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Je vous présente le 1er chapitre de mon roman. Etant donné qu'une fois fini, je souhaite le proposer à des éditeurs, n'hésitez pas à être critique.
Bonne lecture !
spoilerChapitre 1. « Ne pleure pas ! »
— Brrr ! Je suis gelée
Lène tremblait de tous ses membres alors qu'elle poussait du pied la porte de son abri, une chambre vide aux papiers peints complètement brûlés et simplement éclairée par la lumière extérieure passant à travers une fenêtre aux vitres brisées. Fatiguée, elle laissa tomber les bouts de bois qu'elle tenait dans ses bras. Elle les avait réunis au prix d'une bonne heure de recherches qui avaient bien failli être infructueuses. Ce n'est qu'après avoir fouillé quelques dizaines d'appartements qu'elle était parvenue à trouver parmi les cendres quelques bouts de meubles et de planches sauvés des flammes. Désormais, Lène contemplait avec une certaine fierté son petit tas de bois sec.
Elle attacha ensuite ses longs cheveux noirs en chignon puis se mit à genoux près de son butin. Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux pour se concentrer. Elle tendit ensuite la main vers le centre de la pile puis murmura :
— … Luciole…
L'instant d'après, une petite boule lumineuse jaillit de sa paume. Lentement, elle tomba jusqu'à entrer en contact avec le bois… pour y faire apparaître une première flammèche. Rapidement, elle se mit à grossir et bientôt, un feu réchauffa toute la pièce. Satisfaite du résultat et ressentant déjà les bienfaits de la chaleur, Lène laissa s'échapper un grand soupir de soulagement. La douce chaleur des flammes enveloppait son corps, faisant revivre les extrémités dont elle n'avait plus eu connaissance depuis quelques heures. Son poncho, plein de crasse, lui apportait une couverture précieuse alors qu’en dessous, elle ne portait qu'un simple t-shirt qui fut, à une certaine époque, blanc et un pantalon déchiré.
Mais, dans cette pièce, à cet instant, ce n'était pas grave, elle se sentait si bien... Elle aurait voulu pouvoir vider son esprit et ne plus penser au futur mais le feu et la situation présente ne durerait pas éternellement… Il ne lui restait plus beaucoup d'eau potable. Les robinets à l'intérieur des bâtisses ne fonctionnaient plus et les cours d'eau naturel portaient encore pour la plupart les traces de la pollution humaine. La nourriture, au contraire, ne semblait pas se tarir. Elle était d'ailleurs peut-être un peu trop présente. En parcourant les ruines de la ville, elle avait pu découvrir qu'une sorte de race de lézards noirs y avait massivement élu domicile. Bien qu'ils soient délicieux à dévorer (bien qu’un peu trop salés), le fait qu'ils mesurent près d'un mètre de longueur, qu'ils disposent de crocs puissants et de griffes acérés pouvait rendre leur chasse parfois périlleuse, surtout quand ils étaient en groupe, soit 90% du temps. Pourtant, avant d'être infesté de ces dangereux reptiles, l'endroit semblait avoir hébergé auparavant de nombreux humains. Mais un gigantesque incendie semblait avoir tout ravagé, sans rien laisser sur son passage.
Cela faisait un moment déjà que Lène marchait en quête d'autres êtres humains, ne s'arrêtant que pour chercher de la nourriture et dormir. Et elle n'avait trouvé que des cendres et diverses créatures dont elle n'avait jamais entendu parler dans ses livres. Elle se souvint notamment de cette bête, aperçue il y a un peu moins d'un mois. Elle ressemblait à un lion, à ceci près qu'il ne lui semblait pas avoir lu un jour que le « roi des animaux » pouvait avoir une carapace protégeant ses pattes, une queue de scorpion et surtout, une taille de 4 mètres ! Inutile de préciser que, par précaution, Lène l'avait soigneusement esquivée.
Ne sachant par où commencer ses recherches, elle avait décidé de suivre la côte. C'était plus facile pour se repérer géographiquement. Les quelques habitations qu'elle avait aperçu et qui dépassaient de la surface de l'eau à plusieurs centaines de mètres vers l'horizon, laissaient comprendre que la mer n'avait pas toujours été aussi proche. Les structures étaient pourtant presque intacts, n'ayant pas souffert du choc des vagues. En effet, bien que cette longue étendue d'eau fut autrefois appelée « Océan Atlantique », elle était aujourd'hui calme, immobile, lisse comme un miroir. Dessus s'y reflétaient un ciel d'un gris pâle et uniforme, sans nuage pour y flotter et apporter une légère variété de couleurs et de formes.
Mais le plus étranges étaient ces fissures qui lézardaient les cieux à plusieurs endroits. C'était comme si la Terre avait toujours été recouverte d'une épaisse couche de verre mais qu'aujourd'hui, elle avait été ébréchée. Il y a quelques jours, alors qu'elle pêchait, Lène avait même cru voir un morceau de ciel se détacher pour tomber à l'horizon. Mais, n'y croyant pas ses yeux, elle crut que c'était une illusion d'optique… Ou peut-être que cette sensation de mort qui l'entourait la rendait folle et lui faisait avoir des visions…
Sentant le pessimisme l'envahir de nouveau, Lène fixa le curieux rosaire qui ornait son poignet droit. Il était formé de plusieurs perles vertes translucides. Elle ferma les yeux et, dans un souffle, murmura :
— … Tenma…
… … A la simple pensée de l'homme qu'elle aimait, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Mais elle serra très fort son rosaire entre ses doigts jusqu'à s'en faire mal.
« Ne te laisse pas aller ! »
Les larmes ne coulèrent pas.
Elle était la plus forte…
— Allez, Lène, ressaisis-toi !
