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CHAPITRE 5 : LE SANCTUAIRE DES LOUPS
Le matin venu, il empaqueta à nouveaux ses affaires, retrouvant avec plaisir les cadeaux des écureuils, bien que la plupart des vêtements aujourd’hui lui aillent un peu juste. Il rangea la dague des renards dans sa ceinture, balança son sac sur son épaule et descendit l’escalier pour se rendre devant la grande porte, où il vit Yorik et un homme en noir près de trois chamois. Il s’approcha et Yorik le salua avec un grand sourire : «Bon Matin ! Je suis ravi de t’accompagner, et j’ai hâte d’essayer mon enseignement sur les routes ! Je ferais un compagnon fiable, sois-en sûr ! Le grand Chamoine m’a révéler la vérité sur ton existence, et saches que j’embrasse volontiers ta cause ! Toi et moi, nous écraserons tous ceux qui tenteront de se mettre en travers de notre route ! Le temple nous fournit trois excellents bêtes pour nous acheminer, nous les renverrons une fois notre objectif atteint. Je suis également chargé de te préparer ta décoction les soirs de lunes…Comptes-sur moi !
-Stupéfiant ce monastère. J’y amène un mouflet, et quelques années plus tard, il en sort un homme.
L’homme en Noir ôta son capuchon et notre héros reconnut Thanquol, son visage bourru s’étant parés de nouvelles balafres. Il lui tendit la main et le jeune homme lui serra vigoureusement, il était content que le clan du Rat ne lui ait pas envoyé un inconnu, et la présence de Thanquol signifiait que le Verminarque prenait toujours son existence en considération, pour dépêcher l’un de ses meilleurs hommes. Accrochés au flanc des montures, des besaces étaient lourdes de vivres et autres matériaux. Il nota également, dans le dos de Yorik, une longue et large épée, rangée dans un fourreau splendide.
-Elle est belle, n’est-ce pas ? C’est l’épée du Grand Chamoine en personne. Il me l’a confié, ainsi je me dois de revenir. Lorsque tu auras accomplis ton destin, je rentrerai et si les Maîtres m’en juge digne, je succèderais au Grand Chamoine a sa mort. J’ai accepté avec honneur. Je brandirais cette lame pour me frayer un chemin jusqu’à cette fonction.
-Mettons-nous en route, dit Thanquol, nous bivouaquerons au pied de la montagne ce soir et il serait bon que nous l’aillons atteint avant la nuit tombée. Nous voyagerons vers l’est. Nous n’aurons besoin que de quelques jours a dos de ces bêtes, mais pensez tout de même à économiser les vivres et remplir votre gourde à chaque point d’eau. Allons-y. »
Ils enfourchèrent les chamois, et la grande porte qui l’avait accueillie a son arrivée s’ouvrit a nouveaux, mais pour le laisser sortir vers le monde et son destin cette fois-ci.
Faire le chemin de jour , alors que l’été approchait , lui procura le bonheur de voir la montagne dans sa parure des temps chauds , la vie foisonnant sous chaque pierres , dans chaque tronc, et ses sens qui étaient maintenant extrêmement développés s’émerveillaient de ce raffut naturel , dans l’apaisement du chant de l’eau qui tombait en chutes rageuses suite à la fonte des neiges, les odeurs riches et pleines de l’humus, du sol qui s’éveillait aux naissances de la faune et de la flore. Il se sentait comme un être neuf, comme une fleur qui ouvrait sa corolle pour saluer le monde. Il goûta cette paix lors de leur trajet, et arrivés au pied de la montagne, ils établirent leur campement. Ils mangèrent en regardant le soleil se coucher sur une nature pleine de promesses et de chances, et notre héros passa sa première nuit depuis quatre ans hors du monastère le cœur serein.
Ils se levèrent à l’aube, abreuvèrent leurs montures et filèrent plein est pendant les deux prochains jours. Alors qu’ils s’approchaient du territoire du Feu Lysgris, ils virent une forêt sombre et dense avaler la terre loin devant eux, bordant un village composé d’une soixantaine d’habitations, dont les toits fumaient. Une alléchante odeur de viande s’élevait jusqu’à leurs narines, ils décidèrent donc de prendre une chambre d’auberge dans ce patelin pour goûter aux réjouissances qui valaient qu’on fasse bombance en extérieur. Ils imaginaient déjà les longues tables pleines de vivre et les habitants rougis de vin qui dansaient au son de quelques orchestres. Excités, ils hâtèrent leurs montures.
