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Salut à tous !
Je viens de débarquer sur Amilova.
Pour apporter ma pierre à l'édifice, je vais essayer, par un ou quelques tutos (si les gens sont intéressés), de parler de cette étape bizarroïde : le story-board.
Comment on fait ? À quoi ça sert vraiment ? Est-ce que c'est important ? Le storyboard est une de ces étapes « cachées » de la réalisation d'une BD, comme l'écriture d'un scénario, qui n’apparaît pas aux yeux du grand public. C'est donc un sujet sur lequel il est difficile de se documenter, plus que pour le scénario (pour lequel on peut piocher des astuce chez les romanciers et les cinéastes). Le storyboard de BD, lui, est un travail propre à la BD, qui cache plus d'aspects techniques qu'il n'en a l'air, et le dessinateur amateur devra souvent y aller à l'instinct.
Quelques trucs à savoir pour ne pas s'y perdre.
Tuto du jour : le sens de lecture
Le sens de lecture est l'élément auquel il faut être le plus attentif lors de la conception de la BD, car il peut complètement gâcher la meilleure des BD s'il est mal géré. Je ne parles pas ici du choix d'une des deux conventions de lecture « occidentale » vs « manga », mais de cet effort perpétuel du dessinateur pour amener le lecteur à regarder où il veut et dans l'ordre qu'il veut. C'est un point très important dans la bande dessinée, peut être même le plus important puisqu'il est une caractéristique propre à la BD, que l'on ne trouve dans aucune autre forme d'expression. C'est une raison importante de l'existence du storyboard. Le fait est que, plus le lecteur aura d'effort à faire pour comprendre votre mise en page, moins il sera plongé dans l'histoire. L'histoire perd toute sa saveur si les lecteurs doivent relire trois fois la page pour essayer de comprendre quelle bulle se lit avant l'autre. Il ne faut donc jamais que le mouvement ou le placement des cases et des bulles ne contrarie le sens de lecture.
Mon grand Maître disait "n'oublie pas que le lecteur est un être paresseux et stupide, tu dois toujours le tenir par la main pour l'emmener là où tu veux qu'il aille". La parole du grand Maître est pleine de sagesse, car c'est vrai, quand on lit une BD on ne se rend pas compte des ruses qu'utilise le dessinateur pour attirer notre œil au bon endroit, pour qu'il glisse tout naturellement de case en case et de bulle en bulle sans faire d'effort. Et il est important de savoir que c'est par un effort du dessinateur sur une bonne mise en page, que le lecteur n'a plus à en faire pour la lire.
La première chose que l'on fait en commençant un storyboard, c'est de choisir un sens de lecture, sens occidental de gauche à droite ou sens japonais de droite à gauche, peut importe la convention choisie , l'important est de s'y tenir, tout au long de la BD et sur tous ses aspects ( sens des cases, des bulles et du dessin.)
Une fois que l'on a choisi son sens de lecture, on positionne les cases sur la pages, en prêtant bien attention au fait que leur disposition respecte bien le sens de lecture. Le storyboard est l'occasion de définir les angles de vues, les cadrages, la position relative des plans successifs, mais aussi et surtout le placement des bulles dans le dessin. La plupart auront tendance à ne les faire qu'en dernier, c'est un tort ! Le placement des bulles est primordial et il est même conseillé de le faire avant de dessiner l'intérieur de la case (on se retrouve facilement à ne pas savoir où mettre les bulles et les caser n'importe où dans un petit coin, ce qui ruine souvent l'équilibre et la gestion de l'espace à l'intérieur de la case).
Ce sont des choses auxquelles on ne pense pas quand on dessine, mais il faut toujours se mettre à la place du lecteur et se demander ce qu'il voit en premier. C'est aussi à cause de cette histoire de sens de lecture plutôt contraignant pour le dessinateur, que la plupart considèrent le storyboard comme la partie de la BD la plus fastidieuse et la plus rébarbative de la conception d'une bande dessinée. Elle est pourtant bien nécessaire.
Une chose importante à savoir sur le placement des éléments : le lecteur lira d'abord la case (ou la bulle) la plus haute, puis la plus à gauche (en sens de lecture occidental, et droite pour le sens japonais). Même si la lecture occidentale se fait de gauche à droite, le lecteur lira toujours en premier la case qui est la plus en haut, même si ce n'est pas la plus à gauche. Il faut toutefois éviter la construction "bulle haute à droite et bulle basse à gauche" (toujours pour le sens occidental, et inverse pour le sens japonais) car elle est contre-intuitive pour le lecteur.