Elle exprima ces mots à voix haute pour s'encourager et cette « auto-injection » d'optimisme réussit à la calmer. Lène laissa ensuite son esprit vagabonder au rythme des crépitements… Même s'ils étaient courts, elle devait apprécier des « petits plaisirs » comme celui-ci, quitter cet endroit froid et être bercé par la chaleur. Elle devait laisser son âme se reposer… jusqu'à tranquillement… laisser… le sommeil… l'envahir…
Quand soudain, elle rouvrit les yeux. Son cerveau ayant commencé à « reclasser » les informations de sa journée, elle se rappela de « ce bruit » qu'elle avait entendu tout à l'heure alors qu’elle était en quête de bois.
Elle venait d’explorer son vingtième appartement, sans rien trouver, quand le silence angoissant de l'immeuble fut perturbé par un bruit venant de l'extérieur. Lène tendit l'oreille jusqu’à entendre un «Flap ! Flap ! Flap ! » régulier. Ce son lui parut familier mais, sur le moment, il lui fut impossible de se souvenir où elle avait bien pu l’entendre.
Poussée par la curiosité mais surtout l'espoir, elle courut vers la grande fenêtre à l'extrémité du couloir où elle se trouvait. Elle regarda directement en bas. Il n'y avait que les rues sombres et sans vie qu'elle avait traversées tout à l'heure. Puis elle leva la tête, cherchant la provenance du bruit qui semblait s’éloigner par la droite. Elle vit alors une forme blanche mais quoi que ce soit, c'était déjà tellement éloigné qu'il lui fut impossible de l'identifier avant qu’elle ne disparaisse derrière les ruines d'un immeuble.
Finalement, sa peau frigorifiée la ramena à des besoins plus urgents et concrets. Attraper froid pour se lancer à la poursuite d'une silhouette grossière était déraisonnable. Ainsi, elle s'était remise à chercher du bois pour le feu.
Mais maintenant qu'elle était réchauffée et reposée, elle put se rappeler sereinement et saisir enfin ce qui lui avait échappé à ce moment-là
— Oui ! s'exclama-t-elle en claquant des doigts. Dans ce film que Tenma m'a montré ! Il y avait cet appareil : l'héli…machin, qui produisait le même son ! Ce doit être ça que j'ai entendu !
Heureuse d'avoir enfin pu se souvenir, même partiellement, de cette information mais aussi des perspectives qu'entrainait cette découverte, elle put envisager avec espoir son avenir proche.
« Dès demain, je me dirigerais dans la direction où j'ai vu l'héli… l'appareil disparaître. Je trouverai peut-être des gens ! »
Mais à cet instant présent, son ventre se mit à rugir bruyamment. Lène était affamée…Pas étonnant : cela faisait plusieurs heures qu'elle n'avait rien eu à se mettre sous la dent.
Réchauffée, Lène décida de partir en chasse. La nuit allant tomber dans une ou deux heures, elle devait se dépêcher de se trouver un repas. Un lézard ferait parfaitement l'affaire. Mais seulement un petit bout. Un entier était trop salé pour elle et son fond de bouteille d'eau. Par chance, à peine sortie de son abri, elle croisa un « petit » (50 cm malgré tout) qui, voyant l'imposante jeune fille face à lui, décida d'écouter son instinct de survie et de fuir.
— Pas si vite !
Lène courut après lui. Il était rapide mais elle avait très faim. Après une course poursuite rapide, elle finit par l'acculer dans un couloir. Il poussa des petits cris stridents, déploya une collerette rougeoyante pour tenter d'intimider l'ennemi mais Lène, pas du tout impressionnée, se léchait déjà les babines. Les perles de son rosaire commençaient à briller autour de son poignet. Elle sentit alors de la poussière lui tomber sur la tête. Quelque chose semblait s'être écrasée à l'étage au dessus et était visiblement en train de marteler le sol. Lène, elle aussi mue par son instinct de survie, fit quelques pas en arrière. Grand bien lui en pris puisque la seconde après, le plafond s'effondrait devant elle et en surgit un lézard géant. Mais ce n'était pas seulement une version « plus grande » du reptile qu'elle avait poursuivi, il était doté de bras et de jambes et pouvait se mouvoir facilement en équilibre sur deux pattes. A l'instar de son petit frère, il déploya sa collerette écarlate et hurla, exhalant à la figure de la jeune fille son haleine terriblement aigre.
Lène voulut s'enfuir à toutes jambes mais ces dernières étaient semblables à de la gelée. Elle était effrayée à l'idée de tourner le dos à la créature. Et aussi un peu à cette saleté de « petit » lézard de 50 cm qui fanfaronnait désormais derrière son grand frère… qui l'écrasa, faisant visiblement peu cas d'éventuels liens familiaux. Le choc produit par l'écrasement fit s'effondrer un morceau de pierre. Lorsqu'il tomba sur le visage du monstre, le corps de Lène le vit comme le signal de départ d'une course effrénée pour sa survie. Durant quelques mètres, elle se dirigea spontanément vers son abri avant de reprendre ses esprits et de se rappeler que ce n'était autre qu'un cul de sac sans aucun endroit où se cacher. Elle prit donc un autre chemin, tentant de mettre à profit le temps passé à recherche du bois pour se repérer dans l'immeuble. Mais la panique dans laquelle elle se trouvait ne l'aidait pas à réfléchir. Au contraire, elle trébuchait, se cognait contre les murs. Elle se demandait même comment le lézard géant ne l'avait toujours pas rattrapé. Lène osa finalement regarder en arrière. Il n'était plus là. Elle ne s'arrêta pas pour autant, s'attendant à le voir ressurgir à tout moment. Elle tomba finalement sur une chambre avec, à l'intérieur, une armoire normande à peine abimée. Un court instant, elle fut enthousiasmée par cet impressionnant gisement de bois puis, la centième de seconde après, par cette cachette providentielle. Elle entra à l'intérieur, essayant de ne pas faire trop de bruits, puis jeta un œil à travers un trou dans la porte de l'armoire. Personne.