Arrivés aux portes, l’excitation laissa place à la consternation. La fumée provenait de toits brûlés, et l’odeur de viande, de cadavres calcinés sur des bûchers. Odeur moins appétissante, surtout lorsque l’on voyait les corps à la peau craquelés, et les habitants, sans doutes les veuves et leurs enfants, en pleurs aux pieds des tristes monuments. Leur arrivée provoqua un mouvement de paniques et les hommes brandirent la pique et la fourche, faisant barrage de leurs corps devant les femmes et les enfants : «Allez-vous en ! Nous n’avons rien à donner !
-Paix ! dit Yorik levant la main. Nous sommes des voyageurs et comptions faire halte dans votre village. Nous ne vous voulons aucun mal ! Nous voudrions passer la nuit dans quelque auberge et nous prendrons au matin le chemin de la forêt pour nous rendre à la plaine du Lys. Que s’est-il passé ? Pourquoi ces bûchers et ces bâtisses en feu ?
Les villageois baissèrent leurs armes et se rassurèrent quelque peu, mais gardèrent l’air méfiant.
-Nous sommes la proie d’un dangereux groupe de malandrins, qui réside dans cette même forêt que vous compter traverser. Ils viennent nous rançonner toutes les semaines, mais cette fois-ci nous étions déterminés à nous défendre… comme vous pouvez le constater, nous n’avons pu nous affranchir de leur joug. Ils sont trop nombreux, et trop bien armés ! Ils ont capturé nos hommes les plus jeunes, et les ont brûlés en menaçant nos enfants, ont volé toutes nos récoltes ! Nous sommes impuissants…et le Daimyo se refuse à répondre à nos appels ! Désormais, il ne nous reste plus qu’à nous acquitter du tribut et souffrir leur oppression. Partez, voyageurs ! Nous n’avons ni chambre, ni nourritures à fournir à d’autres que les nôtres. »
Les trois compagnons se regardèrent en silence, et rebroussèrent chemin. Ils plantèrent leurs tentes un peu à l’écart du village, et s’enfermèrent dans un silence dépité. Le malheur de ces villageois était, certes, bouleversant : mais trop loin de leurs objectifs. « Devrions-nous contourner la forêt ? »demanda Jorik
Thanquol prit quelques minutes pour répondre.
-Il serait plus sage en effet…Mais cela rallongerait considérablement notre voyage. Je ne crains pas pour ma vie, mais mon maître ne me pardonnerait pas d’avoir perdu notre jeune ami. Je pense qu’il devrait décider, après tout…cette quête est la sienne .Dis nous.
Notre héros considéra la chose. Sa prudence lui soufflait de contourner la forêt, mais son instinct lui, s’offusquait : Devrait-il changer ses plans à cause d’une troupe de bandits ? Devrait-il faire comme ces villageois, se résigner, tolérer leurs présences ? Ses tripes lui criaient de tailler sa voix à coups d’épée. Il prit sa décision, et désigna la forêt du doigt.
-Ainsi soit-il. Nous emprunterons le sentier au soleil levant.
-J’approuves. Je me refuse à détaler, et si nous croisons ces bandits, ils tâteront du fer du chamois ! dit Yorik en posant sa main sur la poignée de la lame qui dépassait de son dos pour appuyer ses paroles.
L’aube les trouva tout trois prêts et parés. Ils pénétrèrent la forêt et cheminèrent sous les cimes pendant deux bonnes heures dans un silence complet, attentifs. Yorik rapprocha son chamois de celui du héros : «Tu les as repérés ?
Il hocha la tête et indiqua avec ses doigts qu’ils étaient au nombre de six.
-Ils pensent être discret, alors qu’ils se déplacent et sentent comme des porcs…ils comptent certainement nous barrer la route au prochain tournant. Je vais prévenir Thanquol. »
Les trois hommes au courant, ils continuèrent comme si de rien n’était lorsqu’au virage suivant, les six hommes se présentèrent devant eux, armés de lames et de gourdins : «Halte ! Jetez vos armes, vos possessions et abandonnez vos bêtes. Cette forêt est sous notre contrôle ! »
Ils échangèrent un regard, et soudainement talonnèrent leurs montures, sautèrent lestement et dégainèrent leurs armes, Thanquol dévoilant une longue dague effilée. Yorik larda le visage d’un homme de son épée, et esquiva un coup de gourdin. Notre héros en faucha un d’une balayette et lui trancha la gorge une fois à terre, puis roula pour éviter un coup d’épée, son porteur tombant quelques instants après la dague rate rentrant entre les omoplates. Nos compagnons reprirent position, et les bandits n’étaient plus que quatre, dont un avec le visage en sang, prostré par terre.
