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misscube

Allez je me lance, et j'appréhende énormément.  Il s'agit d'une histoire que j'ai dans la tête depuis 2001 et qui finalement va sortir sous forme de roman. Au début c'était censé être une BD. Si l'histoire plaît et que je la finis, alors peut-être qu'elle reviendra une BD, à voir...

Chapitre 1

IDOLUM, I, n
- image n. f : (spectre), représentation d'une personne, d'une chose par la sculpture, le dessin, etc.
- spectre n. m : fantôme voir: spectre
- idole n. f : figure, statue représentant une divinité voir: idole
L'Idolon (ou eidôlon en grec), c'est ce qu'on voit comme si c'était la chose même, alors qu'il ne s'agit que d'un double : ombres des morts dans l'Hadès (Odyssée, XI, 476), sosie d'Hélène créé par Héra (Euripide, Hélène, 33), effigie ou portrait, qui met sous les yeux les absents, ou enfin ce qui se montre dans un miroir et qui en réalité n'y est pas

« Sans toi, je ne suis personne… »

Ces mots résonnent dans ma tête et m’obsèdent, ne me laissant aucun repos. Quand est-ce que j’ai dormi pour la dernière fois ? Je veux dire, dormir… paisiblement ? Je ne sais plus. Ma seule conviction c’est mon cœur qui cogne dans ma poitrine, résonnant dans mes tempes, signe que j’arrive au bout de ma résistance. Je sais que bientôt je vais m’effondrer à mon tour. A cet instant alors tout me revient en mémoire et il me semble ne plus distinguer la réalité et ce flashback fulgurant.

Cette rencontre, qui changea tout…

****

   Une chaude et pesante nuit de juillet sur la ville de Lyon.  Personne dans les rues. Soudain, une voiture surgit sur l’avenue Félix Faure. Non loin, une autre la pourchassa. Une sirène, perçait la nuit d’une lumière rouge aveuglante. Il n’était pas difficile de savoir ce qui était en train de se passer. Un fuyard et un policier de la brigade anti-criminalité.

   Dans la voiture de flic, il n’y avait qu’une seule personne et son sourire trahissait son arrogance et sa trop grande confiance en lui. Il s’amusait presque dans cette cavalcade, à jouer le cowboy urbain. Malgré tout, il savait ce qu’il faisait et maîtrisait à la perfection son véhicule. Ce n’était, hélas, pas vraiment le cas du voyou qu’il coursait.

   Faisant fi des feux tricolores qu’il croisait, le fuyard fonçait, pensant jouer de sa bonne fortune pour éviter un accident qui aurait pu lui être mortel. Pour l’instant il avait de la chance mais les mains collées au volant, il grognait contre le flic qui le collait aux basques.
Il arriva à la hauteur du boulevard Vivier Merle et regarda dans le rétroviseur la voiture de la police qui se rapprochait. Il appuya sur le champignon mais lorsque son regard revint sur la route il fut trop tard. Il percuta un 4x4 marron qui semblait à l’arrêt au milieu de l’avenue Félix Faure à hauteur du pont.

   Le choc fut violent, le 4x4 fit quelques tonneaux avant d’atterrir brutalement contre un des poteaux du pont. La voiture du voyou s’arrêta quelques mètres plus loin, l’avant complètement détruit par l’impact. Ce dernier n’ayant pas attaché sa ceinture s’était retrouvé projeté, traversant le pare-brise et il n’y avait plus de lui, que son corps désarticulé allongé sur le goudron.

   Le flic pila net pour éviter l’accident. Il sortit aussitôt de son véhicule et se précipita vers le 4x4. Il n’avait pas à croire ce qui venait de se passer. Lui non plus n’avait pas vu la voiture marron sur la route. Le véhicule, du moins ce qu’il en restait, avait les 4 roues contre le poteau. Il grimpa comme il put pour voir par la fenêtre du côté passager. Ce qu’il vit le figea quelques secondes. C’était une jeune femme, le visage en sang et son bras droit cassé en de multiples endroits. Elle était inconsciente. Il réussit à passer le bras par la vitre et posa les doigts sur son cou. Elle était vivante mais son pouls était faible. Il appela les secours en les priant de se magner. Quelques minutes plus tard, une foule de flics, d’ambulanciers et de dépanneurs se pressaient sur l’avenue. Les rares voitures qui passaient par là étaient priées d’emprunter un autre itinéraire. La route était fermée.