Lène ne sut combien de temps passèrent jusqu'à ce qu'elle s'autorise à être finalement rassurée. Elle finit par pousser un soupir de soulagement, mais cette décompression soudaine eut pour effet de faire jaillir les larmes qu'elle avait contenue tout à l'heure. Elle prit quelques minutes pour pleurer en silence, toujours enfermée dans son armoire. Ca faisait du bien.
Elle entendit alors du bruit dans la pièce. Son corps se raidit instantanément. Elle regarda à travers la minuscule ouverture et crut apercevoir, derrière ses yeux embués par les larmes, la silhouette d'un homme habillé d'un long manteau noir. Ce n'était pas le lézard géant, à moins qu'il se soit offert une coquetterie avant de continuer à la chercher. A sa manière de se déplacer, il s'agissait bien d'un homme. Cela ne signifiait pas pour autant qu'il n'était pas dangereux. Mais dans le pire des cas, Lène pouvait utiliser son rosaire pour se défendre. Elle se souvint alors qu'elle aurait pu sans doute l'utiliser contre son poursuivant de tout à l'heure. La peur entrainée par l'arrivée surprise de la créature l'avait faite réagir de manière irrationnelle. Mais il fallait qu'elle se batte désormais : elle avait trouvé un humain. Peut-être était-il mauvais mais elle devait prendre le risque ! Elle sortit de l'armoire en douceur, pour ne pas effrayer l'inconnu qui se trouvait presque à la porte de sortie et, d'une voix se voulant la plus douce possible, l'interpela :
— Bon-bonjour !
L'homme en noir entendit la voix de Lène mais, au lieu de se retourner, se mit à courir pour rapidement sortir dans les couloirs. Surprise, la jeune fille partit à sa poursuite mais le temps pour elle de quitter la pièce suffit à l'inconnu pour disparaître.
— Attendez ! L'interpela-t-elle, sans succès. Je ne vous veux aucun mal… Je cherche simplement… à savoir… ce qu'il s'est passé… ici.
Abattue, elle sentit ses forces la quitter, puis la douleur de ses jambes meurtries par la fuite. Une brise fraiche écarta ses cheveux et lui glaça de nouveau tout le corps. Lène soupira, fatiguée et désespérée. Cette course lui avait donné soif. Une fois rentrée, elle devra donc consommer le peu d'eau qu'il lui reste. Mais en attendant, Lène laissa son esprit se perdre dans le gris du ciel craquelé qu'elle apercevait… … … … Encore un peu… … Il était tellement bon de ne plus rien penser…
— Pousse-toi !
…
Une voix lointaine… Mais ce n'était sans doute rien… rien d'autre qu'un rêve…
— Attention !!!
Cette fois-ci, le son lui était parvenu plus distinctement. On s'adressait à elle ! Elle chercha la provenance de la voix.
« Au dessus… »
Elle leva la tête et aperçut une forme humaine. C'était un homme. Il avait bondit du bâtiment d'en face et semblait planer vers elle. Lène repensa alors à un dessin que lui avait montré Tenma. Elle crut se souvenir qu'il avait appelé cet être un « ange ». Certes, elle savait que ce qui lui fonçait dessus n'était pas une créature mythique. Mais elle était tellement surprise de voir ce type dont la couleur des cheveux, blanche, semblait irréelle, « voler » vers elle, qu'elle avait spontanément fait l'analogie. Alors qu'il s'approchait rapidement de la fenêtre, elle put mieux le distinguer. C'était un jeune homme, à peu près la vingtaine. Ses vêtements, un baggy épais et une de ces vestes au style militaire rempli de poches, étaient sales et déchirés par endroit. Il était désormais assez proche pour qu'elle puisse voir la couleur de ses yeux, un noir profond, pétillants de vie, quand il l'interpela de nouveau :
— Je vais m'écraser sur vous si vous ne vous poussez pas !!!
Elle s'exécuta, le laissant finalement passer par la fenêtre et se poser sur le sol. Elle put voir que son ange n'avait pas utilisé des ailes pour sauter du bâtiment d'en face jusqu'à elle. Il s'était simplement suspendu par un filin métallique relié au pistolet qu'il tenait dans sa main. Lène tendit lentement sa main vers lui pour le toucher, pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, tentant par la même occasion de s'adresser à lui :
— Je…
— Attention !!!
Sans laisser le temps à Lène de comprendre ce dont à quoi elle devait faire attention, le jeune homme appuya sur l'un des boutons de son pistolet, et, l'instant d'après, son filin métallique se rembobina à toute vitesse. Il se retourna ensuite vers elle.
— Je m'appelle Duncan ! Et je suis là pour vous sauver !
Il lui tendit la main. Lène remarqua alors que l'appareil qu'il tenait auparavant semblait avoir disparu. De plus, elle jura avoir vu le bracelet qui ornait le poignet du jeune homme briller quelques instants. Mais elle ne s'en préoccupa pas outre mesure. Elle avait enfin trouvé quelqu'un !!!
— Je m'app-
Elle avança à son tour sa main mais elle vit les yeux de Duncan s'agrandir juste avant qu'il lui saisisse violemment l'avant-bras.
— Ca va aller pour courir ? demanda-t-il en regardant les jambes égratignées de Lène.
— Ou…oui...
— Alors, on bouge !
Le jeune homme se mit à courir, trainant derrière lui Lène, encore hébétée, qui ne put que le suivre. Il l'emmenait de l'autre côté du couloir, vers les escaliers. Elle voulut lui demander pourquoi mais tourna la tête. Elle put ainsi voir ce que l'homme fuyait et, par la même, de quoi il la sauvait. Une nuée de lézards noirs déboulait par la fenêtre, rampant sur les murs et poussant des sifflements de rage à leur attention.
