ans dans le monastère alors qu'il arrive à devenir initié au bout de 2???


Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)

L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)

#25 26 Sep, 2011 10:08:05

lysgris

HUm...Bonne question. Je dirais qu'il attend d'atteindre une sorte de "majorité", il a tout juste 20 ans maintenant. Même si il ne monte pas au rang de maître,on peut considérer qu'il a attendu d'être "initié confirmé", et c'est le grand chamoine qui décide quand il est prêt a quitter le monastère. Il finit sa formation de débutant au bout de deux ans et celle d'initié 2 ans après. Je t'avoue que je voulais surtout qu'il atteigne au moins une vingtaine d'année pour qu'il ne soit plus un enfant, sachant que  quand l'histoire commence , il a entre 15 et 16 ans.

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