   La jeune femme fut extraite de la carcasse et emmenée dans l’ambulance. Une deuxième équipe s’occupait du fuyard. Il ne fallait pas être médecin pour comprendre qu’il était mort. Au milieu de tout ça, il y avait Thomas. Il regardait la scène, jetant des coups d’œil au 4x4, à l’ambulance, aux dépanneurs. Il avait la tête qui tournait, trop d’informations en un seul coup et le malaise. Il venait de comprendre que tout était de sa faute. Il sentit son estomac se soulever. Il se précipita sous le pont pour aller vomir. Il s’essuya la bouche du revers de sa manche. Il n’arrivait plus à penser. Seule une image était gravée dans sa tête : le visage de la jeune femme en sang.

   Cette pensée le mit hors de lui. Il s’en voulait. Il n’arrivait plus à se contrôler. Il aurait voulu hurler de toutes ses forces. Il se dirigea vers sa voiture et tapa violemment contre le toit avec ses deux mains. Mais au lieu de le calmer, cela ne fit qu’empirer les choses. Il frappa alors la portière côté conducteur avec son pied.  Il tenta de reprendre son souffle et vit alors l’ambulance partir. Il monta dans son véhicule et la suivit jusqu’à l’hôpital Saint Luc Saint Joseph sur les quais.

   Il tournait en rond tel un lion en cage dans la salle d’attente. Cela faisait deux heures qu’il attendait et personne ne venait lui donner de nouvelles. Puis, ses collègues arrivèrent et lui posèrent plusieurs questions sur ce qui venait de se passer. Il obtempéra, il n’avait pas le choix. Il sut dès la première question que sa carrière allait être compromise. Il venait de réaliser l’écart de trop. Il se savait trop zélé et avait à plusieurs reprises dépassé les limites. Sa carrière bien que brillante avait été entachée par un blâme deux ans auparavant, juste après la mort de son équipier. Et là, il comprit qu’il n’allait plus être flic. Il aurait tellement voulu….

   « Inspecteur Canamarès ? »
   « Oui ? »
   « Je viens vous donner des nouvelles de la jeune femme… Elle est en salle d’opération. Les blessures au visage sont minimes. Par contre le chirurgien tente de réduire les multiples fractures sur son bras droit. Elle a deux côtes cassées et deux fêlées. Et elle a des brûlures aux seconds degrés sur les cuisses dues à l’airbag. Le chirurgien viendra vous voir une fois qu’il aura fini de l’opérer. »
   « Elle s’en remettra hein ? »
   « Son pronostic vital n’est pas engagé, elle a de la chance. Cependant le chirurgien est sceptique sur la complète guérison de son bras droit. »
   « Merci. »

   Thomas assimila toutes les informations mais une seule lui importait : elle pourrait perdre partiellement l’usage de son bras droit. Cette nouvelle lui fit l’effet d’une douche froide et ne l’aida pas à se sentir mieux, au contraire. Malgré les conseils des infirmières, il resta une bonne partie de la nuit dans la salle d’attente. Il voulait attendre le chirurgien avant de rentrer chez lui. Il avait fini par s’endormir sur les sièges de la salle d’attente, peut-être trop épuisé par son angoisse et sa culpabilité. Il sentit une main se poser sur son épaule et une voix grave l’appeler. Il se releva et se passa une main dans les cheveux. Il leva la tête et vit un homme d’une quarantaine d’année,  portant une blouse blanche. Il sut qu’il s’agissait de chirurgien et ce dernier ne lui laissa pas le temps de poser une question.

    « Nous avons pu réduire les multiples fractures sur son bras et ses  côtes. Cependant une infirmière a dû vous prévenir pour son bras droit non ? »
   « Oui. » répondit Thomas de manière amère.
   « Nous en saurons plus à son réveil. Tout ce que je peux dire pour l’instant c’est qu’il lui faudra du temps récupérer un usage correct de son bras. »
   « Merci. »
   « Dites-moi, inspecteur, vous n’auriez pas son identité par hasard ? »
   « Non pas pour l’instant. »
   « D’accord. »

   Il regarda le chirurgien partir puis se décida à rentrer. Il prit sa voiture et fila, direction Villeurbanne. Il habitait dans un immeuble sur le cours Emile Zola juste à côté des gratte-Ciel. Ce bâtiment avait longtemps été réservé aux militaires et leur famille. Mais, les principales casernes de Lyon avaient fermé les unes après les autres et la régie avait laissé entrer les civils dans cet immeuble. Il logeait au 7ème étage, dans un F2 surplombant une IUT et une maison dans laquelle vivaient des nudistes. Il ouvrit la porte et posa négligemment sa veste en cuir noire sur le canapé.  Il alla dans la salle de bain pour se rincer la bouche et se passer un peu d’eau sur le visage. En face de lui, il y avait un miroir, plus précisément un meuble avec miroir blanc fixé au mur et un néon juste au-dessus. Il se regarda fixement quelques secondes. La nuit ne l’avait pas épargné. Il avait les traits tirés et les yeux ternes. Lui qui se prétendait beau gosse, il n’avait à l’instant précis rien de bien séduisant.