— Qu'est-ce que ?!
— On appelle ça des Viiz, expliqua Duncan. Et visiblement, vous leur êtes appétissante ! Je les ai trouvés accumulés en bas de l'immeuble. Vous leur avez fait quoi ?
Lène ne répondit pas à voix haute mais pensa :
« Juste un barbecue avec 4 ou 5 d'entre eux…. »
Duncan et elle arrivèrent à la porte d'escaliers mais, avant d'y entrer, elle put voir cette fois-ci distinctement le bracelet du jeune homme se mettre à briller. L'instant d'après, une étrange boule rouge de la taille d'une balle de golf se matérialisa comme par magie dans la paume de sa main. Il le serra fort et l'objet se mit à luire. Il le lança alors par une fenêtre.
Trois gerbes de lumières rouges jaillirent de la boule, montant jusqu'au ciel tels des feux d'artifice. Lène fut éblouie un court instant et faillit trébucher si Duncan ne l'avait pas retenu. Il ne s'agissait pas de perdre du temps : la nuée de Viiz était toujours à leur poursuite et il fallait faire vite.
Une fois dans la cage d'escaliers, elle voulut se diriger vers le bas mais le jeune homme la tira vers les étages supérieurs. Malgré cette décision qui pouvait paraître surprenante, Lène ne dit rien, se contentant de suivre le rythme que lui imposait Duncan. Elle ne savait pas où il l'emmenait et encore moins quel était son plan pour les sortir de là. Mais elle avait finalement trouvé un autre être humain. Elle sentait sa main tenant la sienne, une main chaleureuse...
— Ne pleure pas ! fit Duncan, je vais nous sortir de là, fais moi confiance !
Lène acquiesça d'un hochement de tête, essuyant en caressant du doigt les larmes qui perlaient au bord de ses yeux.
(There is no such thing as) Simple Love est mon premier essai manga mais j’espère que vous saurez passer outre mon amateurisme et que vous apprécierez les histoires de Benjamin, Chloé, Alice et les autres.
J'attends un peu histoire de voir si quelqu'un d'autre va commenter (snif)
(There is no such thing as) Simple Love est mon premier essai manga mais j’espère que vous saurez passer outre mon amateurisme et que vous apprécierez les histoires de Benjamin, Chloé, Alice et les autres.
Chapitre 2. « Qui vous dit que je n’avais pas prévu que l’immeuble s’effondre à ce moment précis ? »
Le Vii Rex rampait sur les murs de l'immeuble avec une grande vélocité, dépassant sans peine chacun de ses congénères qui avaient eu la malchance d'être « normaux ». Lui était né difforme, sorti d'un œuf plus grand que les autres et qui avait tué sa mère au moment de la pondaison. Il en sortit deux fois plus gros que ses frères et sœurs qu'il dévora quelques minutes après sa naissance. Sa croissance fut ensuite exponentielle si bien que, lorsqu'il eut atteint sa pleine maturité, il mesurait plus de 2 mètres. Ses bras et ses jambes s'étaient allongées et, lorsqu'il apprit à marcher sur deux pattes, il put acquérir son statut de créature humanoïde.
Il était une bizarrerie de son espèce, n'ayant environ qu'une chance sur un million de naître, ce qui, malgré les extraordinaires capacités de reproduction des Viiz, faisait de lui une rareté. Il s'était imposé comme le chef de sa tribu après avoir dévoré sans mal les quelques « braves » qui osèrent convoiter son trône. Et il était naturel qu'en tant que roi, il récupère les meilleurs morceaux de ces deux créatures qui lui ressemblaient par certains aspects. Ses congénères connaissaient aussi la famine mais lui, devait à tout prix survivre.
Fort de ses capacités physiques largement supérieures, il fut le premier à rattraper les proies. Elles couraient et tentaient bêtement de rejoindre les hauteurs pour survivre. L'une d'elles lui avait échappé tout à l'heure mais il n'allait pas laisser cette infamie se reproduire. Le Vii Rex bondit devant elles, leur coupant toute trajectoire. Pour leur ôter toute envie de combattre, il déploya sa majestueuse collerette et montra ses crocs acérés où dégoulinaient des seaux entiers de bave avant de se jeter sur eux. L'un des deux humains, le mâle, portait à son poignet un curieux objet qui se mit à briller. Peu lui importait. Il s'en parerait comme d’un trophée sitôt qu'ils seront morts. Il crut alors voir passer un éclair juste devant lui et, l'instant d'après, son repas avait disparu.
Le Vii Rex voulut se retourner pour savoir où pouvaient bien se trouver ses proies mais ressentit tout d'un coup une douleur plus intense que toutes celles qu'il avait jamais ressenti. Elle parcourait son corps du haut de son crâne jusqu'au bas de son ventre. Un liquide vert se mit à couler pour tomber au sol juste devant lui. C'était son sang. Un bref instant, il fut parcourut d'un terrible frisson… Puis toute sensation disparut. Les parties gauches et droite de la créature s'écroulèrent dans les escaliers, coupées l'une de l'autre de façon nette et précise. En passant sur les morceaux de son cadavre, certains de ses sujets s'arrêtèrent pour dévorer leur ancien roi.
Lène regardait avec stupeur son mystérieux sauveur, encore sous le choc de la scène à laquelle elle venait d'assister. Le lézard géant qui l'avait attaquée tout à l'heure avait atterri juste devant eux mais, sans une once d'hésitation, Duncan avait continué sa course dans les escaliers. Et, avec une épée apparue dans sa main comme par enchantement, il avait tranché la créature comme du beurre. Face au jeune homme, le monstre qui avait provoqué chez elle une si grande frayeur ne semblait pas valoir beaucoup mieux que les milliers de bestioles qui leur couraient après. Pour autant, ces dernières constituaient encore une menace importante. Les ayant beaucoup chassés ces derniers jours, Lène savait que leur nombre compensait largement leur faible puissance et ils étaient rapides. Ils gagnaient progressivement du terrain sur eux, poussant des petits cris qui, vu le nombre, devenaient assourdissants. Lène les sentait si proche qu'elle eut presque envie d'abandonner cette course tant elle semblait vaine.