Quelques trucs qui aident le sens de lecture, des indices pour l'œil du lecteur, qui peuvent lui indiquer la direction à prendre. :
=> Le mouvement des personnages.
Par exemple si l'on fait courir un personnage, il faut toujours le faire courir de gauche à droite (en sens occidental), comme ça le regard du lecteur va bien dans le même sens que le mouvement et le passage à la case suivante est plus fluide, plus naturelle. Pour le sens manga c'est de droite à gauche, l'important étant de faire aller le mouvement du personnage dans la même direction que le sens de lecture, pour faire entrer le lecteur lui même dans le mouvement.
On peut déroger volontairement à cette règle si l'on souhaite faire un effet particulier, un retour en arrière, un effet de contre courant, de lutte pour avancer. Là on inverse et on va contre le sens de lecture, ce qui va accentuer l'effet.
=> L'orientation des visages et la direction du regard des personnages.
Pas instinct, le lecteur suivra le mouvement du regard des personnages.
=> L'endroit où sont placées les bulles.
=> La perspective.
Dans un décor, le point de fuite de la perspective attire le regard.
=> L'inclinaison des cases (par wekake)
Si les cases ne sont pas rectangulaires et que leur contours sont obliques ou courbes, leur orientation influera aussi sur le sens de lecture. Tout comme la perspective, les lignes obliques orientent le regard du lecteur. Attention ! Dans une case aux contours obliques ou courbes, il est plus difficile d'accorder le dessin contenu dans la case à la forme de celle-ci.
Exemple : ces deux pages ne se liront pas de la même façon et le contenu des cases ne sera pas le même.
Le meilleur moyen pour apprendre à apprivoiser le sens de lecture pour le faire jouer en faveur de son intrigue, c'est d'observer attentivement dans les BD professionnelles quelle ruses le dessinateur à utilisé pour amener l'œil à tel endroit et lui faire faire tel parcours.
Dans une bonne BD bien menée, on se rendra très vite compte que le dessinateur utilise perpétuellement des ruses de sioux pour amener notre regard là ou il veut, des choses toutes simples, mais qui font la différence. À nous, à présent, de repérer et retenir ces « trucs » pour les réutiliser dans nos travaux.
Voilà, c'était mon premier tuto. En espérant qu'il vous plaise malgré son aspect austère (désolé ^^" ), et qu'il vous soit utile.
Il n'est pas forcément très complet, j'ai survolé quelques notions sans trop m'y attarder. N'hésitez pas, si vous voulez ajouter des choses sur le sujet, des précisions sur les points que je n'ai pas forcément développées, ou même des croquis pour illustrer mes propos. Je les ajouterai à cet article pour qu'il soit le plus complet possible.
Dernière modification par Anne-So (12 Aug, 2014 13:09:56)
Le storyboard de BD, lui, est un travail propre à la BD, qui cache plus d'aspects techniques qu'il n'en a l'air, et le dessinateur amateur devra souvent y aller à l'instinct.
Le dessinateur ou scénariste amateur y vont souvent trop à l'instinct sans ce rendre compte que c'est plus ardu qu'il n'y parait
Merci pour ce mémo, il aborde plusieurs points sur lesquels il est bon de s'attarder.
C'est très intéressant tout ça. Même si j'avoue avoir besoin d'exemple pour les "ruses de sioux" des professionnels (autres tout ce qui a déjà été évoqué ici), ça fait plaisir de voir un tuto sur cette partie de la conception souvent ignorée par beaucoup de monde.
(Perso j'ai découvert ça grâce a des bonus sur Akira et depuis j'ai jamais décroché de cette étape)
Merci pour ce premier tuto ^^
Bon, contrairement à Zorga, j'adore qu'on me donne plein d'exemple (c'est comme ça que je comprend le mieux), alors ça manque un peu d'images à mon goût, mais ça reste très compréhensible ^^
Je rajouterai juste 2 choses :
1 - La lecture ne se fait pas de la même façon sur un écran (=sur Amilova) que dans un livre.