Les malfrats décidèrent de fuir et laissant leur ami par terre, ils détalèrent à toutes jambes.
« Vous pouvez être sûr qu’on va de nouveaux avoir affaire à eux.dit Yorik en essuyant sa lame sur les vêtements d’un cadavre.
-Il y a de fortes chances. Nous ne serons pas sortis de la forêt avant que le reste du groupe ne soit au courant. Tiens ! Et Thanquol jeta l’épée de sa victime au jeune homme. Ta dague t’expose trop, l’allonge de l’épée sera sans doute plus commode.
Notre héros soupesa la lame, la jugea médiocre mais la rangea dans sa ceinture.
-J’ai un plan. Au lieu d’attendre qu’ils nous tombent sur le râble, autant prendre les devants. Laissons la vie à celui-ci, et attendons qu’il se relève. Il nous conduira à leur repaire. Nous opérerons cette nuit. Une fois sur place, vous deux ferez diversion, et je me chargerai du reste. Nous allons libérer ces villageois du mal qui les ronge.
Ils cachèrent les bêtes près d’un cours d’eau un peu plus loin, et se postèrent près du blessé. Quelques minutes plus tard, l’homme se releva, et, titubant, il prit le chemin du camp. Ils le suivirent tout les trois, et découvrirent l’emplacement plus loin, au cœur de la forêt. Ils s’approchèrent suffisamment pour élaborer un plan, connaître le terrain. Puis, rebroussèrent chemin près des montures. Ils patientèrent ici, sachant que les malfrats les attendaient certainement plus loin sur la route. Ce genre d’individus ne prenait pas de risques, ils seraient tous postés plus loin et attendraient leur passage, afin de s’assurer du succès de leur entreprise.
Lorsque la lune se leva, ils s’enfoncèrent dans la forêt à pas de loups. Ils virent au loin la lumière d’un feu, et constatèrent qu’il n’y avait que quelques hommes pour garder le campement, une dizaine tout au plus, alors qu’ils avaient compté plus tôt quelque chose comme une trentaine d’homme. Thanquol mit sa capuche : «Bien. Vous deux, débrouillez vous pour que l’on vous poursuive. Je vais jouer l’ombre et répandre la mort dans leurs gobelets…
Ils opinèrent du chef et s’avancèrent bien visibles au milieu du camp :
-Hé ! Bande de mangeurs de merdes ! Regardez ! C’est nous qui avons tués vos camarades ce matin ! Venez donc en découdre si vous tenez à les rejoindre !
Après un moment d’ahurissement, les bandits répondirent à la provocation et fondirent sur eux en hurlant. Nos deux compères prirent la poudre d’escampette dans deux directions différentes, et les entraînèrent loin. Pendant ce temps, Thanquol avait contourné le feu et, dissimulé dans les ténèbres, s’approchait d’une cabane dans laquelle semblait être stocké la nourriture et les réserves d’eau. Il pénétra dans la réserve, ouvrit les jarres d’eau et de vin et y versa le contenu d’un petit sac qu’il avait passé l’après-midi à préparer puis quitta le camp, discret comme un souffle.
Notre héros détalait mais sa condition physique et son entraînement faisait de lui un bien meilleur sprinter que ses poursuivants. Après qu’il les ait semés, il plongea dans un taillis. Il perçut bientôt les bruits de leurs approche, dégaina sa dague et se prépara. Il opérerait minutieusement, l’un après l’autre…
Il se cacha derrière un tronc d’arbre, et saisit le dernier de la file. Lui plaquant une main sur la bouche, il fit son office rapidement et disparut à nouveau. Le suivant s’attarda un peu trop sur un jeu d’ombre et fut récompensé par l’épée, la tête détachée du corps. Ses deux premiers meurtres n’avait pratiquement fait aucun bruit, si ce n’était celui de la tête qui roulait sur le sol. Les bandits continuaient à fouiller les taillis de leurs armes, et commirent l’erreur de se séparer un peu plus. Le troisième tomba sur le corps décapité et sa surprise se mua en douleur lorsque la dague lui perça le ventre. L’homme hurla, mais notre héros y comptait bien. Les deux restants s’approchèrent de la source du bruit et trouvèrent les cadavres. Ils se mirent dos à dos et invectivèrent le jeune homme, qui, lui, était tapis dans l’ombre des fourrés quelques pas plus loin. Il aimait cela. Voir ces brutes le visage défiguré par la peur. Maintenant les bandits mouillaient leurs chausses. Il s’approcha en silence, face à eux, les rayons de lunes faisaient luire son regard, la dague dans une main, l’épée dans l’autre. Les survivants tremblaient, et reculaient au fur et à mesure qu’il s’avançait vers eux… Ils lâchèrent leurs armes et partirent ventre a terre mais trouvèrent une silhouette sombre sur leur chemin. Un spectre. Leur effroi ne dura pas. Thanquol ouvrit le ventre du premier et notre héros planta sa dague dans la nuque du second.