— Ca va aller, on y est presque ! la rassura Duncan, désignant le haut des escaliers. Allez y et ne m'attendez pas !
Duncan s'arrêta et laissa Lène passer devant lui. Les Viiz se rapprochaient inexorablement. Il devait les ralentir où ils ne s'en sortiraient pas. Son bracelet se mit de nouveau à briller mais, cette fois-ci apparut dans ses mains une boule similaire à celle qu'il avait lancé tout à l'heure, à la différence que celle-ci était noire. Il la serra fort jusqu’à ce qu’une aura bleutée la recouvre puis il la lança directement sur le groupe des monstrueux lézards. Le projectile explosa à leur contact, faisant d'énormes dégâts dans cette marée noire grouillante et sifflante tout en faisant s'effondrer quelques pans du bâtiment.
Pendant ce temps-là, Lène venait d’arriver sur le toit. Elle ne savait pas trop à quoi elle devait s'attendre mais elle se mit malgré tout à chercher autour d’elle, espérant deviner le plan de son mystérieux sauveur. Mais il n'y avait rien et les immeubles à proximité étaient bien trop éloignés pour tenter un saut. Duncan la rejoignit quelques secondes après. En le voyant regarder à son tour de tous les côtés, elle commença à se demander s'il avait vraiment prévu quoi que ce soit pour les tirer de là.
— On fait quoi maintenant ?!
— Henry !!! hurla Duncan en pressant ses doigts sur son oreillette.
— Je suis là !
Répondant à l'appel de Duncan, un hélicoptère blanc jaillit de derrière un bloc d'immeubles et se dirigeait vers eux. Lène comprit tout de suite que c'était lui qu'elle avait vu tout à l'heure. Elle n'avait pas rêvé.
Duncan poussa un profond soupir de soulagement et avoua au pilote, le dénommé Henry :
— J'ai cru un moment que vous n'aviez pas vu mes fusées de détresse !
— J'ai fait au plus vite !
Henry se positionna juste au dessus du toit et laissa tomber une échelle de corde, les invitant à grimper dans l’appareil. A cause du vent provoqué par la rotation des pales et de la sueur qui recouvrait sa peau recouverte simplement par des vêtements en piteux état, Lène était frigorifiée. Duncan lui tendit alors sa veste.
— Enfilez-la et montez à l'échelle !
Lène acquiesça et, après avoir échangé son poncho contre le vêtement qui lui avait été prêté, commença son ascension vers l'hélicoptère. Peu habituée à cette exercice et gênée par les violents courants d'airs, elle montait péniblement. Duncan la regarda pour voir comment elle se débrouillait. La jeune fille grimpait maladroitement mais son déhanché était divin. Un peu gêné par la situation, il détourna le regard pour s'apercevoir que, bien qu'il ait bloqué les escaliers avec l'explosion de tout à l'heure, les autres Viiz avaient continué d'escalader les murs extérieurs. Une nouvelle marée noire déferlait sur le toit.
Duncan serra les dents et son l'épée. Comprenant qu'elle ne suffirait pas à elle seule à contenir toutes ces créatures, il jeta vers les lézards le vieux poncho de Lène pour les aveugler. Puis, profitant de ce très bref instant de répit, il fit apparaître une deuxième arme de son bracelet gauche. Les lézards fondirent sur lui en un flot incessant, les crocs en avant et leur collerette déployée. Duncan ripostait efficacement en les tranchant en deux sitôt qu'ils passaient à sa portée. Mais ils poursuivaient inlassablement leur assaut, mue par une si grande faim qu'elle leur faisait oublier toute peur et tout instinct de survie. Leur proie ne semblait pas faiblir pour autant. Manipulant ses deux épées avec encore plus de dextérité qu'une seule, Duncan semblait danser dans cette mare de sang et de cadavres fraîchement découpés. Une danse macabre. La danse d'un démon sur le champ de batailles. Une sensation qui lui semblait curieusement familière… et très agréable. Le temps lui semblait marchait au ralenti. Il n'entendait plus rien.
— Duncan ! Le bâtiment s'effondre !
La voix d'Henry le sortit finalement de sa transe. Dans sa frénésie, il n'avait même pas remarqué que le sol était en train de littéralement s'ouvrir sous ses pieds. Après avoir tranché les derniers Viiz qui lui barraient la route, il bondit vers l'échelle de corde et l'attrapa de justesse. C'est à cet instant qu'il aperçut l’ homme vêtu d'un imperméable et d'un tricorne noir. Posté tranquillement sur le toit de l'immeuble d'en face, il le regardait sans bouger. Bien que le comportement de cet inconnu fût étrange, Duncan voulut appeler Henry pour lui dire de redescendre le secourir. En dessous, le bâtiment s'écroulait sur lui-même dans un gigantesque fracas. Ses fondations, déjà fragilisées par les tremblements de terre, n'avaient pas supporté l'explosion qu'il avait provoquée tout à l'heure. Un épais nuage de poussière s'éleva dans les airs et, quand il il se dissipa, l'homme avait disparu.
De son côté, Lène était finalement parvenue à se hisser jusqu'à la cabine de l'hélicoptère. Elle jeta instantanément un œil en bas et constata, rassurée, que Duncan était derrière elle, grimpant l'échelle de corde avec bien plus de dextérité qu'elle ne l'avait fait. Elle vit ensuite le pilote de l'appareil, assis au poste de pilotage. C'était un homme d'une quarantaine d'années, cheveux bruns coiffés impeccablement, yeux bleus, très propre sur lui et avec un charme « très british ». Elle le salua timidement :
— Bonjour… Je m'appelle Lène !