Dans un livre, les pages s'ouvrent côte à côte (Pour faire un bon effet de surprise, il vaut mieux le placer après avoir tourner la page, par exemple) Sur écran, on utilise l'ascenseur haut-bas pour lire la page qui est alors découpée (on ne peut pas la voir en entier)
J'aurais du mal à expliquer en quoi il faut garder ça en tête (je suis pas pédagogue), mais ça a un impact évident sur le sens et le rythme de lecture...
2 - Si les cases ne sont pas des rectangles (en gros, si vous faites des cases trapézoïdales comme dans les mangas), ces contours aussi influent sur le sens de lecture :
On ne va pas lire de la même façon ces deux pages.
(et là, on se rend compte que je suis vraiment pas bonne en explications, et que si e fais des retangles, c'est parce que je sais pas faire autrement XD)
Même si j'avoue avoir besoin d'exemple pour les "ruses de sioux" des professionnels
Il y en a des tonnes que les listés est impossible... Et je suis quasiment certains qu'il est encore possible d'en inventé aujourd'hui.
Par exemple en ce qui concerne les cases :
Les grandes cases >> plutôt pour les plan large vue d'ensemble
Les petites >> plutôt pour les gros plans.
Un enchainement de plusieurs petite cases donne un rythme de lecture rapide, l'histoire va à toute vitesse (ex : http://www.editions-delcourt.fr/3s/inde … age=album), un enchainement de grande case c'est plus long on prend son temps.
Ainsi si tu dessine un combat de boxe (c'est un exemple) : enchainement de petite case pour l'échange de coup de poing et tu placera plus une grande case quand il retourne dans leur coin et puis pourquoi pas quand il reprenne leur souffle avant le prochain Round.
La couleur :
> Dans le manga flash back c'est souvent sur fond noir.
> La BD est plus souvent en couleur, tu peux joué sur des teintes... tu peux par exemple décidé que si tu vient à faire un flash back il sera en noir et blanc ou en sépia ou autre effet qui fait un peu vieillot. En même pas 1 sec le lecteur comprend qu'il est dans le passé.
De plus tu peux joué avec les symbolique de couleurs; ton perso est pas en forme mentalement tu peux décidé de mettre des couleurs plus sombre pour que le lecteur s'imprègne totalement de ça...
je suis loin de faire le tour et j'ai pas abordé déjà ceux cités...
Dans un livre, les pages s'ouvrent côte à côte (Pour faire un bon effet de surprise, il vaut mieux le placer après avoir tourner la page, par exemple) Sur écran, on utilise l'ascenseur haut-bas pour lire la page qui est alors découpée (on ne peut pas la voir en entier)
J'aurais du mal à expliquer en quoi il faut garder ça en tête (je suis pas pédagogue), mais ça a un impact évident sur le sens et le rythme de lecture...
oui et non, si tu as lu reMIND, ce ne sont que des double pages... par contre la VO offre un meilleur rendu qu'amilova.
Ensuite en ce qui concerne la simple page, il n'y a pas tant de différence tu peux pas appliqué les règles des doubles sur une page, c'est trop compliqué, vaut mieux faire comme si on voulait être édité.
Après reste les webtoon, ce format oui ce gère différemment... mais il n'est pas encore maitrisé.
*Apres une rapide recherche sur gogole*
Aaaaahhh!!! Mais ça s'appelle des webtoon !!! Moi qui croyait que c'était juste le style coréen pour les publications web. (vive les sites de scantrad pour te faire découvrir des trucs sans le savoir ^^)
Tes exemples sont très juste et tout aussi important que le reste, mais me parle plus en terme de rythme ou d'ambiance que de fluidité, je suis déjà tombé sur de très bon mangas avec une ambiance prenante mais dans lesquel je ne trouvais pas du tout l'histoire raconté de façon "fluide" (je sais pas comment mieux m'expliquer).
Zorga, c'est vrai qu'un résumé concis ça permet d'entrer en matière et de faire surgir les idées. Après ça serait bien de pouvoir étoffer le sujet avec les astuces de tout le monde.