« Imbécile ! Rien ne t’obligeait à prendre des risques, tu aurais pu aussi bien les semer. De toute façon, la nuit prochaine, ils seront tous mort.
Le jeune homme lui répondit d’un sourire. Il essuya ses lames pendant que Thanquol faisait les poches des corps.
-Tssss…C’est toujours pareil avec les vauriens. Rien dans la tête, rien dans le froc, rien dans les poches… »
Jorik avait intentionnellement gardé une certaine distance avec ses poursuivants. Il fit mine de fatiguer et ralentit peu à peu…lorsque le premier d’entre eux arriva a sa hauteur, il dégaina rapidement son épée et fendit son crâne. Les autres s’arrêtèrent et se mirent en garde :
« Les marauds de votre espèce ne mérite pas d’être traité avec honneur. Approchez, pleutres ! Je vous prends tous en même temps, et à mains nues ! » Dit-il en rangeant son arme et en s’approchant des trois restants. Le premier envoya sa massue vers le crâne, mais Yorik se déplaça un tout petit peu, lança un coup de genou qui plia son adversaire en deux, lui arracha son arme et lui écrasa en pleine face. Il la lança ensuite vers un autre qui l’attaquait a la dague, et profitant qu’il s’écartait, lui attrapa le bras, le fit voltiger par-dessus son épaule et l’envoya s’écraser sur son camarade. Il les embrocha tout les deux avec la lance qu’avait fait tomber le troisième. Le camp, pour l’instant, était désormais vide.
Ils se rejoignirent à l’endroit où ils s’étaient séparés.
-As-tu remplis ton rôle, Thanquol ?
-Qu’est-ce que tu crois gamin…Leur eau et leur vin sont maintenant assez mortels pour tuer une armée. De plus, le poison est lent, à peu près trois heures ; ils ne remarqueront donc rien avant que tout le monde ait eu sa part.
-Et bien voilà une bonne chose de faites ! Je n’avais jamais tué, mais je ne le regrette pas. Il me semble que cette vermine a eu ce qu’elle méritait. Et qu’avez-vous fait de vos poursuivants ?
-L’animal que tu vois là s’en est chargés. Bonté divine, je n’avais jamais vu un tel inconscient. Ils étaient cinq, et il s’est quand même payer le luxe de les traquer. J’en ai abattus deux, un des siens et celui qui gardait les réserves. Lui, a agi comme un assassin rat de haut vol. Et il y a manifestement pris du plaisir…
-Une performance remarquable ! Je me doutais bien qu’il voudrait se faire les dents sur cette racaille.
-Restons prudent. Si ils tiennent vraiment à nous avoir, ils en laisseront quelques uns derrière eux au cas où. Retournons près des bêtes, et quittons cette forêt. »
Le matin suivant, ils reprirent le sentier forestier. Au bout de quelques lieux, ils virent par terre nombres de corps, les visages figés sur des masques douloureux.
« Ah oui, les convulsions…messieurs sont rentré un peu plus tôt, semblerait… dit Thanquol.
Ils longèrent les cadavres, les chamois apeurés par l’odeur de mort qui régnait ici et se rendirent au camp pour vérifier que le travail avait été bien fait. Pas âme qui vive, mais d’autres corps sur le sol. Ils regagnèrent la route et continuèrent jusqu’au point de la première embuscade, où le flair de notre héros décela encore trois présence. Seulement ?
-Ceux-là devait probablement courir avertir leurs copains de notre passage…Montrez-vous ! Nous savons que vous êtes là ! Vous n’avez nulle part ou aller, votre groupe de bandits n’est plus ! Clama Yorik.
Le bruit d’une course à travers bois leur signala l’exacte position des fuyards.
-Laissons-les s’enfuir…ils ne présentent plus vraiment une menace et ils ne manqueront pas de boire à leur arrivée .conclu Thanquol, arborant un sourire satisfait.
-Redoutable science que tu possèdes-là. Il ne nous l’enseigne pas au monastère…Peut-être jugent-il cela trop vil, mais c’est fort pratique dans ce genre de situations.