— Et moi Henry, se présenta-t-il avec un accent qui confirmait bel et bien ses origines britanniques. Je suis enchanté ! Enchanté et surpris que vous ne soyez pas gravement blessée.
— C'est ce garçon… Il m'a sauvée !
— Ne vous en faites pas. C'est son job après tout… Par contre il devrait arrêter de jouer avec les grenades noires. Il ne sait pas s'en servir contrairement à sa grande sœur.
— Nadia est ma PETITE sœur ! rectifia Duncan qui venait de se hisser à bord de l'appareil.
Lène s'empressa de venir l'aider à monter. Il était poisseux, couvert du sang vert des nombreux Viiz qu'il avait découpé en bas, et il puait. Mais après tout ce temps passé dans les ruines, elle ne devait pas sentir la rose non plus.
— Et puis qui vous dit que je n'avais pas prévu que l'immeuble s'effondre à ce moment précis ?
— Bullshit! Tu n'y connais rien en explosifs et encore moins en architecture. Tu t'es amusé avec les bombes et tu as simplement eu de la chance de ne pas vous tuer Lène et toi.
Duncan se renfrogna, ne sachant que rétorquer à Henry. Il attrapa une serviette et s'essuya le visage. Mais il n'arrivait pas à se débarrasser de l'odeur du sang. Il prit dans sa poche une barre de céréales et la dévora goulument. Au moins, il n'avait plus le goût dans la bouche…
Lène sourit. Elle avait remarqué que depuis qu'il était entré dans l'appareil, son sauveteur paraissait beaucoup moins mâture et implacable qu'elle ne l'avait connu en bas. Elle le voyait à la fois à son comportement qu'à celui du pilote à son égard. Duncan sembla cependant comprendre ce qu’elle pensait puisqu'il reprit instantanément son air froid. Mais le mal était fait et les allures de « mauvais garçon mystérieux » qu'il tentait de se donner n'avaient plus le même effet.
D’ailleurs, elle se rendit compte qu'il n'était pas aussi grand qu'elle l'avait cru. Il faisait la même taille qu'elle. Peut-être un peu plus petit !
Pendant ce temps-là, tout en bas, sur le toit d'un bâtiment voisin l'homme en noir regardait l'hélicoptère s'éloigner, les bras croisés contre sa poitrine. Il avait bien failli être découvert par deux fois mais, au final, tout s'était passé comme prévu. Maintenant, c'était à « son » tour.
Jaillissant derrière l'inconnu, une ombre immense le survola et partit en direction de l'appareil.
(There is no such thing as) Simple Love est mon premier essai manga mais j’espère que vous saurez passer outre mon amateurisme et que vous apprécierez les histoires de Benjamin, Chloé, Alice et les autres.
Bon, je tente de faire lire un dernier chapitre mais, si je n'ai pas de retour, je n'aurai pas grand intérêt à continuer de poster.
Chapitre 3. « Ce jour-là, il y a 3 ans »
— Je m'appelle Lène ! Merci de m'avoir sauvée.
Lène tendit la main vers son sauveur qui reprenait son souffle, assis sur la banquette de l'hélicoptère. Les évènements s'étaient enchainés à une telle vitesse en bas qu'elle n'avait pas encore eu le temps de se présenter à Duncan.
— Ce… C-c'est rien, bafouilla-t-il alors qu’il venait de se rendre compte à quelle point la jeune fille était séduisante. C’est mon boulot !
— Que ce soit ton boulot ou pas, je te dois la vie. Il est donc normal que je te remercie.
Duncan fut surpris d'être tutoyé aussi rapidement par la jeune fille. Etait-ce de l’impolitesse, un manque de respect envers lui ou tentait-elle d'être amicale ? Il demanderait à Nadia en rentrant. En attendant, son travail n'était peut-être pas terminé. Il avait encore un point à éclaircir avec elle.
— Tu es seule ?
— Oh ! Tu ne serais pas en train de me demander si je suis célibataire ?
La question de la jeune fille n'était pas aguicheuse. On aurait plutôt dit qu'elle essayait de faire une plaisanterie. Duncan tenta de garder un visage impassible mais rougit, n'ayant pas l'habitude de ce genre de réponse. Elle ne se comportait décidément pas comme les autres rares survivants qu'il lui arrivait de retrouver.
— Euh… Je… Je voulais dire, en bas ? Dans les ruines ?
— Oui, il n'y avait que moi, répondit-elle plus sérieusement, Pourquoi ?
— C'est que… Si nous sommes ici, ce n'est pas un hasard.
— Comment ça ?
— Il y a six heures, nous avons reçu un appel radio nous donnant les coordonnées de cette ville et la description vague d'un bâtiment. On n'a pas réussi à « lui » répondre… Mais, vue sa voix, aucun doute, la personne qui a envoyé le SOS était un homme.
Lène n'eut pas à réfléchir longtemps avant de se rendre compte qu'elle avait oublié un point crucial. Elle tapa du poing contre la paume de son autre main et s'exclama :
— Oh !
— Oh ?
— Avant de tomber sur toi, je poursuivais justement un homme habillé complètement de noir. Ca doit être lui ! Quand je l'ai aperçu, il s'est enfui et je n'ai malheureusement pas réussi à le rattraper.