Larryon, effectivement le côté "fluide" est souvent donné par le soin de l'auteur à amener le regard du lecteur là où il veut. S'il n'y prête pas assez d'attention, le lecteur peut se retrouver perdu dans la page ou se "heurter" aux gouttières (le blanc entre chaque case). C'est aussi une sensation qu'on retrouve malheureusement sur les mangas traduits du japonais, qu'on inverse en "miroir" pour rendre lisible en sens occidental. La transformation ne réussit pas toujours.
Sinon j'avais pas d'autres "ruse de sioux" en tête quand j'ai écrit ça que celles que j'ai mis (le coup du point de fuite de la perspective est beaucoup utilisé par certains pros). S'il m'en vient d'autres je les ajouterai.
ch3w, c'est vrai qu'il y a énormément à dire sur le storyboard. Là je me suis limitée au sens de lecture. Mais si j'arrive à regrouper suffisamment de matière à dire dessus, je referais sans doute un jour un autre sujet sur la manière de rythmer la planche par la taille et le placement des cases, ou bien la gestion des ellipses que représentent les gouttières. Si tu as plus d'astuces, on pourrait en faire une jolie liste, vu que c'est difficile de trouver des renseignements techniques sur les storyboard.
Wekake, désolé pour les images, je peux pas trop faire des croquis pour illustrer, ça prendrait trop de temps, j'espère que ça reste clair quand même. J'essayerais d'étoffer les exemples si je peux. C'est vrai que je n'ai parlé que des mise en page « papier », je ne suis pas encore familière avec le format numérique. Ton exemple sur les cases non-rectangulaires est bien, tu accepterais que je l'ajoute à l'article ?
En tout cas merci tout le monde, j'avais peur de rabâcher des trucs connus ou pas utiles.
ch3w - Justement, reMIND est un bon exemple de ce que je veux dire : Les planches ont été pensées pour l'impression, et ont donc été réalisées ainsi... Résultat, c'est déstabilisant et peu agréable de le lire sur un écran.. Et dans le format amilova ou la largeur est fixe, c'est encore pire...
De même, si j'ai envie de planter une ambiance / présenter une ville / montrer les différents protagonistes d'un tournois à la dragon ball, sur deux pages, on va privilégier 2 pages en vis-à-vis, plutôt qu'une page recto-verso.
Ce sont des contraintes liées à l'impression / l'édition.
D'autres sont liées au format numérique.
Encore une fois, je suis pas la meilleure pour donner une explication claire par écrit -_-
Anne-So - Ce n'était pas du tout une critique, rassure toi ^^
Je sais que rédiger ce genre de tuto est long et fastidieux... Parfois, une image peut remplacer un paragraphe, mais tu es suffisamment claire pour t'en passer ^^
Bien sur, sens-toi libre d'utiliser mon croquis
@Anne-So : je suis juste lecteur, je ne connais pas toutes les astuces... la plus part je les apprends sur le tas de mes lectures ^^
Il y a aussi la règle des 180°, règles utilisé au cinéma (comme ça que je l'ai connu) et qui s'applique aussi en BD, même si certains auteurs affirme qu'on peut s'en passé...
en cherchant à l'expliquer je suis tombé sur ce blog d'auteur BD, donc mieux que moi :
- Partie 1
- Partie 2
- Partie 3
- en pratique
d'ailleurs je t'ai fait un 2e sujet sur ce que j'ai trouver qui pouvait permettre à certains de faire un Storyboard (sans tenir compte d'astuce ou sens de lecture) : http://www.amilova.com/fr/forum/viewtopic.php?id=5505
@Wekake : ok, on parle bien d'amilova dans ce cas, car le rendus peut être différent selon les site et le format double page est selon moi plus adapté pour du webcomics(un écran c'est en format paysage).
Même de la part des lecteurs, toutes les astuces sont bonnes à prendre ^^
ah ! la règle des 180° ! Elle n'est pas très connue en BD (beaucoup plus en cinéma) mais c'est une règle bonne à connaitre et mieux vaut la respecter je pense. ça aide beaucoup le lecteur à s'y retrouver.
Y'a tellement à dire sur les SB !
Dernière modification par Anne-So (24 Jul, 2014 16:00:18)
Je vous remercie pour tous vos conseils. Personnellement, je me sentais un peu perdu concernant l'ordre des cases et leurs formes. Pour l'emplacement des bulles, je le faisais naturellement parce que moi-même, je suis plongé dans mon histoire. XD Et je sens quand l'ordre n'est pas bon.
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