- Tout nos membres la connaissent. C’est une prérogative. Comment donner la mort, le sommeil, la folie…cela fait partie de l’arsenal de techniques qu’un bon rat doit savoir maîtriser.
-Rappelles-moi de ne jamais manger ce que tu me sers.
-Je prépare pourtant d’excellent mets…rétorqua t-il, narquois.
Ils sortirent en milieu d’après-midi, et débouchèrent sur une plaine gigantesque qui semblait s’être littéralement posée au milieu de la forêt. Une plaine gigantesque recouverte de fleurs grises, qui dansaient au vent. Et au milieu, on pouvait apercevoir un tas de ruines, les décombres d’un palais. « Ma demeure » pensa le jeune homme …
Cet endroit faisait remonter en lui des émotions familières, une sensation de contentement, il se sentait chez lui au milieu des Lys…Cette plaine, entourée par les sylves et traversée par la rivière lui faisait l’effet d’un paradis. Nos trois compagnons s’en approchèrent et remarquèrent, dissimulé par les restes de la bâtisse, un groupe d’hommes armés.
-Arrêtons-nous là. Je ne sais pas qui sont ces types, mais ils sont trop et leur présence trop insolites pour qu’on tente de parler avec eux. Ce sont soit des malfrats qui utilise les ruines comme campement, soit…
Et son regard se tourna vers notre héros qui avait les yeux révulsés et les mâchoires crispées : Des chiens ! Il la sentait, leur puanteur, portée par le vent de la plaine ! De quel droit ? Que faisaient-ils ici ? Qu’y avait-il encore à piller dans ses ruines que les chiens puissent convoiter ?
-Le Croc. Prévisible après tout, dit Thanquol. Et ils cachent leur appartenance pour ne pas révéler qu’ils sont responsables. Sa va être difficile, ils sont à peu près 3 contre un. Et ce n’est pas les soudards en loques de la forêt, sous leurs capes ils doivent être en mailles et ce sont sans doute des soldats aguerris. Cela n’explique pas pourquoi ils gardent l’endroit. Peut-être qu’ils s’attendent a ce que tu viennes, ou qu’ils empêchent les intrusions pour que le Prince soit le premier de vous deux. Retirons-nous et réfléchissons à un plan.
Yorik posa sa main sur l’épaule du héros qui continuait à fixer les gardes avec un regard haineux. Il détourna finalement les yeux et se résolut à suivre Thanquol et Yorik sous le couvert des arbres.
Alors qu’ils établissaient leurs campements, Yorik sortit de sa besace une fiole contenant un liquide marron-verdâtre.
-Ton somnifère pour cette nuit. Ce soir les lunes seront pleines. Je te fais confiance pour le prendre, je ne vais pas te l’administrer comme on le fait pour un convalescent. Si tout se passe bien, d’ici peu tu n’en auras plus besoin. Mais pour l’heure…
Notre héros prit la fiole et la posa a côté de son assiette. Le produit était plus puissant s’il l’absorbait après que l’estomac ait commencé la digestion.
Les pleines le trouvèrent sur la plaine, marchant résolument vers les ruines du Lys. La lumière donnait aux fleurs un éclat jaune, le même qui brillait dans ses yeux, rendus fous par l’influence des astres. Yorik et Thanquol s’était endormis devant leurs assiettes, après que notre héros en ait enduit l’intérieur de son somnifère. Au fur et à mesure qu’il s’approchait de son but, ses canines poussèrent et il dégaina ses lames. Il avançait comme un tourbillon de rancune et le vent le poussait dans le dos. Un vent qui soufflait le renouveau de l’histoire, et l’arrivée d’un juste courroux, comme une vengeance venu du ciel.
-Cette plaine est sinistre aux pleines lunes. Dieu, que ces fleurs sont lugubres. Dit l’un des deux soldats de garde devant l’entrée des ruines
-Connais-tu la légende ? Les gens d’ici prétendent que chacune de ces fleurs représentent une des âmes des précédents occupants, et que leurs esprits hantent cette plaine en criant justice.
-Des histoires pour effrayer les chiots au coin du feu ! Je crains le fer et le feu, pas une ribambelle de soi-disant spectres ! S’ils n’ont pas de corps pour manier une lame, alors ils peuvent bien continuer à gémir, je tiendrais mon poste !
C’est à ce moment précis que notre héros déboula sur eux à toute vitesse, envoyant valdinguer le premier à travers la porte et enfonçant son épée dans la tête du second. Il pénétra dans les ruines que les gardes avaient aménagées en poste de surveillance et acheva le garde inconscient d’un coup de dague dans la gorge. Ameutés par le bruit, les autres gardes se levèrent et saisirent leurs armes.