— Un homme habillé de noir ?! …
— Oui… Il faudrait y retourner… J'espère qu'il n'était pas dans l'immeuble quand il s'est effondré…
Duncan se souvint de ce bref instant où il avait cru apercevoir l'homme en noir sur l'immeuble d'en face. L'apparition fut si soudaine et si courte qu'il n’était pas sûr d'avoir bien vu… Mais si Lène aussi…
« Quand même, ce type a agi bizarrement en me voyant. Pareil avec Lène. Si c'était bien lui qui avait envoyé le SOS radio, pourquoi fuir au moment où, justement, il voit enfin un autre survivant ? D'autant qu'il n'est pas bien dangereux pour un homme d'accoster une jeune fille toute seule et désarmée. Il doit y avoir autre chose… »
Après quelques instants, il fit finalement part de ses réflexions au pilote de l’hélicoptère :
— Henry… Je… Je crois que c'était un piège…
— Un piège ?! De qui et pourquoi ?
Duncan jeta un coup d'œil discret à Lène. Il ne savait pas pourquoi mais il se doutait qu'elle avait un rapport avec toute cette histoire. Mais, pour le moment, ce n'était rien d'autre qu'une simple impression et, vu comme le pilote de l'hélicoptère lui prêtait peu de considération, il se contenta de répondre :
— Je ne sais pas…
— C’est tout ce que tu as à dire ?
— … Ouais…
Une fois de retour à Espoir, il en parlerait à Nadia. Il avait confiance en elle. Et surtout, elle était la seule à lui faire pleinement confiance. En attendant, il n'avait plus qu'à s'asseoir sur la banquette de l'hélicoptère et faire un petit som-
— Hé Duncan ! hurla Henry. Avant de te reposer ! Vérifie que notre invitée n'a rien ! Et puis donne lui à boire, à manger et des vêtements chauds !
— Euh oui… D-désolé !
Lène eut de la peine pour son sauveur. Duncan, rouge de honte, s'était dépêché de sortir d’une besace des barres énergétiques au chocolat, aux céréales et aux fruits, ainsi que de l'eau. Il attrapa ensuite un sac des vêtements et une trousse de secours.
— Tu… T'es blessée ? demanda-t-il à la jeune fille sans oser la regarder dans les yeux.
— Juste quelques égratignures aux jambes… Par contre, je veux bien de ces barres et d'un peu d'eau, s'il te plaît.
— Tiens, fit Duncan en lui tendant ce qu'elle avait demandé, tu as besoin d'autres choses ? Pour les vêtements, il y en a plein dans le sac. Choisis ce que tu veux…
— Merci. Tu peux aller te reposer. Je me débrouillerai toute seule…
— Ok… Pense quand même à te désinfecter, même si ce ne sont que des égratignures.
Duncan alla ensuite se poser sur la banquette d'en face. Sitôt qu'il fut couché, Lène attrapa la bouteille d'eau qu'elle vida en un instant. Elle dévora aussi goulument les barres énergétiques qui lui avaient été tendues. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait eu un tel « festin ». Lène n'avait cependant plus l'habitude de manger proprement et sachant cela, elle avait voulu éviter que Duncan ne la voit se bâfrer. Ses yeux étaient toujours clos. Elle se demanda s'il dormait vraiment ou s'il boudait. Puis, suivant le dernier conseil du jeune homme, elle désinfecta ses coupures aux jambes. Elle fouilla ensuite le sac à vêtements et en sortit une veste polaire bien chaude. Désormais, elle pouvait rendre celle que lui avait offerte Duncan. Lène posa alors le vêtement en couverture pour son sauveur, puis se rendit dans le cockpit avec Henry.
— Je peux ? demanda-t-elle en désignant le siège du copilote.
— Bien entendu, asseyez-vous.
Le pilote l'accueillit avec un sourire charmeur. Lène se demanda s'il était naturellement du genre râleur et qu'il faisait une exception pour elle ou bien si, au contraire, c'était Duncan qui bénéficiait d'un traitement spécifique. Elle n'osa pas lui poser la question pour le moment, d'autant qu'une autre lui semblait bien plus importante.
— Au fait… où va-t-on ?
— Nous nous rendons dans l'une des deux cités miraculées sur Terre : Espoir.
— « Miraculées » ?!
— J'imagine que ça doit être difficile à croire lorsque l'on a vécu dans ces ruines mais quelques endroits dans le monde n'ont pas été touchés par la Pluie de Flammes. Espoir est l'un de ceux là. Enfin…je dois donner l'impression qu'il y en a pleins mais, pour le moment, on en connait qu'une seule autre cité miraculée : Paris.
Lène se souvenait de Paris. Tenma lui en avait montré quelques photos et vidéos.
— Comment se fait-il que seules certaines villes aient été sauvées ? Que s'est-il passé ?
Henry semblait habitué à ce genre de questions. Il lui répondit instantanément :
— On ne sait toujours pas ce qu'il s'est passé ce jour-là, il y a 3 ans. Moi j'étais sur Paris, le temps d'un changement de train. En fait, comme vous avez du le deviner, je suis anglais, mais mon ex-femme est…
Il marqua une pause. C'était toujours douloureux…
— … était française. Et ma fille… vivait avec elle, dans le Sud.
Il ne souhaita pas s'éterniser plus longtemps sur cet aspect de sa vie et continua son histoire. L'important était que, ce jour-là, il se trouvait sur Paris. Au sein de la capitale, comme partout dans le reste de la France et dans le monde, tout le monde parlait des fissures apparues dans le ciel la veille. Suite à un violent orage qui s’était déchaîné sur toute la surface du globe, les cieux s’étaient craquelés mystérieusement. Certains y avaient pressenti la fin du monde mais c'était les mêmes qui la prédisaient tous les cinq ans. Les autres, plus rationnels, avaient parlé d'effets d'optiques suite à un bouleversement climatique qui aurait changé la composition de l'atmosphère. Au final, les premiers avaient été, pour une fois les plus proches de la vérité. A force de prédire la fin du monde, il fallait bien qu'il tombe juste à un moment ou un autre !