-Qui est tu ? Lui cria l’un des soldats
Notre héros se contenta d’un sourire satisfait et écarta les bras pour leur faire signe de s’approcher : Il avait soif de donner la mort, et lorsque ces scélérats seraient dans l’au-delà, il se roulerait dans leurs charognes et mangerait leurs tripes !
C’est alors que les soldats remarquèrent l’ambre de ses yeux.
-C’est un des leurs ! Faites-attention, les pleines lunes décuplent leurs forces !
Le jeune homme lâcha ses lames. Il voulait déchirer ces proies de ses crocs et de ses griffes ; au moment où ces armes touchèrent le sol, il se jeta sur un et lui arracha un bras comme si de rien n’était et plongea ses crocs dans le cou, tira un coup sec, lui arrachant la tête. Il était trop rapide ; il voyait les autres lever leurs armes et tout se passait comme au ralenti pour lui, il esquiva un coup de lame et fit passer son bras au travers d’un torse, utilisant le corps comme bouclier pour encaisser un coup de masse. Il retira son bras, lécha le sang dessus et se mit à rire comme un dément. Et il continua son œuvre funeste. Lorsque sa rage eut raison de tout ses opposants, et on ne comptait pas moins qu’une douzaine de cadavres sur le sol, il s’appliqua à mettre en pièces les corps et à en dévorer l’intérieur. Le ventre plein, il s’assit sur le sol, satisfait, et hurla aux lunes pour leur exprimer son contentement. Et, à sa grande surprise, les lunes répondirent :
« Suis ma lumière… »
Il fut surpris, mais ne trouva rien d’étrange et chercha dans la bâtisse un endroit où la lumière de la lune pénétrait. Il trouva un mur en rien différend des autres, noircis par le feu, que les rayons aspergeaient.
« Le sang…donnes-moi ton sang… »
Il s’interrogea quelques instants, puis traça sur sa paume un large sillon carmin et la posa sur le mur. Au fur et à mesure que l’hémoglobine s’écoulait de sa main, il vit le liquide remplir de minuscules rigoles dans un symbole de lys que le feu avait obscurci. Les rayons de lunes le firent luire, et soudain, le mur s’ouvrit et laissa apparaître un escalier qui menait à un passage souterrain dans lequel il s’engagea. Il marcha dans un couloir et déboucha dans une vaste pièce.
La salle était taillée dans la roche, et abritait plusieurs rangées d’armes aux murs, ainsi que de nombreuses armures et de quoi tenir pour un siège. Il la traversa et, au bout, il vit un piédestal dans laquelle était enfoncé un long sabre de couleur noire, et, dans un renfoncement à côté, une armure bien plus travaillée et élaborée que les précédentes. S’approchant du socle de la lame, il commença à percevoir des voix qui semblaient provenir de partout autour de lui, qui le suppliaient de poser sa main sur la poignée, d’extraire le sabre de sa prison, de libérer enfin cette rage, de répandre encore leurs voix sur le monde…Il posa sa main sur la poignée et retira le sabre. Au moment où la lame sortit de la pierre, il se sentit comme ensorcelé et tomba à terre, raide.
Dans ses songes, il vit d’abord deux silhouettes familières et douces, enlacés, qui le regardait avec des yeux bienveillants. L’homme lui était presque identique, bien que plus vieux et portant la barbe. La femme était somptueuse, avec de longs cheveux noirs et des traits nobles. Ils avaient tout deux le port altier et le regard fier, et souriaient.
-Bonjour mon fils. Dit l’homme
-Comme tu as grandis !renchéris la femme. Je me souviens encore de toi comme ce bébé qui tenait à peine dans nos bras…
-Te voilà un homme, et il est bien tard pour que tu puisses enfin devenir un loup digne de ce nom. Je suis Atulum, ton père, et voici Ludinia, ta mère. Je vois que le vieux chamois t’a bien formé, et le clan des renards a notre gratitude pour t’avoir porté jusqu’ici.
-Mon pauvre chéri…tu n’as pas dû avoir une vie facile. Seul, face à toi-même et ces élans de haine, sans jamais ressentir le besoin de te confier ou de t’intégrer…Mais désormais, tu vivras comme un être complet.
-Avant que nous procédions au rituel qui te confirmera membre de la meute, et par extension, Alpha du Lysgris, laisses-moi te conter l’histoire de notre peuple. Comme tu l’as appris grâce au livre, notre peuple s’est fondé autour du fossile de cet homme et de ce loup que tu as vu combattre dans tes rêves…
Il se souvint de ces rêves troublant où il était à la fois l’homme et le loup, poussés par la faim et combattant pour leur survie. Et dans le ciel, cette étoile qui chutait sur la terre et, surtout, cette lune unique et ronde.
-Autrefois, Les lunes n’étaient qu’une. Mais l’étoile percuta notre gardienne et la sépara en trois blocs que tu peux aujourd’hui apercevoir dans le ciel… Elle tomba ici-même et donna naissance à cette plaine aux lys. L’homme et le loup furent soufflés par l’impact et leurs cadavres furent recouverts par la cendre, les pétrifiant, laissant leur image dans l’éternité. Le reste, tu l’as appris dans le livre. Si les lunes produisent cet effet sur nous, c’est à cause du lys qui y pousse, et qui expulse des spores que nous respirons, se mélangeant à notre sang, liant les lunes à nos corps. Voilà pourquoi nos yeux ont cette couleur bien distincte et pourquoi notre sang réagit à la lumière lunaire. Cet effet est le fruit de siècles d’adaptations, beaucoup des nôtres moururent dévoré par l’essence de lune avant que nos enfants naissent avec le jaune dans leurs yeux. Il y eut également beaucoup d’incidents liés à la folie qui s’empare de nous ces nuits, et beaucoup de générations passèrent avant que nous ne puissions contrôler le démon qui nous possède. Tu as hérité de cette malédiction par ton sang, mais également du grand pouvoir qu’elle nous donne. Aujourd’hui, un nom te sera donné et tu pourras juguler la folie aux lunes pleines. Tu vas également pouvoir parler, et, si le cœur t’en dit, te trouver une compagne pour rebâtir notre clan. Maintenant, je vais te conter ce qu’il s’est passé cette nuit, la nuit où nous sommes tous mort :
Un jour, un enfant disparut. A l’époque, nous étions un clan puissant et respecté autant que craint, personne ne se serait risqué à menacer la vie de l’un des nôtres, sous peine de voir son clan écraser. Nous avons passé des jours à rechercher ce gamin qui pouvait tout à fait s’être égaré dans les environs, mais il restait perdu. Pas de corps, et nos meilleurs pisteurs perdaient sa trace à l’orée de la forêt. Après quelques semaines, une nuit, cet enfant revint : Les gardes, ravis de son retour, ouvrirent les portes pour le laisser rentrer, mais furent instantanément abattus par des flèches, et les infâmes membres du croc s’invitèrent dans notre demeure…Ils déferlèrent par centaines et lancèrent des feux aux quatre coins de la bâtisse. Nous disposions d’assez de puissance et d’hommes pour les écraser et stopper les flammes, mais alors que nos femmes mettaient nos enfants à l’abri, nous vîmes, dehors, qui nous attendaient, des milliers de guerriers en armure. Ta mère eut juste la bonne idée de te cacher dans un renfoncement en pierre, où tu serais protéger des flammes et introuvable des sbires du croc. Nous fûmes tous massacrés. Nous avons lutté jusqu’au dernier, protégeant, comme le loup notre symbole, notre territoire et nos familles, mais ils étaient trop nombreux et trop bien armés. Tous nos guerriers tombèrent au combat, et nos enfants furent assassinés sauvagement pour que le monde oublie notre existence. Le domaine du Lysgris tomba, avec son clan, sauf toi, et ce gamin qui avait laissé le croc investir notre demeure : Le prince Dogan.
Il ne faut pas avoir de rancune envers cet enfant, qui avait été drogué et menacé par Dogan, avant que celui-ci n’ait l’audace de se proclamer « Roi de Scoppa ». Ce pauvre enfant, aujourd’hui, doit-être tourmenté par ses souvenirs et sa nature qu’il n’a pu accomplir, forcé d’être parjure a son sang, loin des siens et de sa terre. Sauve-le. Rends-lui sa langue et sa fierté.