C’est ainsi qu’en ce 2 mars 2011, en début d’après-midi, le ciel s’était embrasé. Henry avoua avoir trouvé au départ le spectacle non pas effrayant mais magnifique. Des flammes qui dansaient dans le ciel, c'était quelque chose d'inédit et donc de stupéfiant. Puis la chaleur avait commencé à augmenter à toute vitesse. De 10 degrés Celsius, on passa à 20 puis 40, et tout cela en l'espace d'une dizaine de minutes.
Mais ce ne fut qu'au moment où un obus de feu était tombé sur l'immeuble à côté de lui qu'Henry s’était mis à penser à son ex-femme avec qui il avait souhaité se réconcilier et à sa fille à qui il devait offrir cette peluche qu'il serrait fermement contre lui. Il n’avait pas été le seul à s'être finalement rendu compte du danger. Tout autour de lui, les gens s’étaient mis à paniquer et à courir dans tous les sens. Ceux qui avaient compris qu’il n'y avait aucune échappatoire s'étaient effondrés, appelant leurs proches, fermant les yeux ou fondant en larmes. Les chiens avaient hurlé à la mort. Tout le monde avait finalement compris que cette fois-ci, c'était la bonne : la véritable fin de l'humanité. Non, pas seulement la fin de l'humanité. Toutes les espèces vivantes étaient en train de vivre leurs dernières heures. Au moment venu, plus personne n’avait voulu croire en un miracle…
Et la plupart avaient eu raison. Le miracle n’était pas venu pour la quasi-totalité de la population mondiale qui avait péri brûlée vive. Mais à Paris et dans une petite ville à quelques centaines de kilomètres au Sud-est, il s’était bel et bien produit.
Henry se souvint avoir vu une sorte d'étoile filante transpercer la Pluie de Flammes. Elle avait repoussé sur quelques kilomètres tout le feu qui avait embrasé le ciel avant de s’écraser quelque part dans la capitale.
Il avait fallu quelques minutes à la population parisienne pour se remettre du choc. Seuls les inconscients n'avaient pas vu leur fin arriver et personne ne s'était attendu à en réchapper. Pourtant, il était arrivé quelque chose qui les avait tous sauvés d'une mort certaine sans que personne n'ait encore aujourd'hui trouvé une explication. Mais n'était-ce pas là la définition d'un miracle ?
La joie avait finalement éclaté. Les gens avaient hurlé dans les rues de Paris: ils étaient toujours en vie. Mais même les miracles ont leurs limites… Quelques minutes après, Henry avait appelé son ex-femme et sa fille, bien décidé à ne pas laisser passer une seconde de plus sans leur dire qu’ils les aimaient. Aucune réponse. Il avait pensé sur le moment que la chaleur ou le violent orage de la veille avait endommagé tous les moyens de communication… Il n'avait appris la vérité que quelques jours plus tard…
— Et puis, ils sont arrivés…
— « Ils » ?!
Henry marqua un silence que respecta Lène. Elle regrettait de lui avoir fait raconter cette histoire, réveillant des souvenirs qui avaient dû être douloureux.
— Les monstres…
Les parisiens se remettaient alors péniblement des évènements étranges et surtout tragiques de ces derniers jours. On commença alors de plus en plus à parler d'attaques de créatures étranges. Des personnes aux abords des parties miraculées avaient disparu ou étaient retrouvés dévorées.
La Pluie de Flammes n’avait été en fait que le prélude d'un enfer sur Terre. Les survivants n'avaient survécu au brasier que pour se trouver désormais aux prises avec des créatures inconnues et incroyablement menaçantes.
— L'humanité était au bord de l'extinction et n'allait pas tarder à faire le dernier pas. Heureusement, nous avons trouvé des abris…
Lène attendit la suite de l'histoire. Mais elle ne vint pas, Henry s'interrompant soudainement pour poser à son tour une question :
— … En parlant d'abris, comment avez-vous survécu pendant ces trois ans ?
Les lèvres de la jeune fille se mirent à trembler. Son cœur battait à tout rompre. Il était inévitable que l'on finisse par lui poser la question tôt ou tard. Elle aurait simplement préféré la deuxième option.
— Je… ?!
Lène s'arrêta alors qu'elle crut apercevoir une étrange silhouette en contrebas, à droite de l'hélicoptère. Elle regarda avec plus d'attention et finit par distinguer nettement une forme longiligne, s'étendant sur une bonne vingtaine de mètres pour environ 2 mètres d'épaisseur, puis les épaisses écailles vertes recouvrant sa peau. On aurait dit un serpent si ce n’était qu'il disposait d'une multitude d'étranges ailes tout le long de son corps. Elles aussi étaient protégées par des squames d'où dépassaient par endroits de grandes plumes blanches. Il s'approcha doucement de l'appareil et Lène put voir ses yeux reptiliens qui les scrutaient. Henry fut pris de stupeur et de frayeur en voyant enfin le monstre.
— Bloody hell !!!
— Henry, descendez !!! Vite !!!
Duncan hurla depuis la cabine. Les ailes de la créature s'ouvrirent en deux. A l'intérieur se trouvaient des perles qui brillaient d'une lueur blanche. L'instant d'après, en jaillirent des rayons lumineux qui frôlèrent les pales de l'hélicoptère. Malgré l'échec de son attaque, l'étrange serpent ne se découragea pas et amorça à son tour sa descente pour rejoindre l'appareil.
— C’est quoi ça ?! questionna Henry. Ca ressemble à un dragon !
Duncan lui répondit :
— C'est… Quetzalcóatl !
(There is no such thing as) Simple Love est mon premier essai manga mais j’espère que vous saurez passer outre mon amateurisme et que vous apprécierez les histoires de Benjamin, Chloé, Alice et les autres.
Un petit artwork :
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