Ta mission consiste, dans un premier temps, puisque notre clan n’est plus, à réunifier tes cousins du Nord et du Sud. En tant que porteur du Fenrir, Alpha du Lysgris et élu de la lune, ton devoir est de révéler le pouvoir de la lame et de châtier les chiens. Saches également que tes ennemis sont plus nombreux que Dogan et sa triste meute de cabots. Nous n’aurions jamais succombé si le clan le plus puissant du continent n’avait apporté son aide : Le clan de L’ours de Tarkeda. Notre influence devenait sans doute trop grande, et nous menacions sa suprématie, il a donc conclu un pacte avec Dogan pour se débarrasser de la gêne que nous représentions. Tu dois donc également réduire à néant ce clan sans foi, pour que notre vengeance soit complète. Rends toi d’abord à la cité d’Ombrelune, où tu seras intronisé en bonne et dû forme et où tu pourras incruster dans la lame la pierre de lune, essentielle à ta quête. Tu iras ensuite à Froidmordant, tremper la lame dans la flamme froide et t’initier à la magie du gel. Tu seras le premier de tous les loups à posséder le pouvoir du Lys, de la lune et du gel. Une fois ceci fait, brise le croc et L’ours. Ensuite libre à toi de gérer les loups et le pays comme bon te semble. C’est une tâche difficile que nous t’imposons là, mon fils, mais sache que ce n’est pas uniquement de vengeance qu’il s’agit, mais bien de ton destin. Redonne leurs voix aux fils de la lune. Tel est ta mission.
Le garçon vit alors une foule d’autre silhouette derrière ses parents, d’autres membres du lys, qui scandaient d’une seule voix : « Rends-nous nos voix, accomplis ton destin, chasses les traitres et soulages nos âmes »
-Fils ! Moi, Atulum, Alpha du Lysgris, te déclare membre de la meute, détenteur de la voix et fils de la lune ! Désormais, tu hurleras au côté des tiens, et ton bras servira la cause de ton clan !
Les ombres présentes derrière s’agenouillèrent.
-En tant que dernier membre de notre clan, je te déclare Alpha du Lys, mon digne successeur, porteur du croc céleste, le Fenrir, élu de la lune, de la pierre et du froid ! Ton nom sera Nashoba ! Dans notre langue, ce nom signifie « Le bras du destin » ! A genoux devant notre nouveau chef !
Et tous s’inclinèrent devant notre héros, qui savait désormais quel était son nom et sa mission.
Alors, la foule d’hommes et de femmes prosternés devant lui hurlèrent comme les loups pour célébrer la naissance de celui qui portait leur futur. Il joignit sa voix aux leurs et sa plainte fut comme un cri de libération, comme si il sortait d’une cage, comme si son cœur se mettait enfin à battre dans sa poitrine ! Il lui sembla que ce moment de communion avec les siens dura une éternité où son souffle ne faiblit jamais. Et tandis qu’il hurlait, il sentit les âmes autour de lui venir se loger dans son cœur, terminant par celles de ses parents qui lui procurèrent une sensation de chaleur douillette, et il vit ces derniers blottit autour de lui « Tu es notre fils, lui dit sa mère, vis ! Vis pour nous et tous ceux qui ont lutté jusqu’ici pour que tu vois le jour et que tu deviennes celui que tu te dois d’être ! Notre amour t’accompagne… »
Et il ouvrit les yeux.
Salut, désolé de te donner mon avis si tard, mais j'ai pas trop eu le temps de passer ces derniers jours.
J'aime beaucoup ce chapitre, beaucoup de détail sur le descriptif de l'environnement, les sensations... J'adore, on s'immerge dans l'ambiance et on a vraiment l'ambiance dans laquelle on évolue.
Merci pour ce nouveau chapitre et l'avancement de l'histoire assez conséquent sur ce chapitre. La révélation de la quête promet une 50ène de chapitre sur la suite de l'histoire. Je ne sais pas combien tu en as mais je continuerai à les lire au fur et à mesure.
à bientôt pour le prochain chapitre
PS: je suis en général en congé le mardi donc si tu publie le chapitre le lundi soir ou le mardi, tu auras rapidement un petit commentaire
Ultima edición por debyoyo (03 Oct, 2011 06:45:40)
Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)
L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)
en fait , ça , c'était les chapitres que j'avais déjà écris donc , je les postais tout les trois jours manière, mais là , avec la fac et tout , il va falloir patienter un peu pour le prochain , d'autant que je suis a une articulation qui me pose un peu problème( genre: complexifier a mort ou simplifier a mort?^^) mais je bosse dessus et j'essaierai de poster sa d'ici la fin d'la semaine. Au pire je t'envoie un Mp pour te prévenir quand je poste le chapitre suivant. Merci a toi de lire^^
Je regarderai ça lors de mon prochain congé le mardi en général donc si tu fais un chapitre tous les mardi moi ca me va
Si la connerie était une science il y aurait beaucoup de scientifiques. (Debyoyo)
L'univers et la bêtise humaine sont infinis, bien que pour l'univers j'ai un doute. (A. Einstein)
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